Dare
6.8
Dare

Album de The Human League (1981)


  1. Les échecs consécutifs qu'essuie le groupe dans les charts mêlés à la pression donnée par leur maison de disque entraînent des tensions. Ware et Oakley ne se supportent plus . Le premier, puriste jusqu'au bout, souhaite continuer à explorer les possibilités de l'électro alors que le second aimerait se tourner vers quelque chose de plus pop et commercial. Le divorce est consommé. Ian Craig Marsh et Martyn Ware, pourtant à l'origine d’Human League, partiront fonder Heaven 17 (on en reparlera sans doute ici) alors que Phil Oakley se retrouve seul avec le responsable des visuels Adrian Wright ainsi qu'une tournée à mener à bien. Il reprend le nom à son compte avec comme seule obligation de donner 1% des ventes du prochain album à ses anciens compères. Ils ont dû bien se marrer à l'époque mais ont du aussi bien se mordre les doigts par la suite…


    Oakley sent bien que ce n'est pas seul qu'il mènera à bien son entreprise. Les concerts qui arrivent sont déjà mal vus par le public puisque les têtes pensantes du groupe sont partis. Il engage à l'arrache Joanne Catherall et Susan Ann Sulley, rencontrées en boîte, en tant que chœurs et danseuses ainsi que Ian Burden au clavier un peu plus tard. Ils tentent une première percée dans les charts anglais avec l'oubliable « Boys and Girls », les deux ‘Girls’ ne servant qu'à l'image de marque, histoire de se débarrasser de la prétention qu'inspirait le nom d’Human League à l'époque… Résultat : 47ème… ce n'est toujours pas ça ! Pour combler ses ambitions pop, Virgin propose à Oakley d'aller enregistrer avec un professionnel de la musique électronique et des technologies émergentes, le producteur Martin Rushent et son label 'New Wave’ Genetic Sound Studios. Il en sort une musique bien plus propre et programmée, le premier single « The Sound of the Crowd » monte jusqu'à la 12ème place des charts anglais, le suivant « Love Action (I believe in Love) » arrive troisième en Août 1981.


    Les puristes sont assez partagés sur ce Dare ! sorti fin 1981. Certains reprocheront évidemment à Oakley d'avoir choisi la voie du “commercial” et d'autres comme moi leur répondront : « Commercial, pourquoi pas quand on arrive à ce résultat ! ». Certains diront « C'est le début de la fin » et moi « La fin du début », car après tout, après près de quatre ans de tâtonnement, le voilà le succès, la consécration tant attendue ! Les expérimentations laissent place à une production électronique qui reste toujours aussi novatrice, servant et embellissant cette fois-ci le génie pop qui guettaient les précédentes œuvres du groupe. D'ailleurs, Human League se fait enfin un nom, à tel point que Virgin décide de ressortir Travelogue et Reproduction, obtenant alors la reconnaissance qu’ils méritent.


    C'est évidemment le single « Don’t You Want Me » qui reste, à raison, le morceau le plus connu et le plus vendu du groupe. Organisé comme un conflit amoureux, Oakley partage sa voix avec celle de Sulley, prouvant ainsi au monde entier qu'il n'est pas nécessaire de bien savoir chanter pour être numéro 1. Et pourtant, Oakley détestait ce tube remixé par ses producteurs ; c'est bien la maison de disque qui l'a poussé à le sortir en tant que quatrième single de l'album, mettant les moyens jusqu'au clip dirigé par le réalisateur Steve Barron (”Billie Jean”, “Take One Me”, le film “La belle et l’ordinateur” et j’en passe). Résultat : plus d'un million et demi d'album vendus en rentrant dans les tops du monde entier. Un gimmick répété au synthé qui donne le ton au duel, des couplets pleins de candeur dont le charme est subtilement amplifié par les arrangements et le refrain que l'on a tous envie de chanter en chœur 35 piges plus tard à son ex encore adoré(e).


    Si je trouve quelques titres en-dessous, comme « Seconds » ou l'interlude inutile « Get Carter », l'ensemble est de très bonne facture. Je retiendrais principalement encore deux morceaux. Celui qui ouvre l'album « The Things That Dreams Are Made Of » est d'ailleurs ressorti remixé en 2008. On y retrouve une certaine modernité dans l'instrumentation avec ses effets de glides sur les pré-refrains, souvent usés par Lady Gaga, sur “Bad Romance” par exemple ainsi qu'un classicisme synth-pop qui relève toute la saveur de son époque. J'apprécie aussi énormément « Darkness », qui renoue avec le côté sombre de leurs albums expérimentaux, sans les expérimentations. Une ballade électronique dont le titre me fait effet à chaque fois qu'il est chanté, provoquant un certain malaise jouissif.


    Dare ! conclut donc avec brio la trilogie des chefs d’œuvres d’Human League, malgré une formation toute renouvelée, privilégiant danse et chaleur. Tout en restant un pied dans le glam, Oakley a réussi à entreprendre ce qu'il souhaitait pour le groupe dès ses débuts en s'entourant de producteurs qui laissent ici encore une grande part à la créativité et aux expérimentations, à condition qu'elles servent tout ces tubes potentiels. Les synthés et les arrangements sont assez diversifiés pour ne pas rendre répétitif l'ensemble (« Do or Die » se permet même une incursion caribéennes par sa boîte à rythme). Si la mélancolie passée est toujours présente (sur « I’m the law » par exemple), elle n'a plus lieu d'être au vu du succès (plus d'un million deux cent milles exemplaires). Ils auraient sûrement dû garder cette mélancolie pour plus tard…



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Strangeman57
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le 30 janv. 2016

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