Un été dans le Bayou

Droit dans leur bottes, enfoncés jusqu'aux chevilles dans terre humide du Bayou, au milieu de cette chaleur étouffante, les quatre membres du Creedence jouent imperturbablement leur bleus rock si caractéristique. Comme enracinés dans cette culture blues à laquelle ils avaient rendu un si bel hommage sur leur premier et précédent album, ils ne changent quasiment pas leur recette.

C'est toujours un son très inspirés par la musique du sud profond des Etats-Unis. Ses guitares grattées nonchalamment et pourtant qui donnent envie de danser le quadrille. Et la voix inimitable de John Fogerty complètement habité par son rôle de chanteur folk d'une petite bourgade du Tennessee. On sent qu'il l'adore ce rôle, et il nous le fait adorer.

Il le chante haut et fort, il est né dans le Bayou. Il en est fier, mais surtout il a hâte de le retrouver. Et ces mots qui reviennent sans cesse dans la chanson d'ouverture "Born on the Bayou", comme une invocation, comme un souhait le plus cher, il y est né, et il y finira ses jours.

Puis Fogerty nous chante ses histoires que les hommes se racontent autour du feu le soir venu. C'est l'histoire de Mary qui a quittée le Bayou pour trouver du travail en ville, mais il n'y a pas de meilleur endroit sur terre que le Bayou. On se raconte aussi la légende du Graveyard Train qui emmène les morts on ne sait où, et qui finira par nous prendre aussi. Et puis le penthouse pauper (celui qui vit de ses illusions) y confie ses souhaits les plus chers de richesse, de mariage, d'une vie paisible.

Sans doute l'album le plus folk du Creedence, peut être aussi le plus personnel. Il n'y a qu'une seule reprise, et quelle reprise d'ailleurs de ce titre de Little Richard. Le reste a été écrit par Fogerty qui laisse plus que jamais s'exprimer cet amour pour le blues. Je regretterais presque de ne pas m'être laissé emporter dans le pays cajun. Personellement j'ai moins accroché à Bayou Country qu'au premier album éponyme, et même à Green River ou Cosmo's Factory. Mais il faut reconnaitre que le CCR réalise ici un album digne de son talent, et qui lui ressemble plus que n'importe quel autre.