Century Child
6.8
Century Child

Album de Nightwish (2002)

Après deux albums pleins de qualités indéniables, mais peut-être un peu (trop ?) similaires, Nightwish devait montrer une évolution, sous peine de se répéter sans cesse et de perdre en intérêt. C’est la mission de Century Child. Apporter un peu de fraîcheur et de renouveau à la musique du groupe. On se trouve dans une situation somme toute fréquente mais néanmoins difficile à aborder, à la fois pour les auditeurs et pour les artistes. Ces derniers doivent faire des choix, entre rester dans ce qu’ils connaissent, maîtrisent et leur réussit, aux dépens de leurs envies et de leur créativité, ou évoluer, au risque de perdre en qualité et de décevoir. Les auditeurs se trouvent eux-aussi dans deux positions. La première est de préférer garder la qualité et exiger de l’artiste qu’il fasse ce en quoi ils le pensent bon, et de bouder les changements qui ne le satisferait pas. La deuxième en a marre d’entendre plus ou moins toujours la même chose et demande de l’audace, tout en n’hésitant pas à critiquer celle-ci si elle n’est pas concluante (mais sans demander un retour en arrière). Là se pose une question plus globale de la place et du rôle de l’artiste, travailler pour lui (et éventuellement les autres) ou pour un public et ses attentes. Je passe sur la réponse qui est en général un compromis, et qui ne peut être ni simple ni manichéenne.

Bref, revenons à nos moutons. Nightwish a opté pour l’évolution. Mais pas trop, ça permet une transitions mesurée et peu brutale. Premier changement de taille, un renouvellement de personnel. Exit Sami, et bonjour Marco, qui nous vient de Tarot (où il continue d’officier) et Sinergy (qu’il abandonne). Sami jouait aux doigts, Marco pas. Certes. Mais la différence qui compte un peu plus, c’est que Marco chante. On me dit que Tuomas aussi ? Oui, bien sûr. Mais le blond sait chanter, c’est son job, là où le brun s’est rendu compte que ce n’était pas son point fort. Nightwish a donc maintenant dans ses rangs un compagnon de voix pour Tarja, et n’a plus (du moins nécessairement) besoin d’invités. Voilà le gros plus de Century Child, ce chant masculin qui se marie bien au féminin pour des morceaux qui gagnent en variété et en intérêt (potentiellement). L’apport est de taille, on a du mal à imaginer que les titres où il est présent aient été aussi bons sans lui (« Slaying the Dreamer », « Ever Dream » ou encore « Dead to the World »). Mais là n’est pas la seule modification. Tarja garde bien entendu son timbre reconnaissable (et son accent loin d’être parfait), mais chante de manière plus « classique » que sur les opus précédents. Enfin, on voit apparaître un côté orchestral plus prononcé et annonciateur des albums à venir, les influences power metal sont moins omniprésentes.

Le résultat, comme souvent avec Nightwish, est loin d’être homogène, et le bon côtoie le moyen et l’anecdotique. Le côté orchestral est bien représenté avec l’excellent titre de fin, qui continue sur la lancée de « FantasMic » et confirme que Tuomas sait composer des morceaux plus longs (dix minutes au compteur tout de même) que la normale sans les rendre pleins de longueurs. Variations, passages d’intensité variée et richesse en sont les caractéristiques, et c’est sans doute la meilleure chose présente sur cet opus. J’ai déjà mentionné « Slaying the Dreamer », plus agressive que ce que propose en général le groupe et très réussie avec l’association des deux voies et son riff assassin et les vociférations de Marco qui s’ensuivent. Un cran en-dessous se situent les trois premiers morceaux de l’album, même si j’ai un petit faible pour « Dead to the World » sans que je puisse vraiment me l’expliquer (le riff au clavier peut-être ?). Et puis le reste est plus banal, me touche moins tout en étant bien exécuté. La reprise de « Phantom of the Opera » me gonfle un peu avec les vocalises de Tarja sur la fin, « Ever Dream » est sympa (là encore Marco l’empêche de tomber plus bas) mais sans plus, et puis « Forever Yours » ne déroge pas à la règle, c’est une ballade chiante et niaise (même si moins pompeuse – dans le mauvais sens – que, à tout hasard, « Sleeping Sun », un peu plus « intimiste » si on veut…).

Un album correct sur l’ensemble donc, qui souffre de quelques faiblesses comme la plupart des disques de Nightwish, avec un gros creux entre de trois titres en plein milieu. Heureusement, quelques morceaux relèvent l’ensemble, et la transition est à peu près réussie, et ce ne sont pas les nouveaux éléments, plutôt bien intégrés, qui gênent mais bien la faiblesse de certaines compositions trop banales.
Flavinours
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le 11 août 2012

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Flavien M

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