Mangez donc des carottes !

Sorti en 1971, cet album est un véritable ovni, un monument d'étrangeté, les sonorités explorées sont bizarres et inquiétantes, les expérimentations faites sont surprenantes et innovatrices pour cet époque : intégrant des passages électroniques, les premiers samples (le clin d'oeil à All you need is love au début de Why don't you eat carrots, et celui aux Stones, le dialogue en allemand entre un homme et une femme au milieu de ce même Why don't you eat carrots, la pluie dans Meadow Meal...).
Le groupe s'amuse à faire de nombreuses expérimentations dans la mise en son, en ce qui concerne l'ambiance musicale, la tonalité du morceau, le panoramique...
L'album est composé uniquement de trois morceaux, mais dur tout de même 34 minutes !

Il débute par l'hypnotisant Why don't you eat carrots, introduit par des sonorités agressantes et saturées, un piano étant un peu atonale sans trop l'être, puis d'un orchestre bizarre et inquiétant qui caractérisera le morceau entier, avec ses cuivres qui ne cesse de répéter la même étrange mélodie, et sur laquelle un funeste solo de trompette interviendra.
Cette mélodie finira par se transformer en riff sur lequel se superpose guitare électrique et trompette.

Why don't you eat carrots et suivi par le tout aussi inquiétant Meadow meal, qui est introduit par des sons grinçants et une instrumentale totalement atonale.
Suit alors un jolie guitare en arpèges, accompagnée de la voix énergique de Péron jusqu'à ce qu'intervienne le solo de guitare du morceau.
Le morceau fini sur les quelques notes d'un orgue précédé par des jeux sur le panoramique de l'ambiance de vent, pluie et foudre en fond.

Cet alors que débute le monumental Miss Fortune, un morceau qu'on peut séparé en quatre parties, chacune très originale dans leur mise en son,.
La première partie est caractérisée par un instrument tellement saturé et bourré d'effets qu'il est difficile de savoir de quoi il s'agit, accompagné par une guitare électrique légèrement saturée et de claviers, qui complètent parfaitement cette partie. D'ailleurs, ces derniers occupent l'espace sonore à un tel point qu'il en devient difficile d'entendre la batterie !
Au fur et à mesure que la première partie se termine la guitare devient totalement hors de contrôle.
Un interlude expérimental composé de sonorités électroniques sépare la première partie de la deuxième.
Des accords au piano et le chant déconcertant de Péron dans une langue difficile à reconnaître, marquent le début de la seconde partie, auxquels s'ajoutent une batterie énergique et des sonorités saturées et surprenantes.
Le chant de Péron laisse ainsi place à ses sonorités qui évolueront jusqu'à ressembler grandement à celle inconnue et ultra saturée de la première partie, créant une instrumentale magistrale composée de plusieurs expérimentations sonores faites depuis le début du morceau.
Débute alors la troisième partie, caractérisée par un étrange effet appliqué sur la voix de Péron, et de différentes sonorités toujours aussi bizarres et mystérieuses.
Enfin, des arpèges de guitare acoustique sur lesquels Péron parle calmement, un mot sur deux étant consécutivement placé à droite puis à gauche dans le panoramique servent de quatrième et dernière partie, sur laquelle l'album se termine.

Faust est un album maîtrisé de bout en bout, qui exercera une influence considérable sur le krautrock. Les expérimentations y sont nombreuses et variées rendant l'oeuvre originale et surprenante, mais également inquiétant et étrange.
Faust est un album à écouter obligatoirement au moins une fois dans sa vie, tant son impact dans le krautrock est évident.