"L'amour n'est pas un symptôme du temps, le temps est un symptôme de l'amour"

Joanna Newsom, à mon sens, souffre de l'image qu'une certaine partie de la critique, et même de ses fans, lui donne : la fée, la femme-elfe, l'enfant de la forêt, tout ce genre de trucs, qui obscurcissent le vrai accomplissement d'une artiste vétéran, qui prend toujours le soin de perfectionner chaque livraison avant de la présenter au public.

Donc oui, elle est envoûtante, mystérieuse, etc etc etc...mais bien plus important que tout ça, elle progresse continuellement dans son songwriting, et elle sait s'entourer des meilleurs pour apporter un infini de variations infimes à la formule musicale d'après laquelle on la connaît.
On a donc toujours nos harpes, nos pianos, merveilleusement taillés ("Sapokonikan" au piano, que c'est beau et bon...), mais voyons plutôt ce qui change.

Un peu d'électricité par-ci par là (les guitares dans "Leaving The City"), quelques bruits de machines et synthés, du field recording (les oiseaux dans "Time As A Symptom"), tout ça est bienvenu, généralement bien intégré pour créer du drame, de la dynamique, de la rupture parfois avec les grands développements d'orchestre qui ponctuent ce disque.

Mais je suis bien plus conquis par les chansons et la performance vocale. Sa voix s'est incroyablement développée depuis "Ys" ou "Have One On Me", son dernier en date. Elle découpe les mots et les syllabes de manière très appliquée pour les faire mieux resplendir, et elle écrit des nouvelles pages de la belle poésie de la musique populaire, particulièrement sur mon énorme coup de coeur, "Time As A Symptom".
Et dans la conception musicale générale, on note toujours une attention à naviguer entre la musique savante et la musique populaire, entre un banjo et un violoncelle, entre une progression chromatique au piano et un air de vaudeville...on exclue personne, et ça m'plaît !