Beyoncé
6.7
Beyoncé

Album de Beyoncé (2013)

BEYONCÉ c'est tout simplement l'apothéose de la tant attendue diva de la pop et du R'n'B. Opus le plus attendu de l'année 2013 et le plus vendu de l'année 2014. Un tout nouveau concept audio-visuel: 14 chansons assez diversifiées pour chaque humeur et d'excellente qualité qui auraient chacune pu être exploitée comme single. C'est donc une multitude d'univers que nous fait découvrir l'artiste comme jamais auparavant. Bref, enfin de quoi surnommer Beyoncé, Queen B. Même si il lui a été reproché d'avoir volé le concept de Kanye West, Beyoncé nous démontre brillamment qu'elle mérite sa couronne de reine de la pop.


L'album commence avec "Pretty Hurts", une critique honnête du monde superficiel et trop exigent des concours de beauté et de l'obsession de la beauté. La chanteuse nous immerge alors dans le quotidien de jeunes candidates à un concours de beauté. Elle est elle-même appelée sur le podium où elle chantonne timidement le refrain de la chanson, puis la musique commence progressivement. C'est ainsi qu'elle nous fait part de sa vision en faisant constamment le parallèle entre le monde caché des répétitions interminables, des sourires forcés, des filles qui se font vomir, qui se nourrissent de boules de coton et celui que l'on veut bien montrer au spectateur, plus glamour, plus propret... Beyoncé semble être le seul électron libre au milieu des autres candidates qui supportent tant bien que mal la calvaire. Pourtant ce n'est pas encore gagné. Elle arrive loin dans la compétition et lorsque l'animateur lui demande à quoi elle aspire dans la vie, elle répond tout simplement après une longue hésitation "To be happy" (Être heureuse). Ce n'est donc pas une évidence pour une jeune femme qui a été habituée toute sa vie à agir pour la satisfaction des autres au lieu d'oeuvrer à son propre bonheur, tout cela pour remporter des prix, la marque bien dérisoire d'un jugement de valeur auquel Beyoncé finit par n'accorder aucune importance. Pour elle ce n'est pas le corps mais bien l'âme qui a besoin d'être opérée


. Enfin vient l'avènement de la femme libérée qui détruit sauvagement ses trophées et cri tout son dégoût pour cette usine qui fabrique de beaux physiques mais des femmes frustrées. Le clip est clôturé par une vidéo de Beyoncé enfant qui reçoit un prix et remercie les juges et ses parents.


Le clip suivant est celui de "Ghost". Une esthétique minimaliste et un très bon cadrage sur Beyoncé pour mieux admirer sa beauté. En effet, l'artiste arbore un teint nude dans cette vidéo. Elle est statique le regard perçant, l'air pensif sur un fond blanc entrecoupé d'images furtives qui paraissent sortir de son imagination où on la voit cette fois-ci s'ébattre sur un fond noir. Flash ! Vient la magnifique séquence de la danse avec le voile noir qui ondule au gré du vent et finit par lui recouvrir le visage. Elle fait gracieusement bouger le tissu qui prend de jolies courbes et c'est à ce moment que la vision de l'artiste est altérée par les fantômes qui la hantent: dédoublement, course sous la pluie, corps endoloris... Beyoncé est désormais coincée dans un voile blanc qui devient noir et entrave ses mouvements. Debout sur un fond gris, les mondes du réel et de l'imaginaire semblent avoir fusionnés. Les images deviennent incontrôlables, elles apparaissent furtivement puis disparaissent, se mêlent, se multiplient, troublant ainsi un peu plus la frontière entre les deux mondes. Stop ! Beyoncé se réveille du mauvais rêve et reprend la posture du début, le voile noir la recouvre à nouveau ne laissant entrevoir que son oeil.


Le prochain clip, "Haunted", est couplé sur l'album audio avec "Ghost". Chacune des chansons est néanmoins associée à sa propre vidéo.
3...2...1... La scène s'ouvre sur une chambre blanche énigmatique. Les premières images du manoir sont intrigantes et mystérieuses. Elles produisent parfaitement l'effet attendu chez le spectateur. Le feu de la cheminé s'allume seul et la télévision affiche le mot "Haunted" pour signifier que la maison est habitée par des esprits. Beyoncé arrive avec ses bagages, prête à passer seule un séjour dans la maison hantée. Elle entre magnifiquement vêtue, se met à l'aise, allume une cigarette, prend les clés de sa chambre (91) et monte à l'étage. Jusqu'ici rien de franchement bizarre pour Bey. Elle franchit le pallier et croise successivement tous ses colocataires résidant dans des chambres pour le moins loufoques alors que la musique commence. Les téléviseurs diffusent une image d'elle en noir et blanc chantant le premier couplet. Les images des résidents se livrant à toutes leurs activités s'enchaînent, le spectateur est époustouflé par une pléthore d'images toutes plus extravagantes les unes que les autres. Beyoncé enfile enfin sa couronne, le corps étendu sur le lit de sa chambre, c'est désormais la reine des fous qui hantent la maison. Quand bien même elle décide de quitter la maison.


"Drunk in Love" est le premier single extrait de l'album. Le clip est tourné en noir et blanc, une recette qui a toujours bien réussi à Beyoncé. Elle arpente une plage en bikini, un trophée à la main, sûrement un référence à "Pretty Hurts". Les violons jouent une musique de plus en plus glaçante à mesure que la chanteuse approche. Le sample démarre, Beyoncé se tient courbée, le regard vitreux, elle a visiblement bu. Elle erre donc sans but sur la plage en parlant d'un homme dont l'amour l'enivre. Elle se met à genoux ou se couche sur le rivage pour se faire bercer par la vague, enchaînant les positions sexy, puis exécute son plus beau déhancher en chantant le refrain. Elle prend des postures torrides sur le sable et regarde l'objectif avec l'air de s'adresser au garçon tout émoustillé qui regarde la vidéo. Dommage, Jay-Z fait irruption comme un cheveu sur la soupe au milieu du deuxième couplet. Il est est certes de dos mais s'en est déjà assez surtout lorsqu'on le voit réalisé une partie rappée avec un flow impeccable par la suite. Et tout ce finit bien pour Queen B qui retrouve l'homme dont elle parlait, le seul qui compte à ses yeux.


"Blow" est sans doute le petit rafraîchissement qu'on attendait avec impatience, le petit plaisir dont on se délecte tant le clip est admirablement bien réalisé. Beyoncé à vélo portant un manteau Versace n'est qu'un petit avant-goût. Le clip détonne avec son ambiance feutrée et ses couleurs pétillantes, fluo et acidulées. Bey nous offre une des chorégraphies travaillées comme elle sait si bien les faire conjuguées à des décors et une ambiance disco. Et c'est sur la patinoire puis au bar que la danse continue. Queen B renoue habillement avec la période disco sans pour autant avoir l'air ringarde. Elle enchaîne en prenant la pose à quatre pattes sur une voiture des 80's, les cheveux ébouriffés en chantant le remix de "Grown Woman". À mes yeux le meilleur clip de l'album grâce à sa sensualité.


"No Angel" nous emmène à Houston, ville d'origine de Beyoncé, dans le Dirty South qu'elle aime tant. Lumière sur les quartiers populaires de la ville, essentiellement peuplés d'afro-américains. Bey, toujours aussi sublime dans son manteau de fourrure blanche, chante au milieu d'une maisonnette en bois tandis que défilent des images des jeunes noirs dans leur milieu de vie. Voitures customisées, tatouages, street wear, grillz, chaînes en or et strip-teaseuses mais aussi pauvreté, et mort font le quotidien de ce quartier. La caméra montre crûment la vie des riverains sans artifices, sans mise en scène et c'est sûrement sa spontanéité qui fait le charme du clip.


"Yoncé" est un clip beaucoup plus frivole avec trois mannequin connu du grand public qui arpentent les trottoirs d'une rue en compagnie de Beyoncé. Celle-ci, jamais à court de sex-appeal, se caresse lascivement, appuyée contre un mur en brique, et se trémousse dans des tenues moulantes avant d'être rejointe par ses petites amies qui n'hésitent pas à la caresser et à la lécher.
Mais ce n'est rien comparé à l'ambiance sexy-chic de "Partition". Beyoncé, plus coquine que jamais, nous fait par de son envie défaire l'amour en entonnant le début de la chanson en petite lingerie. Elle est éblouissante au Moulin Rouge où elle devient l'espace d'un instant danseuse de cabaret pour son mari. Il n'y aurait sûrement pas eu meilleur moyen pour admirer sa sensualité que dans ses danses terriblement sexy qui font tourner la tête.Elle démontre la souplesse de son corps de toute beauté notamment dans la partie en français où elle se met à faire des pirouettes sur un chapeau géant. Elle conclut par une danse féline pour son mari qui lui plait au point qu'ils finissent dans la voiture...
"Jealous" entre dans la continuité du clip précédant. En effet on y voit Beyoncé monter sur le toit du château dans lequel elle était déjà dans "Partition" vêtue d'une robe en dentelle noire. Ensuite, on la retrouve assise à une table dans un appartement à la décoration baroque. Elle semble contrariée car son homme n'est pas à l'heure pour dîner. Elle déborde de violence, casse les verres et renverse la vaisselle, parfaitement crédible dans son rôle de femme en colère, puis elle se rend à une fête où elle rencontre son ex petit-ami. Elle quitte son appartement dans un élégant manteau Burberry, se ballade dans la rue et embarque le spectateur dans son trajet en voiture à l'autre bout de la ville. À la fin, elle retrouve son ex dans la rue. Ce n'est pas mon clip préféré pour autant parce qu'il est un peu moins authentique que les autres.


Retour au noir et blanc avec "Rocket", sans doute l'un des clips les plus aboutis de l'album. Un parfait concentré de tout ce qui fait Beyoncé qui n'a jamais été aussi intimiste. Elle est toute nue dans son lit et se caresse doucement les fesses. Les cuisses, la bouche, les cheveux, le cou, le visage. On redécouvre l'artiste dans ses draps à travers les parties de son corps qui nous sont présentées une à une dans une atmosphère douillette. Un tableau surréaliste, une gouttelette coule sur son dos qui se transforme en vallée. La courbe de ses fesses ressemble à une montagne tout comme son ventre ressemble à une dune. Beyoncé prend le temps de ralentir dans ce clip. Il faut aussi souligner l'attention portée sur les détails qui font la qualité de la vidéo: l'eau coulant du robinet, le feu sortant de la gazière, le visage de Beyoncé s'immergeant dans son bain. Pleine de sensualité, Bey s'offre au spectateur en petite lingerie et tente du mieux qu'elle peut de paraitre naturelle dans cette mise en scène qui imite à la perfection le quotidien d'une jeune femme normale.


"Mine" évoque une fois de plus les sentiments amoureux. Des sentiments très fort puisque le clip s'ouvre sur le titre en train de brûler. Beyoncé se tient cette fois-ci assise gracieusement, un voile blanc posé sur la tête, avec une jeune fille qui a la tête posée sur son genou. À l'arrière, une troupe de danseurs exécutent des mouvements de danse contemporaine au ralenti toujours avec ses voiles rappelant "Ghost". La chanteuse pose un regard vide vers le bas en pensant à ses sentiments. Elle tient un masque blanc représentant son visage dans la main gauche qu'elle se met au visage. Un fabuleux moment de grâce. Dans la séquence suivante elle lâche la main d'une mystérieuse personne et s'éloigne peu à peu avant que des flashs ne montrent à nouveau les danseurs sur une plage. Drake apparait; des flashs s'alternent, le montrant successivement lui, Beyoncé et les danseurs. On comprend désormais que c'est à lui que Beyoncé porte ses sentiments amoureux. Moment de plénitude, Beyoncé chante seule tandis que la fille qu'elle tenait sur son genou marche dans le désert, puis des danseurs partant des cagoules sur lesquelles sont inscrits "Mine" et "Yours" se câline dans la mer. Drake enchaîne avec une performance classique et simplette pour laquelle le réalisateur n'a pas du se fouler les côtes. Heureusement que les images de danseurs entrecoupent cette séquence qui est vraiment de l'ordre du petit supplément pas franchement utile.


"XO" rejoint "No Angel" dans la liste des clips sans mise en scène. Bey est dans une grande fête foraine où elle passe toute une soirée avec ses fans. Toute en amusement et en sensations forte, Beyoncé semble plus heureuse que jamais aux côtés de ses fans avec qui elle fait le tour des attractions. Elle teste les montagnes russes, la grande roue mais finit par se retrouver au milieu de la foule de fans qui l'attendent. Tout se finit en feux d'artifice, une belle déclaration d'amour à ses fans.


L'hymne féministe "Flawless" est sans doite l'un des meilleurs morceau de l'album. C'est tout de même une petite déception au niveau du clip. Il commence par une image d'archive montrant un présentateur de télé-crochet introduire Beyoncé et son groupe de l'époque nommé Girls Tyme, en compétition face à un groupe de rock entièrement masculin. Par la suite, Beyoncé nous accueille dans une atmosphère sombre aux côtés de skinhead qui dansent en se bousculant et en se donnant des coups de pied. Elle semble atteinte de folie ou peut-être possédée quand elle ordonne à des "bitches" de se prosterner. Enfin un ralenti lorsque Chimananda Ngozi Adiche fait son discours sur la condition féminine. On en avait besoin tant l'ambiance du début était pesante. Puis vient la chorégraphie un peu nulle sur la deuxième partie du morceau ("I woke up like this"). La vidéo se conclut sur les images du début sauf qu' ironie du sort, Betoncé perd face à un groupe d'homes.


"Superpower" est entièrement au ralenti dans un paysage urbain en pleine ruine. Beyoncé avance au milieu d'un parking. Elle s'arrête pour mettre sa cagoule. Petit à petit, ses acolytes arrivent un à un formant au final une horde révolutionnaire qui une fois unie a un super pouvoir (d'après les paroles). Arrivée dans les ruines d'un supermarché elle retire sa cagoule et marche dans la rue avec sa troupe qui la saccage, cassant, piétinant, brûlant et taggant tout sur son passage. À la fin, Kelly Rowland et Michelle Williams des Destiny's Child ainsi que Pharell Williams se rejoigne au groupe pour un affrontement final avec les CRS. Au clip plus que bizarre qui ne m'a pas du tout plu.


"Heaven" est une autre bizarrerie de l'album. Bey n'est pas très crédible dans son rôle de jeune femme éplorée qui se rend à l'église pour prier et déposer une gerbe en l'honneur d'une défunte amie. Elle l'est sans doute plus dans celui de la fêtarde que l'on aperçoit dans les flash-backs. Elle se remémore tous les bons moments vécus en compagnie de son amie. Et là les larmes finissent par venir. Pitié Beyoncé prend des cours de théâtre ! Cette interprétation est franchement ignoble (au moins les vêtements peuvent relever la qualité médiocre du jeu de Bey).


Ouf ! Blue Ivy permet à sa mère de se rattraper sur la fin avec un vent de fraîcheur brésilienne bien méritée pour s'éclaircir les idées. Il n'y avait pas meilleur moyen de conclure qu'avec la toute nouvelle venue Blue Ivy. Et quel meilleur moyen de redécouvrir les paysages et l'ambiance du Brésil qu'aux côtés de. Beyoncé ? Ce Troisième clip sans mise en scène (avec "No Angel" et "XO") nous emmène au coeur de la vie des brésilien, une sorte de Dolce Vita à l'américaine. On retrouve football, samba, plage, pêche, farniente, et pleins d'autres ingrédients qui font de ce derniers clip la fin en apothéose parachevant l'album. Beyoncé nous dit au revoir en s'éloignant avec sa fille sur la plage.


Merci si vous êtes arrivé à cette phrase en ayant tout lu. ; )

Illuminatus
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le 20 juin 2015

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Kanga Moufassa

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