Divine Symmetry
8.2
Divine Symmetry

Compilation de David Bowie (2022)

A divine symmetry par David Bowie



Ah la la, vous la connaissez la complainte du fan de Bowie? Et oui, ça n'a pas toujours été facile d'être fan de Bowie! Trop commercial Let's Dance (1983), trop barré la face B de «Heroes» 1977, trop opportuniste Transformer de Lou Reed (1972), trop ceci, trop cela, à peu près jamais où le public l'attendait jusqu'à sa mort impardonnable en 2016.Je suis fan de Bowie depuis le lycée. Je fais partie de ces gens qui se sont un jour retrouvés avec 4 versions de Reality à la maison quand bien même il s'agit d'un de ses albums les moins aboutis. Ce préambule pour expliquer ce qui va suivre... C'est donc peu dire que j'attendais avec impatience la sortie d'inédits de Bowie après son regretté décès. Naïvement je croyais qu'après son décès, on aurait droit à l'ouverture des vannes, le déballage des cartons restés fermés trop longtemps à l'instar des Bootlegs Series de Dylan (1991), l'Anthology (1995) des Beatles ou encore des Archives de Neil Young (2009). Que nenni.


La politique de ressortie du back catalogue de Bowie a été de mon point de vue un désastre artistique presque absolu jusqu'à Spying Through a Keyhole en 2019. Entendons nous bien, tout n'est pas à jeter, l'idée de ressortir un certain nombre de concerts de 74, 78 ou de 95 n'est pas une mauvaise idée en soi mais on se demande qui a laissé passer le mix de Trendy rechauffé pour ne citer que celui là. Avions nous vraiment besoin de ce disque hyper traffiqué qu'est Liveandwell.com ? Etc etc. Ce que j'attendais le même type de joie enfantine qui fut la mienne à la découverte des inédits des rééditions Ryko (1990-1991), la démo de Quicksand, celle de Lady Stardust... et apparemment je devais être le seul, tellement les ressorties Bowie ont été très bien accueillies par le public ou la presse.




Et aujourd'hui, le coffret A divine Symmetry qui comble les attentes de tout fan de Bowie. Pourquoi ? C'est la démarche qui est intéressante ici. Elle est pédagogique et relativement exhaustive (même si on regrettera l'absence de quelques images, bref). Il y a donc de la démo bien primitive, de l'inédit, des sessions radios intéressantes et des versions alternatives. Ce genre de coffret est suffisamment généreux pour nous occuper des mois durant. Je l'ai depuis sa sortie et je crois ne pas en avoir fait le tour.


J'apprécie particulièrement les concerts présents, celui avec Mick Ronson par exemple mais à mon avis le plus intéressant de ce coffret réside dans le cd 1, les démos. On se rapproche assez prêt du noyau créatif de David Bowie. Son obsession patente pour le Velvet Underground, son goût pour les ballades déviantes mais surtout cette façon si particulière de réutiliser un matériel ancien pour de futures chansons comme l'illustre ici “King of the City”. Cet aspect de la création dans la discographie de Bowie m'a toujours semblé pertinent, comme un des rares fils rouges dans une carrière des plus atypiques. Bowie agit ainsi comme le peintre qui pioche dans sa palette de vieilles chansons pour redonner des couleurs à une esquisse à peine ébauchée ( ce qui est également le cas de Tired of my life qui refera son apparation en 1980 sur l'album Scary Monsters)



Mais, car il y a un mais, aucun coffret ne nous fera véritablement comprendre comment Bowie est passé du très bon The man who sold the world (1970) à Hunky Dory (1971), son premier vrai chef d'oeuvre. Je serais tenté de dire que c'est un long processus, ô combien douloureux et approximatif initié depuis 1966. J'encourage tous ceux qui seraient tenté de considérer Bowie comme un génie de se plonger dans les enregistrements DERAM et par la même de se rendre compte que de génie, il n'y a pas. Mais, plutôt un travail de fond, beaucoup de tatonnements, une fause réussité avec Space Oddity (1969), pas la bonne formule, un très bon album de Heavy rock tinté de science fiction avec The man who sold the world (1970), pas assez concerné?, et finalement Hunky Dory, l'accomplissement de ce long parcours ingrat.


Ils sont rares ces moments précis où on sent très clairement qu'un artiste devient autre chose que ce qu'il a été jusqu'à présent. Ce genre de regard, facilité par la perspective historique, prend tout son sens avec l'album Hunky dory qui représente, à mon sens, un genre de compilation à l'envers, de best of de ce qui reste à venir et de résumé de tout ce que Bowie a fait jusqu'à présent (1971). C'est une véritable explosion de savoir faire, d'intérêts variés et de réussites contrastées. Un manifeste, une somme. Le feu d'artifice inaugural qui s'imposait pour la carrière de David Bowie tel que nous le connaissons débute enfin.


Daniel_Romero
9
Écrit par

Créée

le 25 avr. 2023

Critique lue 28 fois

Daniel Romero

Écrit par

Critique lue 28 fois

D'autres avis sur Divine Symmetry

Divine Symmetry
GuillaumeL666
8

Dans le studio avec David

J'aime beaucoup le concept de ne pas sortir une réédition mais de quand même lâcher énormément d'inédits et maquettes dans un même coffret. Au moins ça ne fait pas racheter inutilement l'album...

le 4 déc. 2022

Du même critique

12
Daniel_Romero
8

Critique de 12 par Daniel Romero

A l'instar de David Sylvian avec qui on le compare souvent, le parcours de Sakamoto est absolument passionnant. Des excès synthétiques de Yellow Magic Orchestra (1978) à 12 aujourd'hui, le parcours a...

le 8 févr. 2023

5 j'aime

The Juliet Letters
Daniel_Romero
9

Critique de The Juliet Letters par Daniel Romero

Parmi les disques qui me tiennent particulièrement à cœur se trouve la collaboration entre Elvis Costello et le Brodsky Quartet qui date de 1993-1994, à savoir le disque The Juliet Letters...

le 24 mars 2013

3 j'aime

1

Hips and Makers
Daniel_Romero
9

Critique de Hips and Makers par Daniel Romero

Il faut parfois ce genre de sécheresse pour arriver à s’exprimer correctement. C’est ce qu’a admirablement fait Kristin Hersh sur son premier album solo, le célèbre Hips & Makers (1994). De son...

le 11 mars 2013

2 j'aime