Film School
7.1
Film School

Album de Film School (2006)

Comme 97 % des jeunes groupes blancs américains actuels, Film School se refait un vieux film, en noir et blanc : la new-wave anglaise. Mais là, c'est normal : on n'est pas vraiment ici aux Etats-Unis, mais à San Francisco, enclave européenne où l'on a consommé tellement d'acides dans les années 60 que, même recyclée dix fois, l'eau du robinet doit encore provoquer quelques troubles spatiotemporels.
Sur ce second album des Américains, on entend donc Echo & The Bunnymen, My Bloody Valentine ou Joy Division. Mais déformés par le prisme d'un psychédélisme enragé, sans cette méticulosité, cette religiosité et ce souci de reconstitution historique qui rendent parfois si guindées les chansons d'Interpol ou The Bravery. Car on le sent : Film School ne fait pas de cinéma, connaissant intimement toutes les briques ? même les plus honteuses ? de son sombre mur du son. Accueillies dans une spirale de guitare, dans des rythmiques orageuses, ces influences très nettes des eighties finissent effectivement par se diluer, par échapper à la gravité du banal. Car si, hormis le très lyrique On & On (récent single), le début de l'album ne révèle que de petits reliefs sans grand tranchant, ces hirsutes de San Francisco atteignent, avec Breet ou Deep Lake, les grandes altitudes où, en totale apesanteur, The Cure se débattait autrefois. Invitation, là aussi, aux conforts troubles du spleen, à l'évasion. Bâties en patient mille-feuille, ces chansons épiques doivent leur complexité à un luxe inouï : le studio construit chez le batteur Donnie. C'est là, dans la démesure, sans la moindre contrainte de calendrier ou d'horaires à respecter que les cinq Californiens organisent ce fascinant chassé-croisé entre des influences disparates, du psychédélisme West Coast le plus ample et flamboyant aux arrangements les plus fragiles de l'electronica ? une passion dont le guitariste Nyle Lannon aurait pu faire une jolie carrière, sous les noms de n.ln ou plus tard n.Lannon. Fascinant rock froissé, malade et pourtant flamboyant, à la fois épique et opaque, où les nappes de synthés forment des marées noires, où le chant semble remonter des abysses ? et n'a même pas peur. Car dans le noir, Film School ne joue pas à se ficher la trouille, ne simule pas le gothique-plouc si en vogue, le mélancolique-chic : son chant reste conquérant, jamais vague et atmosphérique, dessinant un optimisme, voire une béatitude, franchement étonnants sous un ciel aussi couvert. Comme si, à cette école, on n'enseignait que des films romantiques, torturés, mais avec happy ending. (Inrocks)


Film School aime à brouiller les pistes. Après un début sonique du plus bel effet, ce quintette se donne de faux airs de Bravery atmosphériques. Les Américains proviennent de Californie et jouent un space rock qui semble faire une méchante fixette sur l'Angleterre brumeuse et torturée du début des années 1980, une faille spatio-temporelle en forme de bad trip régressif, qu'ont déjà visité de plus sombres compatriotes (Glass Candy et leurs compagnons de label Chromatics, pour ne citer que les moins connus). À la fabrique de sorcières, Film School termine premier de sa promotion et ravive avec élégance la flamme d'autres vilains corbeaux vêtus de cache-poussière par de brillantes fulgurances pop. Le chant lumineux de Krayg Burton (tellement new-wave ce prénom !) pourrait redonner la vie à bon nombre de ces formations d'anciens combattants clonesques de The Cure qui courent après leur gloire passée. Mais comme ces nouveaux venus proviennent de San Francisco, il se dégage de leur premier album un cachet (frelaté) d'acide lysergique coupé au spleen le plus increvable, que viennent souligner des boucles psychédéliques. Entre cold-wave et rock héroïque (que ces mots sont vilains), la musique de Film School cherche sa place. Du coup, on passe directement aux derniers morceaux mélancoliques, à la manière du Ride majestueux de la période Going Blank Again. Et ce n'est pas le plus grand (dans tous les sens du terme) admirateur français de la bande d'Andy Bell qui osera me contredire. (Magic)
Film School est un quintette de musiciens installés à San Francisco repéré Outre-Atlantique dans le sillage de TV on the Radio et chez nous en première partie de The National. Leur signature chez Beggars leur a permis de sortir, dans la foulée de leur premier single "On & On", cet album qui, portant leur nom, devrait apparaître comme l’exemple de leur signature musicale. Celle-ci est sans conteste riche d’influences croisées, dans une collision temporelle entre les 70’s (Pink Floyd notamment), le début des 80's (les effets d’une écoute prolongée des groupes anglais du début des eighties, avec une voix parfois proche du Robert Smith des débuts, des effets de synthé à la Echo & The Bunnymen, une basse à la New Order - l’intro de "He's a DeepDeep Lake", par exemple-) et les digressions soniques de My Bloody Valentine. En jouant sur le tricotage des guitares, certains effets de digression dans les compos et un chant versatile, Film School pourrait parfois faire penser à un Pinback psychédélique. Mais le groupe vaut mieux que la somme improbable de ses influences putatives ou avérées, et son identité s’enrichit de morceau en morceau. Entre instrumentaux ambient (le morceau d'ouverture et, plus loin, "Garrison"), constructions noisy à la fois abstraites et répétitives mais personnelles (la montée en puissance de "11 : 11"), accalmies psyché ou refrains subtilement épiques ("On & On", "Harmed"), le groupe brasse toutes sortes d’indices divergents sans jamais sombrer dans la confusion. En fait, ce qui frappe surtout, à les écouter, c’est ce curieux rapport entre l'énergie créatrice et la diversité des propositions musicales, comme si une même source pouvait donner simultanément naissance à plusieurs cours d’eau qui formeraient, en se rejoignant, une seule et même rivière : d'instant en instant, à la fois différent et le même, voilà Film School. On peut éventuellement reprocher au disque l'inaboutissement de certaines propositions, l'absence de morceau évident (a-t-on cependant besoin d’un hymne pour se faire reconnaître ?), ou le caractère erratique de certaines parties psyché mais certainement pas la maîtrise de son vocabulaire ou l'ambition de sa direction musicale. Qualités et défauts réunis, on imagine assez bien que ce groupe puisse bénéficier d’un succès d'estime suffisant - sans buzz excessif - pour mûrir tranquillement la musique de demain. C'est tout le mal qu’on lui souhaite.(Popnews)
Le revival eighties a créé un petit séisme dont les répliques n'ont pas fini de se répandre. Celle dont il est question ici déboule de San Francisco avec son arsenal de mélodies alambiquées et flamboyantes.

Film School s'est formé au début de la décennie autour du prolifique Nyles Lannon, guitariste solo qui avait déjà quelques travaux à son actif avant de rencontrer ses quatre compères. En 2003, le groupe sort son premier 4 titres (« Always Never »). Repéré par le NME et en première partie de TV on The Radio, c'est Beggars qui leur offre le ticket de la chance : un album et plusieurs dates avec The National (c'est d'ailleurs à cette occasion qu'on a pu les voir sur scène en France).Ce premier album éponyme baigne dans des ambiances vaporeuses, si opaques que Robert Smith n'y retrouverait pas Michael Dempsey. Mélangeant sons torturés, rythmiques saccadées, chassés-croisés de guitares voluptueuses et chant lancinant, les morceaux évoluent dans un brouillard sirupeux (Intro) dérivant en envolées planantes (On and on; He's a deep deep lake). Amateurs du Do It Yourself, les jeunes californiens ont relevé les manches pour la production honorable de l'album (certains titres ont été enregistrés chez Nyles) et la pochette, peu créative et réduite au strict minimum. Si Film School a su puiser quelques idées potables dans les plans new wave et les brasser avec des inspirations pop plus modernes, certains morceaux sombrent tout de même dans le réchauffé (Pitfalls; 11:11). On apprécie surtout le côté aérien des compositions qui rend ce premier travail accrocheur et efficace. (indiepoprock)


Peut-on rêver de mieux ? Une signature sur Beggars Banquet — un des meilleurs labels indé ; un soutien absolu d’un groupe de la trempe de The National ; une ville aussi inspiratrice que San Francisco. Il semble bien difficile de ne pas croire au succès à venir de Film School. Après avoir sorti un premier album incognito, le groupe de la Bay Area peut se lancer dans de grands projets. Ils ont cette chance d’utiliser un créneau loin d’être surchargé avec une musique inspirée de My Bloody Valentine en plus percutant et tout aussi atmosphérique. Film School est le genre de groupe de rock que l’on aime écouter ; il y a de l’intensité, de la créativité et de la hauteur. Embaumé dans des couleurs tamisées et sombres, le quatuor se laisse pénétrer par des mélodies envoûtantes qui remplissent la pièce, lui donnent une ambiance particulière. Une voix sans limite, une guitare atmosphérique, notamment sur l’entêtant “11:11”, un synthé aux accents floydiens. D’entrée de jeu, cette intro d’une minute précédant “On & On” nous préfigure la vision subtile et envolée de l’album, confirmée par le premier simple sorti l’an passé, qui progressivement grimpe les marches vers les cîmes. Film School est doucement puissant, comme le montre si parfaitement “Harmed” savant mélange de guitares frénétiques et de basse simple mais efficace. Capable de distiller du mystère susurreusement attirant sur “Sick Of The Shame”. L’album se termine dans un mélancolique “Like You Know”. Libre dans sa musique, libre dans sa peau, libre dans sa production, libre dans son artwork, Film School s’épanouit avec grandeur et talent. Le groupe joue juste ; sans se lancer dans des ébats qu’il ne contrôlerait pas, il trouve sa voix/e. Elle est magnifique.(liability) 
bisca
7
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le 27 mars 2022

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