Un inoubliable, représentant de son époque.

Après avoir connu diverses dissensions, Paul Simon et Art Garfunkel se lancent dans la production de ce qui sera leur ultime album ensemble, "Bridge over troubled water" qui sortira en janvier 1970. Si toutes les tensions entre les deux amis n'ont pas entièrement disparu, cela ne les empêchent pas de s'atteler à l'écriture des chansons avec le même sérieux qu'à l'accoutumé et avec le même désir de qualité. Paul conserve son rôle d'auteur compositeur principal, tandis qu'Art garde son poste d'harmoniciste. Et force est de constater que ça marche toujours aussi bien.

La chanson titre, "Bridge over troubled water" est très certainement l'un des plus beaux morceaux que j'ai pu écouter tout au long de ma vie. La voix de Garfunkel donne toute sa force et toute son émotion à la mélodie jouée au piano. Il est impossible d'y rester insensible. Il en va de même en ce qui concerne le tube planétaire, quasi autobiographique, qu'est "The boxer", entonné par les deux compères et dont le refrain fédérateur reste encore gravé dans les mémoires.

De manière générale, on peut dire que les ballades de cet album sont une totale réussite. Qu'il s'agisse de "El condor pasa", reprise d'un air traditionnel péruvien, "So Long, Frank Lloyd Wright" aux sonorités brésiliennes, ou "Song for the Asking", chanson interprétée uniquement à la guitare et par Simon seul, qui clôture l'album.

Les chansons un peu plus rythmées ne sont pas en reste. Le tube "Cecilia", dont les sonorités sont nées d'une soirée ayant quelque peu dégénérée, est plus qu'appréciable grâce à son rythme enjoué et léger, tandis qu'on note une certaine influence de la part des Beatles en ce qui concerne "The Only Living Boy in New York". Les autres morceaux sont en revanche plus dans l'esprit des Everly Brothers (Dont Simon & Garfunkel ne se sont jamais cachés qu'ils les avaient énormément inspiré), avec ce son si caractéristique et l'harmonie des voix. D'ailleurs, le morceau "Bye bye love" est une reprise d'un titre des Everly Brothers, interprété en live, les deux artistes désirant le graver dans la cire pendant que le public battait la mesure.

En définitif, un album dans la continuité de leurs précédents. Même si on note certaines différences annonciatrices de leur séparation, tel que le nombre plus important de chansons qu'ils ne chantent pas ensemble ou alors très peu. Mais cela ne l'empêche pas d'avoir atteint un nouveau degré de qualité par rapport à leurs anciennes productions, ce qui l'a élevé au rang d'album culte.

Il s'agit d'un album qui a marqué son époque et dont je pense qu'il faut l'avoir écouté au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce - minimum - que pour la présence des quatre tubes que sont "Bridge over troubled water", "El condor pasa", "Cecilia" et "The boxer". A (re)découvrir et à apprécier.