Archive a toujours été un groupe attiré par divers concepts assez visuels et a souvent vu les choses en grand pour ses albums, avec parfois des compositions pouvant réellement s'assimiler à une bande originale. À l'instar de tous ces artistes souhaitant sortir de véritables oeuvres artistiques complètes (au hasard Childish Gambino l'an dernier dans un autre registre), le dernier effort d'Archive ne se contente pas que de la musique puisqu'une fois l'album terminé, le collectif britannique va cette fois aller jusqu'au bout de son idée et soumettre au collectif espagnol NYSU Films et au réal Jesus Hernandez d'élaborer un moyen-métrage de quarante minutes à partir de cet album, qui en est donc la bande-sonore. Cette critique ne concerne que l'EP.
Axiom est une oeuvre spontanée de sept chapitres où tout a été enregistré en dix jours consécutifs, d'une traite. Les thèmes ne sont pas sans rappeler ceux du meilleur roman de l'univers, le bien nommé 1984 d'Orwell (encore une oeuvre qui s'en sera inspirée!) puisqu'il est question d'un monde désuni où l'oppression et le fanatisme divisent les Hommes : l'intrigue se déroule après la troisième guerre mondiale et le seul être a avoir survécu au cataclysme nucléaire est devenu le prophète d'un monde dans lequel tout est contrôlé, jusqu'à la démographie de l'humanité. Le pouvoir qui contrôle les médias est détenu par un prêcheur tyrannique qui fait régner la terreur par le biais de la répression militaire. Le morceau titre de l'EP/BO sert justement de fond à une interview de ce personnage expliquant à la TV les préceptes de "Axiom" (étymologiquement désigne en gros une vérité indémontrable qui doit être admise par tous). Seul "Black Icarius" un motard énigmatique recherché par les autorités, et les "Distorted Angels" (les anges déformés, nommés ainsi par le prêcheur despote) essaient d'échapper à la tyrannie, le premier en la fuyant et les seconds en sacrifiants leurs oreilles à l'aide d'un "élixir de liberté" qui leur fait brûler les tympans (bonus track "Mutilate" qui ne sera que sur l'édition deluxe). Des thèmes récurrents chez Archive, notamment sur le sombre et excellent Controlling Crowds où il était aussi question de liberté individuelle et d'amorphisme des populations.
Musicalement, le savant mélange habituel de trip-pop et de rock progressif propre au groupe est toujours présent ("Baptism", "Transmission Data Terminate") mais laisse cette fois une plus grande place à l'atmosphérique, avec un côté "Pink Floydien" très prononcé. C'est très progressif ("Axiom"), l'atmosphère est dramatique, surtout en ouverture ("Distorted Angels"). Les sons organiques et électroniques fusionnent bien. Tantôt hypnotiques et lourds, tantôt plus pop et relâchés, les morceaux parviennent à créer une ambiance particulièrement anxiogène qui prendra tout son sens avec le métrage Axiom, et c'est peut être le principal "problème"… car comment prendre ce disque, comme un EP à part entière, ou comme une vraie bande originale ? S'il peut bien sûr être écouté seul il est à mon avis indispensable de se regarder le métrage ou du moins les différents vidéo-clips des morceaux pour s'imprégner de la trame.
L'EP est un pur concept à prendre dans son entièreté, et même si le film n'est "que" l'adaptation du script du disque il est aussi important que l'aspect sonore. À part cela un tel concept aussi travaillé et complexe, avec de telles références est forcément captivant. Lorsqu'en plus c'est Archive qui s'y colle ça ne peut qu'être excellent. Surtout quand on connait le talent et potentiel créatif du groupe: l'histoire défonce et les musiques aussi. L'EP seul est intéressant, mais casse gueule et incomplet au final. Il convient donc de voir le film pour kiffer Axiom comme le groupe le voudrait. Et pour ceux qui n'adhèrent pas, rendez vous en janvier 2015 pour le prochain album studio.
➜ Axiom (Film) : https://www.youtube.com/watch?v=X8Bbx6sd-2M&spfreload=10
http://www.axiomthefilm.com
http://archiveofficial.com
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