Aux Solitaires ! par Gentille-Marguerite

Aux Solitaires est un album absolument bouleversant. Les textes sont magnifiquement touchants, personnels, intimes, uniques, mais avec cette force extraordinaire dans laquelle chacun peut retrouver ce qu’il pensait avoir perdu ( l’album mérite déjà d’être écouté rien que pour ses textes, chacun étant un poème, à commencer par « Les solitaires », un magnifique poème de Renée Vivien pour ouvrir l’album ). C’est aussi cela la beauté de cette musique, une musique totale dans laquelle chacun projète ce qui lui appartient et en ressort malgré tout grandit. Les passages acoustiques sont d’une simplicité qui confine à la grâce, suivis de morceaux charpentés, aux architectures si grandes ( « La peur des regrets » ) pour un album si intérieur. Chaque partie de l’album est construite avec minutie, et fourmille de détails en même temps que jamais la ligne principale ne se perde ( « Vertige » ). Et pourtant on gagne à se laisser planer, et c’est parce que les repères nécessaires à toute écoute sont toujours au premier plan qu’on tiens tant à se perdre volontairement dans les sonorités vaporeuses et les atmosphères, flottantes entre deux flux tendus, car il y a aussi des passages d’une puissance absolument hors norme ( « Seule » ). Le chant guttural n’est pas trop lointain, mais il n’est pas non plus au premier plan - c’est sans doute, en un sens, ce qu’il y a de plus équilibré dans l’album, dépassant la dépression dans un fabuleux hymne à la solitude ( qui se conclut par un Final littéralement au bord du précipice ). Si certains morceaux sont plus attendus, ils ne déçoivent jamais, au contraire ( « Aux incompris des incomplets » ), aussi car les développements sont toujours à la fois originaux, emplis d’un sens toujours nouveau. Le seule bémol reste malgré tout la batterie, trop en retrait et malheureusement moins créative en regard du reste de l’album. Aux Solitaires est un voyage à travers soi, qui annonce un repos qui se trouve dans le tragique renoncement à trouver la paix intérieure.