Ou comment faire du neuf avec du vieux

C’est après plus de trois ans d’absence que Pain of Salvation nous revient avec un nouvel album studio. Mais la joie qui a accompagné cette annonce fut rapidement teintée d’une pointe d’amertume puisque Falling Home n’est finalement qu’un album de réinterprétations acoustiques de titres piochés dans le vaste répertoire du groupe.

Pourtant, on fera preuve d’une certaine indulgence, car il faut bien le dire, PoS revient de loin. En effet, après le dyptique Road Salt, le groupe se sépare de deux membres emblématiques : le charismatique guitariste Johan Hallgren, bientôt suivi par le discret mais talentueux claviériste Fredrik Hermansson. Plus tard, c’est Daniel Gildenlöw, chanteur et leader du groupe suédois, qui sera hospitalisé plus de trois mois suite à une sérieuse infection bactérienne. Vous le comprenez donc, c’est d’une véritable traversée du désert que sort PoS, et Falling Home sera finalement une bonne occasion de nous présenter cette nouvelle formation.

Eh oui, PoS fait du neuf avec du vieux, mais avec quel brio ! Le travail de réinterprétation est vraiment réussi, si ce n’est bluffant pour certains morceaux. Cette nouvelle version de Linoleum m’a scotché, tout en rage contenue, la guitare criarde ayant fait place à cette ligne de basse groovy. Stress est plus déjanté que jamais, agrémenté d’un solo bien rock’n’roll qui ouvre l’album sur une excellente surprise. Falling Home n’est pas un simple album de reprises sans saveurs, c’est une véritable réécriture des divers morceaux du groupe, variant toujours autant ses influences, tantôt jazz, folk, rock, en passant par des ambiances westerns ou encore hispaniques.

On passera rapidement sur le trio To the Shoreline, 1979 et Chain Sling, pistes très sympa mais assez anecdotiques tant elles ressemblent aux originales. En revanche, on appréciera les deux reprises de Dio et Lou Reed, respectivement Holy Diver et Perfect Day, superbes, sublimes, tout en émotion (même si on aurait peut être préféré voir apparaitre Iter Impius ou encore The Perfect Element interprétées en live mais absentes de l’album). Enfin, Falling Home se clôt sur le titre éponyme, morceau folk inédit qui, sans révolutionner le genre, s’avère très agréable et sans prétention.

L’occasion de nous montrer ce que vaut le nouveau PoS. Et autant dire que l’alchimie fonctionne à merveille. Les musiciens s’éclatent, mais c’est avant tout la prestation de Ragnar Zolberg dont on se souviendra, jeune guitariste dont les épaules semblent suffisamment solides pour succéder à Hallgren. Cette nouvelle harmonie vocale que nous propose le duo Zoldberg – Gildenlöw est terriblement envoutante, au point que ce dernier ira jusqu’à céder de temps en temps le chant principal !

Finalement, si Falling Home devrait pouvoir plaire à tout le monde, c’est avant tout aux fans qu’il s’adresse. Car passé la surprenante redécouverte de ces morceaux qui rend l’expérience si savoureuse, Falling Home est l’album qui rassure. L’album qui nous présente un line-up prometteur, nous prouvant par là même que Pain of Salvation est toujours bien vivant. Et maintenant que la transition est opérée, c’est avec une impatience renouvelée qu’on se tourne vers l’avenir, avec l’espoir de voir naître un projet aussi ambitieux que ses prédécesseurs.