Auguri
7.7
Auguri

Album de Dominique A (2001)

À mon tour de l'être... remué. C'est peu, c'est rien, mais si Dominique A oublie de poser l'ensemble de ses doigts sur le manche, John Parish, lui, fait de même, pour compléter avec les notes les arrangements restant à naître, ni minimalistes, ni discrets, juste à leur place dans l'univers de l'"Ascentiel". Tranquille, libéré et épaulé, Dominique A chante, avec moins de circonspection, pas pour autant avec prestance, ses histoires... Pornographes ? Souriantes ? À double-fond ? À fond propre et souillé ? Oui, quand même, quoique... Dominique A, en observateur de son ombre fidèle, se projette. Beau, il l'est. Et il sourit, mine de rien. Même si. Même si la porcelaine, au fond de la rétine, inversée, renvoie et projette l'image de la cuisine, du lavabo, lieu particulier de ses méditations mélodiques et narratives. Lieu-objet, familier, surtout pas résidentiel, normalement. Ça dépend chez qui, tout dépend de la situation. Ça peut faire mal d'être moins blanc, moins froid que cette porcelaine entachée et si domestique. Mais comme, suppose-t-on, il faut aimer quand même, quelque chose ou quelqu'un, ce seront les hommes, les femmes et la fatalité douce-amère qui joueront la scène. Dominique A est de ceux-là, metteur en scène, acteur, spectateur, victime pour ceux qui y croient. On lui pardonne d'avoir ce courage volatile, cette pensée décalée, pleine d'humour et d'humeurs. Dominique chante l'amour et la vie, depuis tout le temps. Mais aujourd'hui avec une bienveillance sacrificielle qui vaudrait bien une Leçon De Piano. C'est agréable. On accepte alors ses cernes, les histoires trop petites pour les êtres sublimés qu'elles ont créé... Ah Dominique, salaud, pourquoi ces voeux ? Sont-ce les meilleurs (Auguri en italien) ? Venise n'arrange rien. Un masque, une mélodie, une histoire, et l'arrivée à destination... Les flots. Toujours. (Magic)


De l'esprit à la chair c'est peut-être ce qui marque le plus le changement de Dominique A. Depuis le flou artistique de la pochette de la Fossette, Il avait l'habitude de changer d'habit entre chaque album. On l'avait connu timide, discret, amoureux, énervé (ou presque), le revoici sexuel !

En premier de cordée d'une certaine indie pop à la française Dominique A. reste en avance sur son temps et quand les suiveurs en sont encore aux peines de cœurs et au atermoiements de jeunes débutantes, Monsieur A, lui, explore avec délice et réussite la luxure des liaisons dangereuses. Entre rupture et nouvelle aventure, quand la séduction est encore à 100%, quand l'attirance sexuelle prévaut, “Auguri” fait son lit de l'envie. Difficile d'échapper à la bousculade des sentiments de cet album avec Dominique A. comme seul point fixe dans l'œil du tourbillon des passions, passées, présentes et à venir. Le désir brûle tout sur son passage et provoque autant d'excitation (« pour la peau ») que de culpabilité (« en secret »). Dominique A s'en veut, il se traite de noms d'oiseaux «raclure», «miteux», «salaud» mais cela ne l'empêche pas d'en remettre une couche (« le commerce de l'eau »). Bousculé par la violence de ses sentiments il délivre ici son meilleur album.
La collaboration avec John Parish fonctionne à merveille, les morceaux s'enchaînent âpres et déterminés puis coulants et entêtants. Dominique A. a fourni les fondations et la structure des chansons, John Parish a apporté ses motifs de guitares, ses arrangements rugueux et une sensibilité toute particulière. Doux amer, très inspiré, “Auguri” présente Dominique A sous un nouveau jour, moins dandy, moins apprêté, plus humain, plus passionné. “Auguri” est une réussite sous tous les plans et replace le A en tête de l'alphabet de l'indie pop a la française.(Popnews)

bisca
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le 22 mars 2022

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