Donda
6.8
Donda

Album de Kanye West (2021)

Donda


Beaucoup trouve la rédemption, un but, un sens à la vie ou même les trois grâce à la religion. Cependant il semble presque inconcevable d’y mêler le style musicale qui incarne le plus la train de vie de toutes les tentations et pêchés: le Rap. Et pourtant Kanye West semble avoir trouvé la recette et la direction à donner pour assouvir sa soif de créativité et retranscrire sa foie par le biais de la musique.
L’un des artistes les plus novateurs et accompli des dernières décennies s’est remis à l’ouvrage. Kanye est incontestablement le rappeur producteur chanteur et écrivain le plus influant de ces dernières années. Il est impossible d’avoir loupé Graduation ou encore Late Registration. Cependant si c’est le cas quittez cette review et allez dès lors écouter les projets énoncé précédemment afin de vous remettre à l’ordre du jour avec une petite latence notable.
Kanye est un artiste tourmenté. Cela se retranscrit même par l’évolution de ses différents projets. En commençant par l’innovant The Life of Pablo avec sûrement le meilleur son alliant rap et gospel Ultralight Beam. Cette track est pertinente par la manière dont il aborde la religion. Notamment via un sample d’une enfant galvanisée par les paroles de Jesus. On y retrouve aussi une ambiance étouffée et des basses qui mènent la danse accompagnées de la voix de West la plus brute et soyeuse possible. Voix qui dissone totalement avec The-Dream et Kelly Price qui apporte une amplitude au son rapidement rattrapé par l’un des meilleurs couplet de Chance The Rapper. On y retrouve notamment une phase qui fait référence la série télévisée «Martin». On retrouve aussi des formes d’interprétations propres à Kanye dans le couplet de Chance avec une adaptation du niveau de la voix de CTR lors de la phase « This is my part nobody else speak » où il chuchote. Interprétation qui fait écho à la phase dans 4th Dimension de l’excellent projet Kids See Ghosts où Kanye annonce « If I get locked up I won’t finish the sent... » Interprétation directe des paroles elles-mêmes car il ne finit littéralement pas la phrase, interprétation, intéressante et pertinente qui fait concorder lyrics et chant. TLOP est rapidement suivi de Ye. Un projet qui réalisera une réelle introspection et traitera rapidement des sujets en rapport avec les maladies psychologiques que doit surmonter Ye comme la bipolarité. Le sujet est même abordé dès la cover du projet avec une écriture enfantine et des mots raccords avec le sujet trop souvent tabou « I hate being bipolar It’s awesome» que représente les maladies psychologiques. Tout cela pour enfin arriver à l’un des projets le moins apprécié de l’artiste Jesus is King qui va en réalité donner la marche à suivre de la direction artistique des futurs projets de Ye. En effet malgré le non-aboutissement artistique et critique du projet notamment dû a une perte de rythme frénétique et un manque de maitrise quant à la manière d’aborder pertinemment et musicalement les sujets que sont le rap et la religion de manière simultané lors d’une album entier. Cependant il serait faux d’affirmer qu’il n’est pas parsemé d’excellent sons comme Follow God qui comporte un sample saccadé et un flow du même ton. Mais Donda est l’aboutissement ou du moins le départ de la nouvelle voie que prend l’artiste.
En effet après s’être essayé au jazz rap à l’emo rap ou encore au génie de my beautiful dark twisted fantasy, Kanye semble s’être trouvé à travers l’album honorant sa mère défunte. Album qui débute en réalisant un hymne au nom de celle-ci Donda Chant qui en réalité n’est qu’un prélude mal élaboré pour ensuite être suivi de Jail qui signe l’incroyable réunification de Kanye et Jay-Z. Un son drivé par une guitare électrique et des basses assourdissantes. On y retrouve aussi l’un des meilleurs couplet de Jay avec des phases monumentales comme « Pray five times a day so many fell a knees  (so many fellonies)» que je vous laisserai analyser. Un potentiel album commun est aussi teasé via la phase « It might be the return of the throne » faisant écho à leur excellent projet commun paru en 2011 avec l’iconique Ni..as In paris. Il est aussi important de noter une production raisonnante comme dans une gigantesque prison vide faisant écho (de rien pour le jeu de mot) au titre de la track. On retrouve rapidement un aparté digne de Yeezus avec des coupures saturées.Ye nous a aussi fait part de ce qui se rapproche le plus du mouvement dominant actuel :la drill. Il réalise un featuring avec Playboicarti et réuni tous les codes possibles de la drill :Une ambiance brutale et un Carti en contre genre total avec sa voix aiguë signature qui en réalité vient apporter la légèreté nécessaire et innovante pour s’identifier et pour prendre à contrepied le genre qui s’essouffle peu à peu. En somme y apporter une touche nouvelle et lui crée une identité dans un genre aussi saturé que la drill . Identité qui pour moi est vitale afin de permettre l’évolution d’une track que ça soit en popularité ou du côté artistique. Il est important de rappeler que Kanye est l’un des premiers rappeurs à mettre en avant ses insécurités et ses faiblesses. Choses qui étaient impensables avec l’arrivée du gangsta rap dans les années 80/90. Le son qui représente au mieux cette manière novatrice d’aborder ces insécurités est All falls down avec des paroles frappantes comme « that major that she major in dont make no money but she won’t drop out or her parents will look at her funny ». Ainsi l’identité signature de l’artiste n’est pas perdu dans un genre aussi commercial que la drill. Il y parsème même des pointes de rock. A vrai dire il est important de remarquer la grande place que prend de plus en plus le rock dans la culture hip hop. Il est notable que les deux genres ne font presque plus qu’un grâce à des track grandioses comme Devil In a New Dress qui comprend très sûrement l’un des meilleurs couplet de Rap US de tous les temps délivré par Rick Ross précédé d’un solo de guitare de Mike Dean qui transcende toute délimitations jamais crée entre les deux genres. Mais même si à l’instar de son rival actuel Drake, Kanye n’hésite pas à prendre des risques conséquents lors de la composition de ses albums les hits reste présents. En ajoutant TheWeeknd et Lil Baby à la recette on se retrouve avec l’hypnotique Hurricane qui est très sûrement le plus gros hit de l’album commercialement suivi du deuxième qui n’est autre que Praise God. Encore une fois il est important de noté l’impact des réseaux sociaux quant à la diffusion de certains sons avec notamment l’explosion de Tik Tok. Il est vrai que même s’il semble compliqué voir impossible de passer à côté des dernières sorties de West celles-ci atteignent un nouveau niveau de popularité grâce aux différents utilisateurs de TikTok s’appropriant les différents sons. Cependant cette amplification de popularité via les réseaux sociaux fait parfois dévier certains artistes de leur vision et décide de s’adapter aux différents codes de ces nouvelles plateformes. Méthode de travail fréquemment décrié par les fans de longue date de Drake notamment qui depuis Views perdit grandement de son authenticité d’antan expliquant par exemple sa défaite cuisante lors de la mise en opposition musicale et commerciale de Certified Lover Boy et Donda. Et justement ce qui permet à Ye de rester sur le podium des plus grands artistes contemporains c’est sa prise de risque et son mépris total des codes instaurés par l’industrie dans son ensemble. Même si on retrouve par moment la recette classique du sample Lauryn Hill avec le groovy  Believe What I Say. West ne perd jamais de sa saveur et son originalité acclamée sur son projets novateur et fondateur du style Emo Punk Rap avec 808 and Heartbreaks par exemple. Ou aujourd’hui avec Donda qui semble aussi prendre cette direction en arborant des sonorités très religieuses en mêlant à la chorale l’artiste Playboi Carti qui semble être le diamétralement opposé des chants religieux des messes du dimanche. A vrai dire c’est même une excellente fusion que forme les choeurs et Carti sur Junya avec une boucle d’orgue vrombissante et des 808 assourdissantes interprété par flow saccadé. L’auteur compositeur a aussi tellement poussé le concept d’album religieux en honneur de sa mère qu’aucune insulte ne figure sur le projet faisant malheureusement perdre l’authenticité des certaines phases et textes dans leur globalité. Mais même si Kanye semble petit à petit se trouver dans le concept sinueux et anarchique qu’il emprunte le projet reste un bordel monstre. Il est très difficile de se retrouver et le projet ressemble plus à une mixtape ou du moins un conglomérat des meilleurs sons issus de ses différentes dernières années travail. Il est difficile de trouver corrélation ou du moins concordance vers une idée commune mis à part la religion. Thème qui ne me dérange en aucun point mais qui me semble peu adéquat afin de raconter une histoire comme sur ses projets antécédents où il le faisait si bien. En conclusion on observe un projet parsemé de son extrêmement pertinent et jouissif musicalement comme ceux énoncés précédemment ou comme 24. Track qui repose presque uniquement sur des choeurs saturés et amplifiés accompagné d’un piano doux et mélodieux. Cependant même si l’album et son auteur compositeur semble prendre la bonne direction artistique et s’affirme dans le genre novateur, celui-ci manque encore énormément de cohérence globale et c’est très certainement aussi dû au nombre bien trop important de featurings ou de tracks dans sa globalité avec un projet parsemé de sons anecdotiques comme Ok OK qui ressemble énormément par ses basses à Lil Pump ou encore Remote Control où Travis Scott n’y est que peu pertinent. Cependant il y a plus de bon que de mauvais dans ce nouvel LP de Ye et la foie semble galvaniser sa passion pour la musique et cela pour le meilleur. En espérant que Ye ne se perde plus et s’affirme dans ce qui semble être sa nouvelle voie. Sa rédemption ?

Rayane_
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le 14 nov. 2021

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