Goya Coca Cola

L’héritière des années 80, de ses obsessions, de ses frasques, de sa danse est rattrapée par les nineties à vitesse grand V. Chris. Salut Chris. Ne serait-ce que par ce double langage, sa prose poétique qui s’oublie et se transforme en flow tout court, dans son album double, en miroir. On voit tout en double. Morceaux doubles, multiverse comme chez les super-héros, les morceaux auront tous une double vie, un double impact, français/English faîtes votre choix. J’ai fait mon choix. Le monde selon Chris fonctionne beaucoup mieux en français je trouve. Exception faîte de La Marcheuse qui va bien aux deux langues, (pourquoi prendre autant de risques, franchement ? Un double album bilingue, avec les mêmes morceaux, en double). Yikes ! The Walker pulse bien. Parfait tube pop un peu évanescent remplie d’une mélancolie rentrée, qui se coule dans le rythme et ne polluera pas le groove. Pas mal. C’est bien quand la mélancolie danse mais ne reste pas dans ta tète, seule reste la danse. Ok.
5 Dolls pierre angulaire du disque est encore plus pop. 5 Dolls puissant de sensualité, androgyne, avec un brin de non-dit, garçon/fille ? c’est lourd-léger comme j’aime la pop de 5 Dolls. Mais ils se ressemblent trop ces deux morceaux, La Marcheuse, 5 Dolls, ils vont dans le même sens, ont la même couleur, le même timbre. La mélodie n’a même pas besoin d’être portée, elle est comme « collée » au-dessus de la chanson elle plane, et le reste fait un peu déco, savoir-faire production de luxe, rythmique. Trop binaire, trop variété. Á trop vouloir faire de la variét, à ce rythme là la moitié des morceaux sonnent comme un interlude. Moi, j’attends le tube en or massif, le vrai tube. C’est un album pop, non ? De Chris en plus. Donc il y a un autre tube en or caché quelque part.
Damn… comme dirait Kendrick Lamar, I dig the english version of this song, Girlfriend. The beat is cool, funky, with a damned flow. It reminds me the king of pop. This girl is MJ addicted. Elle est fan de Michael Jackson ça se sent. Et elle danse en plus.
Alors on a de l’English, du français, y de l'español (?) Il y a combien de langues dans cet album, au fait ? Il est destiné à qui, quel public ? Je sais plus. Follarse dit-elle. Follar. Je vous laisse aller sur Google pour la traduction, mais à mon avis c’est sexuel. Follarse, dit-elle. Hum… Elle a donc un cœur espagnol et funky et MJ. Et des jeux de mots douteux : Goya Soda. Encore une originalité. Elle en invente tous les jours. Mais moi je cherche en vain, mais je ne trouve pas. Mais à force de chercher je finis par trouver. Je tombe sur : Machin-chose/ What’s-her-face, qui me rappelle une « vieille » amie, plus posée, plus proche. Christine.
Je croyais qu’elle était morte Christine, tuée par Chris, mais elle est toujours là. Si on ne fait pas gaffe, on penserait presque à un morceau non retenu pour Chaleur Humaine, l’album qui a lancée la fusée sur orbite. Le charme est retombé depuis dans le puits de la pop efficacité, mais tant pis. Pas facile de se renouveler après un coup d’éclat pareil. Chaleur Humaine. Elle s’est « variétisée » à outrance, piège auquel elle avait échappée à son coup d’essai. Merde. Christine, Oh !
En pleine génération kleenex, les morceaux s’écoutent et s’usent vite, de plus en plus vite. La posture, les clips qui vont avec, sa voix qui se casse à la fin des couplets et grésille sur les refrains, le beat trop métronome. Tout le temps le même truc, qui fait qu’on voit tous les trucs. Tout est calculé pour cartonner, mais on commence à voir toutes les ficelles, (je ne lui reproche rien), ce qui va lui faire perdre quelques fans de la première heure, va faire en gagner pas mal d’autres. Arrangements plus simples, vendeurs, tout public, sans se cacher. La synth-pop travaillée par la dance. Á un moment je n’entends plus rien d’autre que le beat, et dans un album de Chris/tine ça me gêne. Feel so good, voilà un morceau qui…
Et ! Mais, qu’est-ce qui se passe là ? Je fais :
PAUSE
[Les gars s’engueulent devant le magasin. Le grand costaud veut rentrer. Le vigile lui barre la route. D’autres arrivent derrière. Il doit faire la queue le costaud, comme tout le monde, pas de resquille. Ça manque de finir en bagarre générale… Finalement tout le monde se calme. Calmez-vous. Calmons-nous. Bon. Après avoir lancé un flot d’insultes le costaud s’en va avec un sourire en coin assez content de lui. Seulement 5 personnes à la fois, on a dit. Le gars devant moi est à 1 mètre au moins; celui de derrière, 1 m aussi. Distance de sécurité, ok. Je remets mon casque. C’est reparti.]
PLAY :
Le double album avec la version française et la version internationale c’est une grosse prise de risque quand même. Make some sense. Si tu le dis... Beaucoup de d’effets de production, c’est pesé soupesé, ça brille, mais à force de se frotter contre son modèle MJ, elle finit de plus en plus par ressembler à Prince. Trop de choses, pas assez de choix (23 morceaux). Un patchwork de tout ce qu’elle sait faire, ça finit par faire poseur et ressembler à un coup marketing monstrueux. Je me surprends à oublier les morceaux vite fait, (c’est dû à l’effet génération kleenex). Album beaucoup trop marketé pour me plaire. Comme si l’héritière des années 80 avait décidée de passer finalement aux années 90 sans prévenir, sans états d’âmes. Passer de la nouvelle révélation française à superstar internationale en deux temps (trois mouvements) et 1 album, ça implique des sacrifices, pas mal de. Á ce petit jeu là Chris s’en sort. Christine par contre… Doesn’t matter.