C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.

Parmi les noms les plus solides et légendaires de la scène électronique internationale, les Chemical Brothers tiennent une place toute particulière. En compagnie de Fatboy Slim et bien d’autres, le duo anglais possède un statut de précurseur, perpétuant ainsi le mythe d’un groupe incontournable. Ce genre d’entité fait tout de même face à un énorme problème: savoir se renouveler et continuer à innover tout au long de sa carrière. Existe t’il une tâche plus difficile que celle de devoir perpétuellement faire preuve d’une créativité révolutionnaire qui remodèlera les codes et les fondements d’un style musical à part entière ? Avec Born In The Echoes, les Chemical Brothers n’ont pas réussi à remplir cette difficile mission, mais ils étaient à deux doigts.


On ne change pas une équipe qui gagne


Le duo (Ed Simons et Tom Rowlands) s’en tient aux bases qu’il à lui même construit il y vingt ans. Cela consiste en des morceaux rythmés aux tournures club accompagnées de samples souvent rock. C’est cette énergie rebelle qui fait d’ailleurs tout le charme du groupe. On a sans cesse l’image de deux potes, tripotant leurs platines et leurs laptops en recherche de sonorités riches et d’énergie adolescente. C’est donc sans surprises, et avec un charme fou, que certains morceaux tels que « Just Bang » et « EML Ritual » semblent coincés dans les années 90.


Touche à tout


Born In The Echoes est un album très hétérogène. Des titres comme « Wide Open » et « Sometimes I Feel So Deserted » possèdent des aspects pop très convaincants alors que, dans un tout autre registre, « Taste Of Honey » et « Wo Ha » sont bien plus complexes et expérimentaux. Le groupe est très fort car il arrive à mélanger ces deux univers sur le très bon « Under The Neon Lights » en collaboration avec Annie Clark (St.Vincent). Les Chemical Brothers visent effectivement juste dans leurs featuring. Ceux-ci apportent une réelle plus-value à l’album, le rap de Q-Tip sur « Go » ne nous fera pas dire le contraire. Le groupe fait bien évidemment honneur au big-beat, dont il est l’un des géniteurs, avec la décadence sans retenue de « I’ll See You There ». Pourtant,à mes yeux, les morceaux les plus intéressants restent tout de même « Reflexion » et « Radiate » aux accents certes, beaucoup plus calmes et planants que le reste de l’album mais, à l’émotion beaucoup plus forte.


Les Chemical Brothers se perfectionnent encore un peu plus et ce nouvel album est l’occasion d’apprécier de très bons morceaux. Le talent créatif de composition est bel est bien présent et l’énergie est parfaitement gérée tout au long de l’album qui s’écoute très facilement malgré sa longueur (une grosse heure pour l’édition deluxe). Comme quoi, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes.


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Valentin_Lalbia
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le 6 août 2015

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