Brûle
7.1
Brûle

Album de Miossec (2001)

Pour une fois, ce n'est pas Dominique A qui va me filer le bourdon aujourd'hui. Christophe Miossec en est le responsable. S'il n'y a pas de limite à la lâcheté, à la dérive, une chose marque l'esprit sans pour autant sauver l'âme : la conscience, froide, coupante, rompue à la fréquentation du vide, cynique, et seule porte de sortie. Je ne sais pas ce que confesse Miossec ou plutôt à qui il adresse cet album, narration fictive ou tâche d'encre et sonore sur l'apogée d'un mauvais karma choisi et cultivé. Eh merde, après tout... Souffre qui peut. Les femmes et les enfants d'abord, non ?! Après tout, pourquoi se montrer fort lorsqu'on est désabusé, à qui faire croire l'impossible ? "Pourquoi t'ai-je donc fait un jour la cour ? Mon sens de l'humour est lamentable" (Pourquoi). Faut pas se moquer, faut pas s'apitoyer, hein ? Faut brûler, d'une manière ou d'une autre. Brûler ses tripes, ses souvenirs, les images et les parfums. Brûler tout contrat. Facile ? Non, l'autocombustion est un art. Point final... Se foutre, en bon breton, la gueule en vrac ne suffit pas à éteindre l'incendie. Pourtant, bel album, chaleureux que celui-ci. Sans mea culpa, sans audience en huis clos, sans propos ni mélodie à l'amiable. Alors, vivre dans la peau de Miossec à défaut de celle de John Malkovich ? Peu importe, les liaisons sont toujours dangereuses et les mélodies impeccables. Pop, rock, folk ? On s'en fout, on est chez Miossec à cent pour cent... Ouvertes, dans la veine d'une production mature, riche mais sans tape-à-l'oeil inutile. Elles donnent de l'épaisseur à ce "petit meutre entre ami(e)s". Miossec a "déserté les champs de bataille". Il le regrette, semble-t-il. Car le sang coule, mais sans lui (Grandir).(Magic)


Non seulement, le Brestois mi-blagueur mi-bagarreur (blagarreur ) n'a pas changé ? il sent toujours la bière et l'animal et ne sait (et heureusement, la maladresse étant la condition supérieure de son charme) toujours pas chanter. Mais, de plus, il a recouvré la justesse de ton et la sobriété d'écriture qui rendaient Boire si gouleyant et avec lesquelles Baiser et A prendre avaient pris de regrettables distances. Délaissant les airs bravaches et les arrangements un brin rustauds des deux albums antérieurs, privilégiant une instrumentation acoustique teintée d'accents country tempérés, Brûle voit Miossec renouer enfin avec cette concision crue qui lui va comme un gant de velours, dans lequel, battant retrouvé, il glisse derechef une main de fer. Ce disque simple et direct, ainsi que les déclarations d'amour devraient toujours savoir l'être, s'attirera peut-être, par son imprudente liberté d'expression les quolibets de certains petits malins. Et après' Que les ricaneurs ricanent et les vacheries seront bien gardées. De leur côté, les amateurs de chansons douces, dures et dingues ne manqueront pas de reconnaître en Brûle un nouveau compagnon de (dé)route, fâché contre l'esprit de sérieux et voué à la délicatesse. (Inrocks) 
Après un “A Prendre” balourd et bancal, le départ de Guillaume Jouan a, pour beaucoup, sonné le glas de l’aventure de Miossec. Le fait que le brestois s’entiche de variété (Jane Birkin, Johny Haliday) n’aura pas rassuré ses fans. Cependant ce voyage dans les bas fonds du top 50 lui aura apporté une certaine “respectabilité” auprès des instances du show-business bon ton et suffisamment d’autonomie financière pour ne pas craindre de perdre du temps et de recommencer son album a zéro. Privé de Guillaume Jouan, Christophe Miossec a dû se trouver un nouveau partenaire. Matthieu Ballet (emballeur musical de Joseph Racaille et d’Arielle) a donc été convié pour remettre le breton sur la bonne voie. Là où Miossec était rogue et teigneux, il est maintenant docile. Enregistré à la campagne, l’album est calme et apaisé mais il a aussi perdu son éclat. Dans “Neige” Miossec parle du temps qu’il fait, dans “Le Défroqué”, il s’expose : "j’ai déserté les champs de bataille", dans la chanson titre il fait part de sa désillusion : "Tout luit tout brille mais rien ne brûle / Tout brille tout scintille mais rien ne se consume". Miossec est rangé des voitures, policé il remplace la hargne par des flopées d'instruments qui font reluire des compositions parfois un peu plates. Après les sursauts rock de la tournée “A Prendre” je ne peux m'empêcher d'être déçu par ce “faux-plat” qu’il gravit en geignant. Bien sûr il y a toujours des éclairs de génie (" Le Défroqué ", " Madame ", " Consolation ") Et Miossec reste attachant mais j’ose espérer que “Brûle” n’est qu’un de ces disques de transition que l’on écoute distraitement en attendant un futur chef d'œuvre. Du remplissage bien fait et plaisant mais sans la consistance d’un “Boire” ni la richesse d’un “Baiser”. (Popnews)
bisca
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le 5 avr. 2022

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bisca

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