Bleu pétrole
7.9
Bleu pétrole

Album de Alain Bashung (2008)

Douzième et ultime album-studio d'Alain Bashung. La maladie l'emportera peu de temps après. So sad.
Avril ou mai 2010, je suis dans un bar. Ce soir-là je joue de la guitare et chante du Bashung, accompagné sur un titre par une copine ("Je fume pour oublier que tu bois" pour situer). Au programme "Résidents de la République", "Hier à Sousse", "Sur un trapèze" et quelques autres morceaux de précédents albums. Moment particulier puisque la disparition du monsieur était assez fraîche. Comme beaucoup j'avais été ému par cette triste nouvelle, et le fait du lui rendre hommage à travers mes interprétations m'a fait être dans un état assez second, comme porté. Je lévitais sur mon haut tabouret, guitare sur ma jambe droite, le public en face et sur le côté. Environ 30 personnes étaient présentes. Pas un bruit. Impressionnant mais qu'importe il fallait que je commence. Quelque chose comme 30 minutes après j'étais vidé comme si je venais de courir une longue distance. Étrange impression.

Cet album m'a lui aussi fait une étrange impression. Parti sur les chapeaux de roue, il se termine en tête-à-queue. Malgré une reprise aussi inutile que mauvaise de "Suzanne", le reste de l'album réjouit et parfois émerveille. On se sent comme porté, déplacé et happé ("Comme un Lego", "Résidents de la République", "Sur un trapèze"). Des instants empreints de poésie, de légèreté, de douceur même. "Tant de nuits" vaut lui aussi d'être mentionné par sa beauté simple, son orchestration poignante, son texte déchirant.
Certes la voix de Bashung n'est plus la même affichée quelques années auparavant mais l'on sait tous pourquoi. C'est pourquoi il faut avoir cette légitime indulgence le concernant. Écouter cet album c'est le faire avec du recul et avec intelligence. A savoir prendre en compte ce paramètre et se dire "putain ce mec est gravement malade et pourtant il réussit à balancer de l'émotion juste avec sa voix". L'instrumentation joue certes une grande part dans la réussite des morceaux. Guitares, violons, harmonica, banjo, piano, basse et même ukulélé sont au rendez-vous et donnent cette couleur (bleu pétrole) si particulière à l'ensemble. Son atmosphère teintée de beau et de triste.
Un tour d'honneur pour un artiste qui aura marqué la musique française de son empreinte.
Respect à lui et son acharnement.
lehibououzbek
7
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le 29 juil. 2014

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