E
7.4
E

Album de Enslaved (2017)

Black & Prog = A (Nor)way to Hell !

Enslaved, c'est 17 albums au moment où j'écris cette page. C'est un groupe qui ne se présente plus dans la sphère Metal, et son influence s'étend bien plus loin que dans le black metal. C'est une référence brouillardeuse d'un genre qui dit que la musique doit aller droit au but, d'un nihilisme revendiqué, au traits sombres et aux racines tant punk que heavy.


Or, "E", le si simplement nommé, est une pierre de l'édifice norvégien qui vient donner une nouvelle forme à cette cathédrale musicale nommée Enslaved. Même si je n'ai pas écouté toute la discographie du groupe, renouant même aujourd'hui mon lien avec celui-ci depuis les années 2000, je peux dès la première écoute sentir que du nouveau est là, mais de façon bien composée, bien intégrée, de manière à ne pas rompre avec la personnalité du groupe, tout en la faisant évoluer.


Black metal dites-vous ? Oui, mais avec des truchements progressifs maitrisés. Des nappes, des mesures bancales, des chants clairs avec des choeurs, des CUIVRES !!... Surprise, c'est Enslaved ! Alors, peut-être avaient-ils commencé leur ouverture avant cet album, mais comme je l'ai dit plus haut, je suis naïf de ce point de vue-là.


Mais sortons des étiquettes, parlons musique. Les compositions sont riches et durent rarement moins de 6 minutes. Les débits ternaires et binaires s'enchaînent avec fluidité, et nous apportent de la dynamique dans le rythme. Ceci est corroboré par l'alternance des passages purs black metal et les espaces progressifs. Des ruptures très bien senties, matière fondamentale du registre metal, nous apportent des surprises, mais aussi des mouvements intenses qui permettent à la musique de déployer un sens plus complexe que du black metal pur jus. En cela, les mesures bancales typiquement prog nous envoutent pour mieux nous amener à l'explosivité dont le groupe est capable. Des riffs bien lancés surgissent parfois alors que nous n'attendions pas cela, et c'est là une grande qualité de cet album.


Les guitares sont très équilibrées, moins agressives qu'auparavant, mais bien metal toutefois. La basse vient dans l'accompagnement, liant bien la batterie au reste, tout en enveloppant les mélodies de profondeur. Le chant est très bien alterné entre growl et chant clair. Les claviers et les arrangements sont eux aussi bien distillés. Lorsque les voix sombres se mélangent avec des espaces progressifs, cela donne le tournis en plus de nous plonger dans cet univers qu'Enslaved parvient à développer de manière singulière.


La production est (trop ?) propre, s'inscrivant ainsi dans la lignée progressive des années 70, avec la qualité du son d'aujourd'hui. Le travail du studio est fin, amenant à notre oreille toute forme de nuance voulue par la groupe. La collaboration production/composition est belle, digne de la confiance que partagent le groupe et le producteur Iver Sandøy, dont ce n'est pas la première apparition.


Certainement que les puristes true black metal n'aimeront pas cet album. Enslaved ne s'est justement pas cantonné à la création artistique black metal, et ils ont eu raison. Et là réside la créativité. Est-on créatif lorsqu'on reste dans ce qu'on sait faire ? Expérimenter toujours, aller visiter d'autres contrées, sans perdre le fil cohérent de son essence, voilà la difficulté de l'artiste, du groupe et de l'âme humaine. Et cet album est une bonne représentation de cette dynamique.


Réussi, il l'est. Abouti, il l'est.

Budokick
9
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Créée

le 27 juil. 2022

Critique lue 15 fois

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Budokick

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