Audio, Video, Disco.
6.4
Audio, Video, Disco.

Album de Justice (2011)

Le deuxième album de Justice avait la lourde tâche de succéder à un premier opus brillant, agressif, complexe, recherché, reflet d'une image noire, robotique, futurisante de la vie moderne. Les remix envoyés par-ci, par-là semblaient montrer une suite édifiante.
Il n'en est rien. Audio, Video, Disco a été salué comme un "album courageux". C'est vrai. Audio, Video, Disco semble avoir été conçu dans le seul but de compiler le mauvais goût musical (hard/prog pompeux des 70s, disco de fin de soirée cocaïnée aux relents de gueule de bois, etc.) en une seule galette. C'est fort.
Ici, les notes s'enchaînent sans jamais surprendre, et je me suis surpris, à la première écoute, à chanter la suite des solos de guitares avant même d'en avoir entendu la fin. Certes, les deux compères ont bien insisté sur le fait qu'ils ne sont pas musiciens de formation. Bien. Mais dans ce cas, pourquoi tenter d'évoquer les grandes heures du prog 70s, quand la virtuosité et l'expérimentation étaient de mise (parfois pour le pire), si ce n'est pour n'en donner qu'une version simplifiée, abêtie, une copie nécessairement obtuse? Pourquoi abandonner la magie pop des premiers singles pour une lourdeur sans moyens?
Ah, mais Justice, c'est de l'electro, pas du rock, même si les parures pileuses impressionnantes du duo pourraient le faire croire. Ce qui compte, c'est le beat. Et c'est là l'autre grande déception d'Audio, Video, Disco. Les morceaux entraînants ne sont pas plus là que les mélodies, à de rares exceptions près (Civilization, qui n'égale pas la magie des débuts cependant).
Cette chronique n'est pas un avis nostalgique de quoi que ce soit. De Justice, il reste de la musique brillante, et d'autres remplissent depuis nos oreilles avec de la haute qualité. Il est juste regrettable que Gaspard Augé et Xavier de Rosnay aient arrêté d'en faire, obscurcis semble-t-il par une mégalomanie à petits bras, envahis peut-être par leur envie d'être des rockeurs.
On ne peut que souhaiter que Justice nous revienne un jour, soit en ayant appris à jouer, soit en laissant les egos au vestiaire et en redevenant ces alchimistes pop qu'ils ont su être, hors de la tentation prog qui exige la rigueur.
OmarPigeon
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le 11 juil. 2012

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