City Burials
7.1
City Burials

Album de Katatonia (2020)

Immenses Katatonia.


Les suédois sont partis du death-doom metal, à la fin des années 80, pour ensuite se parer de sombres dorures gothiques, puis d'une influence atmosphérique toujours croissante, ne négligeant jamais la force du metal alternatif, distillant leur passé death pour conférer à leurs hymnes une mélancolie rarement égalée. Le groupe a évolué en totale périphérie de ses confrères, et il est peu pertinent de les comparer à Opeth ou autres Amorphis, Paradise Lost ou Tool, tant Katatonia a sa patte. Certains la trouve répétitive, elle l'est en un sens, je vous l'accorde, mais d'une répétitivité toute nuancée pour qui s'y penche de plus près.


En 2016, le groupe délivre son album le plus touffu et abouti, progressif et jazzy, "The Fall of Hearts". En 2020, après un risque de split indéfini, l'envie a repris pour Jonas Renkse et Anders Nyström, les deux darons du band, de recréer quelque chose issu de leurs sombres pensées. Sauf qu'au lieu de rabâcher le passé, Katatonia nous a livré un "City Burial" osé et évolutif. L'album est bien moins progressif et tarabiscoté que le précédent, qui était déjà en soi une petite révolution après une série d'albums magnifiques mais prévisibles qui sortaient comme des échos de "The Great Cold Distance". Ce "City Burial" pousse le son éthéré du groupe dans des retranchements trip-hop et art-rock (Laquer, Vanishers) , où le chant de Jonas Renkse s'épanouit plis que jamais (The Winter of our Passing), où les instruments se mutent en de discrets mais implacables métronomes. Y'a un côté assez "Soen" dans cet album que j'ai adoré, dans les riffs surtout.


Une tristesse de fond enveloppe l'auditeur, qui monte au fil des morceaux et explose enfin avec "Fighters", qui fait partie des titres musclés avec "Behind the Blood" et son côté death melo du tonnerre. Autrement, le propos est posé, frôle parfois le kitsch ("Vanishers" et son chant féminin très gothique-doom) mais reste toujours majestueux, retenu mais finalement si flamboyant .


Car Katatonia est devenu une flamboyance dans un ciel aux torrents de larmes. Cette nouvelle mue constitue une larme de plus, une larme d'une pluie à la beauté muette.


Immenses Katatonia !

FlorianSanfilippo
9

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste De fraîches flâneries feutrées (top albums 2020 annoté)

Créée

le 7 mai 2020

Critique lue 270 fois

3 j'aime

2 commentaires

Critique lue 270 fois

3
2

D'autres avis sur City Burials

City Burials
ManuPodj
8

Katatonia, Marillion et moi

Ma façon de vivre la musique va peut-être surprendre, mais lorsque j'écoute ce nouvel album de Katatonia, je ne peux m'empêcher à Marillion, le groupe de rock progressif anglais qui ont tous les deux...

le 29 juil. 2020

1 j'aime

Du même critique

Mestarin kynsi
FlorianSanfilippo
10

La griffe du maître

Oranssi Pazuzu, c'est une plongée toujours plus intense dans les ténèbres du mental, et une montée toujours plus folle dans l’intuition créatrice. Voilà ce qui pourrait définir la trajectoire des...

le 13 mai 2020

12 j'aime

1

Simulation Theory
FlorianSanfilippo
5

Stadium Syndrom

La lente désagrégation des génies du rock alternatif, volume 4. La bande de Bellamy pique cette fois-ci sa crise de la quarantaine, elle ressort ses vieilles cassettes de Nu Wave, ses jeux-vidéos...

le 10 nov. 2018

11 j'aime

3

All Visible Objects
FlorianSanfilippo
7

Élévations lacrymales

On ne présente plus Moby, compositeur iconique de la scène techno house des nineties, dans un New-York bouillonnant et ravagé. Après des débuts très « rave », les beats du DJ chauve ont largement...

le 16 mai 2020

10 j'aime

2