Celldweller
7.1
Celldweller

Album (2003)

Une pierre angulaire de l'électro/industriel

Scott "Klayton" Albert, l'homme derrière ce projet musical des plus atypiques, officie à tous les instruments dans ses chansons, ainsi qu'au micro, rien que ça ! Mixant ses titres par étapes, il se voit alors offrir des possibilités sans limites pour parfaire chaque riff de guitare, un cri, ou la plus minuscule note de synthé. Ce qui donne toujours des chansons irréprochables sur le côté technique, bien emballées et enregistrées avec talent.


Après, que l'on les aime ou pas, tout dépend de la sensibilité de chacun, l'originalité de l'écriture pouvant varier de chanson en chanson. Il paraît évident par exemple, qu'un "Eon" enterre sans problème la mélodie simpliste de "Fadeaway". Mais ce constat s'avère tout à fait compréhensible dans le sens où l'on sait que ce qui motive réellement Klayton, c'est la recherche de la mélodie qui sonne juste, qui plaira à l'auditeur et qui sublimera le travail fourni en studio. Si son style s'est un peu plus affirmé depuis 2003, son album éponyme, que je m'apprête à chroniquer, n'est ni plus ni moins qu'un vaste champ d'expérimentation, dans le sens où de nombreux genres s'entrecroisent sur près de 70 minutes. Électronique, techno, alternatif, néo... Difficile de trancher. La variété des sonorités est tout bonnement surprenante, ce qui fait de cet album un bijou rare à écouter au moins une fois par curiosité, car tout le monde devrait y trouver son compte. Explication.


Difficile de ne pas faire du titre par titre, tant la diversité des chansons est importante. L'album commence par une des trois "cellules" (les pistes #Cell) , qui sont en fait de petites introductions instrumentales pour mettre l'auditeur dans l'ambiance de la chanson à venir. Le côté électro est immédiatement décelable, nous préparant pour la claque ultime, à savoir la chanson culte de Celldweller, "Switchback". Oui, je dis bien culte car des millions de personnes dans le monde entier l'auront entendue au moins une fois au détour d'un jeu vidéo, d'un film, d'une série ou d'une bande annonce, sans même connaître le titre ou le nom du groupe. Largement utilisée par ces différents supports, la chanson repose sur un rythme implacable, une guitare à tomber par terre, et un Klayton en grande forme qui démontre d'emblée tout son talent au micro. Voix mélodieuse lors du refrain, il est aussi capable de cris du plus bel effet, ne reniant ainsi jamais le côté métal de sa musique et usant même de mixages pour créer quelques hurlements robotiques très réussis. Ce qui apporte aussi un plus indéniable, c'est cet espèce d'écho qui revient tout au long du titre, donnant une personnalité unique à "Switchback" et la posant immédiatement comme l'une des pierres angulaires du genre.


Dans la même veine, "Stay With Me (Unlikely)" se révèle tout de même moins rentre-dedans, avec ce refrain harmonieux magnifique qui sonne plutôt rock/métal alternatif. La marque de Celldweller se reconnaît surtout dans les couplets, où la basse, très audible, alourdit l'ensemble. On retrouve ce genre de sonorités dans "I Believe You" (peut être la plus "métal alternatif" de l'album), "Unlikely (Stay With Me)" ou "Under My Feet", cette dernière étant d'ailleurs jouée à la guitare acoustique sur ses 2/3, avant une dernière partie revenant à un métal plus léger et reposant.


La plus inventive du lot restera sans doute "The Last Firstborn". C'est bien simple, jamais une chanson n'aura aussi bien marié le métal et la techno. L'intro, graduée et quasi inaudible, explose soudainement dans un festival de guitares offensives. Les claviers/mixeurs prennent le relais, pour ce qui semble de prime abord être de l'électro industriel sans surprise, avec un Klayton qui murmure avec férocité (!) ses paroles désespérées. Un canon plus mélodieux vient résonner dans le fond, signe de départ pour un tempo techno du plus bel effet, auquel s'ajouteront de nouveaux claviers et une basse d'une noirceur sidérante, dans un refrain dantesque qui donne irrémédiablement envie de se lever pour danser !


Mais, et l'électro/indus dans tout ça me demanderez-vous ? Eh bien il est vrai que l'album est au final assez chiche en chansons de cet acabit, qui sont désormais la marque de fabrique de Celldweller (son dernier album semble en être intégralement composé). "Frozen" et "Symbiont" restent peut-être celles qui se rapprochent le plus de ce genre. Si la seconde n'a rien de bien transcendant (malgré cette voix mécanique sublime dans les couplets), la première apporte au contraire un élément unique. Je pense à cet espèce de mixage audible lors du refrain (et en version instrumentale au bout de 25 secondes pour les intéressés). Inclassable, prototypique, ce son unique m'a littéralement emballé sur toute la chanson, puisqu'il donne au refrain un côté glacial, et, couplé avec la voix exaltée de Klayton, élève "Frozen" au rang des incontournables du groupe. J'en oublierais presque "Own Little World" qui n'a rien à envier à la précédente. Habile mariage de couplets hurlés (un petit avant goût de "One Good Reason" avec ce Klayton méconnaissable dès qu'il crie dans son micro) et de refrains entêtants, elle reste une des chansons les plus chères à mon coeur puisque c'est elle qui m'a fait découvrir le groupe (un grand merci au nanar "Python" qui a eu la bonne idée de la mettre dans son générique de début et dans le menu du DVD).


Je préfère passer "Fadeaway", qui reste à mon avis la moins bonne de l'album, voire du groupe, trop limitée et monotone. Dans le genre inclassable, on peut citer "Afraid This Time" et "So Sorry To Say". La première restant très calme malgré un refrain planant et splendide, il faut surtout prêter oreille à l'autre, qui commence elle aussi de manière assez paisible. Les violons apportent une touche singulière aux couplets, conduisant finalement à une antienne symphonique qui reste à ce jour inégalée. Le rythme s'accorde parfaitement aux choeurs, tandis que violons, basse, guitare, et batterie se combinent avec brio. Un des musts du CD.
"The Stars Of Orion" n'est rien de moins qu'une amorce aux futurs albums instrumentaux Soundtrack For The Voices In My Head, le style étant immédiatement reconnaissable pour son côté rapide et très "bande originale".


J'aimerais clôturer cette chronique non pas sur la dernière piste, mais sur "One Good Reason", la chanson métal de l'année 2004. J'ai, comme beaucoup, découvert sa version instrumentale dans le jeu Need For Speed Most Wanted, sans savoir que ce n'était pas l'originale. Puis lors de ma première écoute de l'album, grosse claque en pleine tronche : il y a en fait des paroles ! Deuxième gros choc : connaissant déjà Celldweller avec "Switchback", j'ai été incapable de reconnaître Klayton derrière le micro. Car à ce jour, la chanson reste la plus violente, la plus martiale, la plus agressive du chanteur. Il crie sur l'ensemble du titre, offrant un métal industriel plus mature terriblement efficace. Quel dommage que cela soit la seule chanson de cet acabit sur toute sa discographie (si l'on oublie son duo inédit avec Styles of Beyond). Mais, mes amis, quelle chanson !


Pour conclure, cet album reste un monument du métal électro/industriel, de par sa pluralité des genres, sa maîtrise des sonorités et le talent sans égal de Klayton. Du pur génie, pas parfait, certes, mais pas loin.

Deydpool
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le 20 juin 2015

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