Au‐delà du délire
7.4
Au‐delà du délire

Album de Ange (1974)

Si l'on cherche aujourd'hui sur le Net le sujet de "Au-delà du Délire", concept album reposant sur un script de Christian Décamps, Roger Lombardot et Jean-Claure Pognant, alors manager de Ange, voici ce qu'on découvre :


C'est "l'histoire de Godevin des Alouettes qui vit avec sa femme Céline et leurs enfants en 1358 au Moyen Âge et qui est un vilain pour le compte du baron Henri De Valeran. Un jour il rencontre Isaac un alchimiste et lui fait part de sa condition de vie misérable. Isaac lui enseigne alors une partie de ses connaissances et Godevin, en revenant au hameau, parle à ses compagnons décide de fomenter une révolte et de devenir un homme libre. Elle sera vite réprimée par la noblesse et le baron, intrigué par le comportement de Godevin, l'invite au château et tente de le soudoyer pour connaitre son secret. Devant le refus de Godevin, il le fait brûler en tant qu'hérétique mais le "moi" spirituel de celui-ci rejoint le cosmos. Il y parfait ses connaissances en observant la destruction de la race humaine à travers les siècles et lorsqu'il revint sur terre au XXVe siècle, celle-ci est revenue à son origine, la végétation et les animaux sont toujours là mais les humains ont disparu. Godevin rencontre alors une biche qui peu à peu se transforme en femme ayant les traits de Céline."


… A se demander donc ce que tous ces braves jeunes gens fumaient en ce temps-là où les esprits "post-babas" étaient prodigieusement envapés ! Et ce d'autant que l'écoute attentive du texte des chansons ne permet de n'identifier qu'un lointain rapport avec cette histoire édifiante… un simple détail pour une époque (1974) où l'on ne se préoccupait pas outre mesure de cohérence ou de crédibilité !


Mais revenons à l'histoire de Ange : avec le succès grandissant rencontré par le groupe, de "Caricatures" au "Cimetière des Arlequins", Ange arrive en 1974 à incarner presque à lui seul le rock progressif - versant théâtral et perturbé, façon Genesis de Peter Gabriel - de l'hexagone. "Au-delà du Délire" sera donc logiquement le sommet de cet Ange première manière, mais marquera aussi le début de la fin, puisque Descamps et consorts ne seront plus par la suite ni aussi ambitieux, ni aussi euh... inspirés : car il y a ici, par delà le concept-album moyenâgeux lourdingue comme on les aimait alors (de "Tommy" à "The Wall", nos amis anglais ne faisaient guère mieux, convenons-en !), quelques chansons suffisamment lumineuses et bien troussées, voire même accrocheuses, pour résister à l'usure du temps.


Évidemment, l'emphase avec laquelle la musique est jouée et chantée fait que "Au-delà du Délire" aura mal vieilli, et qu'un auditeur du XXIème siècle est parfaitement en droit de se demander ce que croyaient ces illuminés qui voulaient emmener le Rock dans une direction "d'art total" : si écouter cette musique est devenu redoutablement difficile aujourd'hui, souvenons-nous quand même des concerts exaltés et généreux qu'Ange nous offrait à l'époque, et dont nous sortions toujours ravis, avec même les larmes aux yeux.


[Critique écrite en 2015 et complétée en 2019]

Créée

le 19 déc. 2015

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Eric BBYoda

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