Animals
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Animals

Album de Pink Floyd (1977)

La vraie face sombre de Pink Floyd, c'est Animals.

Bon clairement, c'est un album de fou. Après Dark Side, on pouvait s'attendre à une déception ; ce ne fût pas le cas. Apres Wish You Were Here, on pouvait encore plus s'attendre à une déception, mais devinez quoi ce ne fût pas le cas non plus. Ils sont forts ces Pink Floyd. En pleine ère de domination Thatcherienne, le groupe anglais change de registre et décide d'abandonner leur pâte psychédelique si charactéristique, maintenant place aux solos de guitare saillants, à une frappe tardive et rugueuse du batteur et à des accompagnements lourds et froids d'orgues du claviériste Wright. Cet album émane l'industrialisation anglaise, émane la politique conservatrice de Thatcher et émane la pochette de l'album, la Bettersea Power Station, une usine située à Liverpool devenue mythique grâce à cette couverture d'album. Au dessus de cette sombre usine flotte un cochon, représentant les dirigeants se gavant comme des porcs pendant que le peuple crève dans les rouages du capitalisme et du libéralisme. Bon maintenant qu'on a décrit l'évidente inspiration de cet album pour La ferme des Animaux d'Orwell, passons au contenu musical. Quand on mets "play" on commence par entendre Pigs On The Wing, Pt. 1. Une balade à la guitare accompagnée d'un chant du bassiste Waters. En écoutant les paroles, on ne peut à aucun moment affirmer qu'il s'agit d'un album dénonçant avec ardeur la révolution industrielle anglaise et ses dérives, mais que néni. Puis directement après avoir fini cette courte balade d'à peine deux minutes, un riff de guitare folk hypnotisant retentit. C'est le début de Dogs. Véritable chef-d'oeuvre de dix-sept minutes, Dogs démarre par un premier couplet comparant les chiens enragés aux politiciens “only the strongest will survive”, puis le reste des paroles de la chanson crache (à raison) sur les politiques destructrices capitalistes des années 70. Puis là, à 2.50min, un solo de guitare déchirant qui démarre sur les chapeaux de roues, exprimant toute la rancoeur de Gilmour, à moitié lassé du devenir du groupe. Ces solos s'enchaineront plusieurs fois pendant la chanson (celui vers 5.30 restera la plus mémorable à mon sens) ; après avoir écouté les 17min d'art total, un certain grouinement parvient aux oreilles, et oui c'est le début de Pigs, morceau pas mal sous éstimé mais pourtant si génial. Une mélodie de basse jouée par Gilmour démarre, puis la guitare éléctrique de Waters s'y met à son tour ; et tout d'un coup la voix déchirante d'un Waters au top de ses capacités se fait entendre, le "Charade You Are" restera célèbre avec aux refrains la présence répétitive d'une cloche à vache. La ligne de basse entrainante derrière renforce le côté agressif et franc de la chanson, tandis que le son de la guitare violente la rend quasiment apocalyptique, les grouinements continuent, s'intensifient pendant l'interlude à un point de devenir vraiment flippants. Et soudain le chant reprend, la cloche aussi, tout se prépare pour l'apothéose de cette chanson. Là le solo de guitare commence, les solos bluesys et atmosphériques de Gilmour disaparaissent pour laisser place à un solo déchirant et d'une intensité rare, les notes sont agressives, rèches, violentes et envahissent les oreilles de l'auditeur jusqu'à en finir le morceau en fondu sonore. Puis après 11 minutes de souffrance agréable démarre Sheep, par des beuglements de moutons et des gazouillements apaisants d'oiseaux. Un enchainement de notes au clavier, un peu jazzy et rappelant les albums antérieurs du Flamant Rose. La basse arrive comme toujours après puis les tambours s'excitent et laissent plâce à la portée monstrueuse de la voix inquiétante et quasiment folle de Waters. Les accords de Gilmour subliment cette frénésie musicale, la basse s'intensifie et les accompagnements du claviériste conservent ce côté jazzy et agréable de la mélodie. Encore une fois, le chant et la mélodie reprennent apres l'interlude, les accords du guitariste sont maitrisées à la perfection et terminent une nouvelle fois le morceau. Dogs Pigs et Sheep, encore une fois nous voyons l'inspiration pour la dystopie d'Orwell. Pour la première fois de son histoire Pink Floyd ne veut plus dire espoir ou journées ensoleillées londoniennes. La sortie de cet album fût surement la fin du Pink Floyd tel qu'on le connait. Sur la douce et rafraichissante deuxième partie de Pigs On The Wing, l'album se conclut sur tout de même une touche d'optimisme.

angef
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le 15 sept. 2022

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