Blunderbuss
7
Blunderbuss

Album de Jack White (2012)

Fusil de canon pour un retour en grâce.

Chaque album du monsieur White est un accident. Heureux ou malheureux diront les mauvaises langues. Qu'il s'amuse avec des potes en cognant comme un dingue sur une batterie (The Dead Weather) ou perfectionnant son toucher déjà légendaire (The Raconteurs), le second mec de Detroit le plus connu mondialement après Eminem se nourrit de jams, de rencontres. Et quand, accidentellement justement, un artiste n'est pas disponible pour une collaboration (car entretemps, Jack White produit des CD pas dégueus), il décide d'enregistrer toutes les chansons qu'il a sous le capot avec les musiciens disponibles, dans son studio implanté à Nashville. Le résultat est donc ce "Blunderbuss" paru il y a de cela un an. Oui, tu te dis sans doute, jeune internaute en mal de sensations fortes, pourquoi est ce que je perds mon temps à critiquer un disque qui, dans la mémoire collective, apparait comme déjà vieux, sachant qu'aujourd'hui les artistes qui marchent commercialement parlant durent en moyenne six mois, se succédant sur l'autel de la médiocrité, entre un passage chez Denisot et une chronique assassine dans les Inrocks, ce qui est sans doute bien plus insultant que toutes tes critiques acérées. Et bien je te réponds que cet album est diablement bon.

4 ans sans production musicale où le monsieur impose sa patte, putain ce que c'est long! C'est donc tel un petit africain apercevant au loin un bol de riz que les fans des feu White Stripes se précipitèrent sur cet objet, afin de l'insérer au plus vite dans leur chaine ou sur un tourne-disque. Première constatation: la patte White est toujours là, reconnaissable entre milles, entre guitares chargées de whammy et ambiances plus bluesy. Simplement, son songwriting semble s'être recentré et apparait comme au sommet de son art: toutes les influences du mister s'entrechoquent, entre douceur ("Love Interruption", "Hip Eponymous Poor Boy"), country à la sauce XXIe siècle ("I Guess I Should Go To Sleep") et morceaux énervés ("Sixteen Saltines"). Avec quelques sommets, comme "Weep Themselves To Sleep" et ses accents zeppliniens, cette reprise de "I'm Shakin'" chargée de testostérone ou ce "Take Me You When You Go" où la fuzz crache toute son énergie. Les musiciens sont bons, la voix du White ne s'est jamais aussi bien portée, ce dernier se sentant sans doute libéré du poids qu'étaient devenus malgré lui les Rayures Blanches. On vogue littéralement parlant sur le Mississipi, avec escales en Louisiane et Nouvelle-Orléans, et dieu que c'est agréable en une période de crise!

Pourquoi, alors, restons nous un tout petit peu sur notre faim après écoutes et réécoutes de cette galette pourtant garnie de 13 gourmands titres? Certains trouveront l'ensemble bien trop sage, éternels nostalgique de la furie qui marquait les premières années de la carrière de Jack White. D'autres pointeront du doigt un certain ronronnement dans les derniers titres, où émergent quelques facilités auxquelles nous n'étions que peu habitués ( ce "Trash Tongue Talker" piqué à T-Rex...). Oui, nous sommes mauvaises langues, mais après tant de mois sans aucun nouveau morceau, nous sommes en droit d'exiger la perfection, bordel! L'indulgence dont je fais preuve, qui n'a d'égard que l'admiration que je porte pour Jack White, me permet cependant de qualifier cet album de bon, voire de très bon. Cette voix me fera toujours frissonner, qu'importe s'il publie un jour un disque r'n'b en collaboration avec Rihanna. Je serai le premier à l'acheter.
Matthieu_Petit
8
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le 5 avr. 2013

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Matthieu Petit

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