Patrick Watson vient de Montréal. C'est l'un de ces types doués qui vous accrochent l'oreille tant leur rapport obsessionnel à la musique transpire dans leurs enregistrements. Là où Tim Smith (Midlake) ou Fyfe Dangerfield (Guillemots) nichent leur ambition au creux d'un collectif, Watson fait coïncider le masque et la personne sur un air jovialement ambigu. « Je ne serais rien sans eux », dit-il en parlant de ses complices. On parie quand même que les chansons de Patrick Watson (le jeune homme) sans ces trois-là ressembleraient davantage à du Patrick Watson (le groupe) que l'inverse. A savoir : de petits objets lyriques con­tenant au format pop leurs aspirations à la grandeur, et flottant dans une sorte de liquide amniotique de synthèse. Plus d'une fée semble avoir présidé à la naissance de l'album, qui n'est d'ailleurs pas un début (c'est le second) et que le public canadien a découvert il y a un an. Watson adore Pink Floyd et Debussy. Cela s'entend (surtout Pink Floyd). Son batteur a un penchant lounge jazz, le guitariste oscille entre stridences noise et bonhomie country, le bassiste est fan de Led Zeppelin. Or ce qu'on entend là n'est pas un collage mais une suite parfaitement ouvragée dont les grands moments (The Storm, Drifters, The Great Escape) font impression. Qu'est-ce donc qui nous empêche d'adhérer sans réserve à cet album profus ? Son côté bon élève ? Si Patrick Watson se trouve à dériver dans les eaux de Radiohead ou de Jeff Buckley, c'est sûrement moins par souci de plaire que par excès d'application. Mais le résultat est le même. Accordons-lui le bénéfice du doute, des lapins de cet acabit ne sortent pas tous les jours du chapeau. (François Gorin )


L’effet quasi surnaturel que provoque Close to Paradise, le deuxième album de Patrick Watson, réside dans une association hétéroclite entre songwriting folk, musique improvisée, electronica discrète, chants de sirènes, bouffées beatlesiennes et harmonies classiques. Chez d’autres, moins pointilleux quant à la décantation et l’association de tous ces arômes contradictoires, le résultat pourrait vite tourner à la piquette postmoderne ou au péplum aux pieds de plomb. Mais Patrick Watson possède une vraie recette qui est la marque des très grands.Pour l’élévation, Watson peut compter sur sa voix, qui hantait récemment le très bel album de The Cinematic Orchestra. Une voix capiteuse qu’il fait souvent démarrer en rase- mottes avant de la percher très haut, comme un Buckley mais sans maniérisme exagéré, comme un Thom Yorke mais sans le goût des cimes imprenables, avec une certaine modestie empreinte d’une véritable humanité.Ce qui distinguera toujours un songwriter honnête (mettons Josh Rouse) d’un magicien, c’est cette façon de faire entrer à l’intérieur de l’espace confiné d’une chanson des paysages entiers, des scènes panoramiques, des éléments naturels déchaînés, tout un fatras de choses diverses qui trouvent naturellement leur place, se fondent les unes dans les autres, s’harmonisent comme par enchantement. La pochette de Close to Paradise, qui est d’ailleurs l’œuvre de Brigitte Henry, illustre parfaitement l’ambition de ce groupe de mettre l’univers en bouteille. La quiétude apparente de leurs chansons n’est qu’une vitrine en trompe l’œil, car à l’écoute de Giver, Luscious Life, Sleeping Beauty ou du bien nommé The Storm, on perçoit vite les tumultes qui agitent l’arrière-boutique, le chaos à l’intérieur de la bulle. Lorsqu’on constate que 90 % environ de la production rock repose sur un phénomène inverse (beaucoup de bruit en surface pour un creux abyssal à l’intérieur), un disque comme celui de Patrick Watson n’a aucun mal à afficher sa distinction.(Inrocks)
Tout commença par une nuit où il choisit de prendre un raccourci que jamais il ne trouva. En arrêt au carrefour du folk, du rock et de la musique contemporaine, Patrick Watson le vit fugacement mais distinctement : le futur de la pop. Planté au milieu d’un champ de flamants roses, il avait une tête de radio et la voix de Jeff Buckley. Patrick n’eut dès lors pour seule obsession que la recherche de cet éden dont il affirme aujourd’hui être proche. Close To Paradise est son troisième album, et il faut faire confiance à son titre car on s’y croirait parfois réellement. Fabriqué quelque part entre Montréal et le reste du monde, le disque n’est pas avare en mélodies somptueuses, embrassées par une production atmosphérique extra-large. Celle-ci gâte parfois celle-là à trop vouloir en rajouter (Giver et Close To Paradise croulent un peu sous les cymbales), mais souvent de petits miracles se produisent, comme Drifters, où piano, guitare, chœurs et section rythmique entourent amoureusement une voix au lyrisme rentré. Vision onirique des Beach Boys en orchestre du Titanic, continuant à jouer sous la mer après le naufrage, Man Under The Sea est l’un des plus beaux moments du disque. Souvent menacé par l’emphase, Close To Paradise n’est jamais aussi bon que quand il joue l’épure. C’est le cas sur les morceaux les plus sophistiqués où Watson colle, échantillonne et mélange (Bright Shiny Lights, blues du XXIe siècle, ou Mr. Tom, inquiétant instrumental cinématographique), ou quand il est seul au piano sur le sublime single The Great Escape. Résoudre cette équation entre mélodie, arrangements et production n’est pas le moindre des défis à relever pour un artiste qui pourrait se révéler à l’avenir tout à fait incontournable.(Magic)
Le Canadien Patrick Watson et son groupe livrent avec "Close to Paradise" un deuxième effort magistral, que le public français a la chance de découvrir depuis septembre, grâce à V2. Son folk aérien et soyeux renvoie assez nettement à Jeff Buckley, mais loin de n'être qu'un pâle imitateur de plus, le Canadien nous emmène pour un voyage au travers des paysages immenses de son pays. On passe d'un désert invitant à la contemplation ("Daydreamer") aux lacs à perte de vue ("Man under the sea","The great escape"), envoûtés par une voix fragile, toujours à la limite de la cassure et un groupe impeccable, qui laisse à l'auditeur la place pour pénétrer cet univers où l'on se sent bien, mal, triste, heureux. Le songwriting de Patrick Watson est une invitation à la rêverie, tant on sent le Canadien marqué par les grands espaces. Il en ressort des chansons de paysages comme "Drifters", portée par un piano galopant, qui défilent entre les mots et les sons de cet album délicat. Sa collaboration avec The Cinematic Orchestra illustre cette volonté d'écrire visuellement, grâce à des arrangements délicats ("Slip Into Your Skin", "Giver"). L'album est ainsi à considérer et apprécier dans son intégralité, car chaque morceau ressemble à une étape d'un long voyage. Le groupe s'accorde même des incursions vers des paysages plus célestes avec "The Storm", porté par des choeurs féminins et qui navigue aux abords d'une forêt où s'ébattraient Danny Elfman et Jack The Ripper, un "Mr Tom" instrumental aérien mais où pointe en permanence le danger, un "Weight of the World" baroque et qui décolle avec des cuivres qui viennent rompre l'équilibre et apporter ce contrepoint qui donne sa force au morceau. L'album se referme sur un "Bright Shiny Lights" incantatoire, qui commence comme une ballade folk et s'achève dans une douce ferveur blues. Il reste à souhaiter au Canadien de conquérir le public européen, mais ce "Close to Paradise" en remuera plus d'un, et devrait encore affirmer la place grandissante du Canada sur la scène musicale. (popnews)
Avec plus d'un an de retard sur la sortie canadienne, voici enfin l'arrivée en France de "Close to Paradise", la merveille de l'automne. Vision personnelle et fouillée (un peu fouillis aussi) du paradis qui, du moins c'est ce que la pochette peut laisser penser, s'apparente à un monde artificiel contenu dans une bouteille et dont l'équilibre est des plus fragiles. Sur les treize titres que comporte l'album, Patrick Watson fait preuve d'un talent inouï, proposant des instrumentations riches et variées et montrant ses capacités de vocaliste hors pair. Une belle démontration nous est donnée avec Slip Into Your Skin où la musique semble parfois décalée par rapport au chant, formant des couches inextricables mais cependant harmonieuses, comme différentes façons d'apprécier, de percer l'épaisseur de l'univers musical du canadien.On pense tantôt à Antony pour le tremolo de la voix, notamment sur le petit bijou qu'est The Great Escape, tantôt à Buckley fils pour la manière élégante de tutoyer les anges, on a déjà vu pire comme références. D'ailleurs Luscious Life pourrait très bien passer pour une réécriture d'Eternal Life , comme si Jeff Buckley avait troqué sa guitare contre un piano et transformé sa colère en joie de vivre : troublant. En outre, qui pourra se plaindre d'entendre se côtoyer Portishead (Weight of The World), Björk ( Daydreamer) , Norah Jones (Bright Shiny Lights) et les Beatles (Giver), pour ne citer qu'eux, en une quarantaine de minutes?

Bien plus qu'un album fourre-tout regroupant autant de styles que de morceaux, ce ''Close to Paradise'' procure des émotions réelles et son apparente fragilité va droit au cœur. Si c'est à cela que ressemble le Paradis, on espère bien tous y aller un jour. (indiepoprock

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le 26 févr. 2022

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