Jusqu’alors, j’ignorais tout de Girls in Hawaii. C’est un soir comme les autres, en écoutant Le Mouv’, que leur nom m’est apparu grâce à une émission qui leur était consacrée (Hashtag sur LeMouv’ précisément). Derrière leur dénomination très pop, je pensais y découvrir un monde similaire à celui de Bos Angeles ou Best Coast, ces jeunes chanteuses qui savent enivrer sur leurs airs estivaux américains. Mais en réalité la formation est purement masculine et leur style bien changeant sur ce dernier album.
En flânant sur l’internet 2.0, j’ai compris que le groupe, actif depuis 2002, avait perdu un membre en 2010, leur batteur Denis Wielemans, frère du chanteur. Par conséquent, l’album présente un aspect bien plus sombre, qui me charme, par cette volonté, clairement visible, de rendre hommage à leur ami et frère. Le titre ‘Not Dead’ introduit parfaitement cette idée. Après avoir écouté leurs précédents albums grâce à l’ami Spotify, j’ai constaté le changement de cap notable de Plan Your Escape (2008) à Everest (2013), empreint d’une référence vers ce que peut être la perte d’une chose ou de quelqu’un. The Spring annonce la couleur avant que le titre suivant ne clarifie le propos : Misses, qui évoque une perte prématurée, imprévisible :
Empty days without you
There is always a fall
But it happened too soon
Un titre assez marquant sur cet opus, par sa composition honnête qui n’abuserait pas de métaphores tel un Modern Vampires of the City de Vampire Weekend, on remarque un traitement instrumental discret mais précis sur de nombreux morceaux, la volonté de traduire une émotion, un ressentiment plus qu’une vraie prouesse technique.
Le thème de la psychologie et la recherche d’une identité après un traumatisme revient avec un titre au nom évocateur pour tout fan de Watchmen : Rorschach. Qui fait très probablement référence au héros de l’oeuvre de Alan Moore ainsi qu’au test psychologique dont le nom est tiré.
Tout au long de l’album on retrouve ces références, faisant d’Everest une production musicale remarquable. Avec une écoute attentive, il semble que toutes les tracks parviennent à émouvoir à leur façon. La batterie s’efface par moments pour revenir plus tard accompagnés de chœurs comme dans Changes ou We Are The Living. Le synthé amène son lot de sensations auditives inédites dans un tel contexte comme sur Switzerland, l’interprétation est plus directe, plus franche et s’éloigne, pour un court moment, de l’écoute mélancolique de l’ensemble.
Here I Belong sonne comme les derniers mots qu’on adresserait à l’aune d’une séparation alors que Mallory’s Height nous conte les anciennes histoires d’alpinistes disparus : “Dans les années 1920, on a aperçu pour la dernière fois deux alpinistes à 300 mètres du sommet de l’Everest. On ne saura jamais s’ils sont arrivés en haut ou pas… Plus généralement, le nom Everest est revenu comme un mot-clé, pour l’imagerie qu’il véhicule. C’est l’ascension, la lumière, les neiges éternelles, quelque chose de lumineux et dangereux à la fois.”
Après qu’Head On ne paraisse comme une célébration de toute cette mélancolie capable de nous rendre si vivant, Wars concluera l’album par le mélange de tout ce qu’on aura pu y retrouver, signant la fin de notre ascension auditive.
« Dear, fear the sun »
En résumé, leur côté pop est troqué pour une indie bien plus funeste et ténébreuse mais tellement charmante et agréable.
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