Il en faut de la conviction et du culot pour sortir en France en 2003 un premier album pop aussi fondamentalement classique et anachronique, chanté en anglais, qui plus est. Il en faut aussi du courage, et peut-être même un peu d'inconscience pour choisir en guise de patronyme ce slogan affirmant, dans une époque qu'on peut légitimement soupçonner d'indifférence, l'importance cruciale du fondateur de Pink Floyd aux neurones trop tôt grillés. Mais ces qualités de caractère ne susciteraient qu'une vague sympathie si elles ne s'accompagnaient pas d'un talent certain pour fignoler de petits bijoux psyché-pop qui n'ont pas grand-chose à envier à leurs équivalents britanniques. Ce disque attachant confirme en effet toutes les qualités déjà entrevues sur un 45 tours et un Ep dont on retrouve ici les moments les plus forts, notamment Black & White Eyes et sa ligne mélodique d'une pureté telle qu'on se demande encore comment ni Donovan ni Kevin Ayers n'ont eu l'idée de la composer du temps de leur splendeur. Il ne reste plus aux cinq Parisiens qu'à exploiter leur belle marge de progression et à éliminer quelques longueurs instrumentales superflues qui nuisent parfois à la densité du propos. Les sachant également capables de performances scéniques d'une intensité étonnante, on leur souhaite de parvenir désormais à capturer encore plus fidèlement sur disque toute l'énergie dont ils font preuve en concert.(Magic)


Avec un certain goût du teasing, Syd Matters avait su nous allécher : son premier ep, jolie collection de complaintes boisées, s’intitulait "Fever In Winter, Shiver In June". Nous attendions donc avec une fébrilité toute journalistique (ce qu’on peut être émotif…), une fois l’été caniculaire venu, les frissons de circonstance. Or si "A Whisper and a Sigh" tient en partie ses promesses, révélant une fois de plus le talent de notre homme pour chahuter avec grâce cette pop vaporeuse faite de cotonneux accords, de claviers ivres et de guitares cajoleuses qu’affectionnent tout particulièrement nos compères anglo-saxons, il faudra toutefois émettre quelques réserves concernant le dit frisson. Car à l’évidence, la surprise tant attendue n’est pas au rendez-vous. Est-ce à dire que "A Whisper and a Sigh" serait décevant ? Pas vraiment. Assurément, Syd Matters reste ce jeune compositeur doué capable l’espace de quelques chansons de rivaliser avec les maîtres du genre. Mais paradoxalement, c’est aussi le problème. Car si notre Syd national n’a visiblement pas à rougir des comparaisons, il semble aussi avoir quelques difficultés à s’éloigner de ses influences les plus évidentes. Au détour, on rencontrera donc les intonations chères à Beck, période petit prince de la folk pop mondiale, les mélodies hypnotiques du roi Yorke, les arpèges azimutés des barbus Grandaddy et les atmosphères languides autrefois prodigués par le regretté Sir Barrett (autre Syd, même talent), ancien flamand rose transformé en légume bouilli par l’ardeur de ses soleils intérieurs. Dommage, car d’avantage de singularité aurait sans doute conféré à cet album par ailleurs excellent ce supplément d’âme qui fait les grands disques. Et les grands frissons.(Popnews)
Avec le premier prix du concours “CQFD” (Ceux Qu’il Faut Découvrir) des Inrocks en poche, Syd Matters se devait d’assurer son nouveau statut de jeune espoir français en sortant son premier album. Voilà qui est désormais chose faite avec « A Whisper and a Sigh » raisonnant comme la confirmation de sa fraîche réputation. Dés les premiers titres, Syd Matters se met en valeur en misant sur des mélodies accrocheuses façonnées par une boîte à rythmes nappée de couches de clavier abondantes, le tout rappelle parfois les barbus de Grandaddy (notamment le fantaisiste « Stone Man »). Sur « Black & White Eyes », sa voix, plaisante et contrastée, est soutenue par une guitare acoustique au refrain commun et toujours aussi efficace. Malgré cela, ce début d’album ne semble pas vraiment dégager quelque chose de personnel et d’original, diverses influences se font ressentir et on a l’impression qu’il y a un désir de trop bien faire chez notre homme au niveau de l’instrumentation. Ces morceaux, bien que séduisants, manquent d’un véritable fil conducteur qui apporterait de la cohérence dans leur succession. Puis, comme tombé du ciel, arrive le mystérieux « Dead Machine » qui constitue une réelle cassure dans l’album, cassure qui laissera entrevoir quatre titres de fin tout simplement beaux et sincères. « Morpheus », très belle ballade acoustique, est à l’image de ce quatuor final lorsqu’elle nous dévoile un Syd Matters sans colorants ni additifs plus abstractif et plus émouvant qu’en ouverture. On se laisse bercer par le vibrant « Tired Young Man » qui clôtura l’œuvre idéalement. Syd Matters nous offre donc deux visages sur cet album, un emprunt de mélodies fortes et bariolées et un autre plus discret dans une lignée songwriting plutôt évasive évocatrice d’une recherche d’authenticité. Lequel saura vous charmer ? (indiepoprock)
On aurait pu être préparé, avec le premier EP qu’il nous a livré, tant il était éblouissant…

Mais non…On peut parler mélodie, légèreté, songwritting, beauté, magie, arrangement….Mais non…C’est le tout qui compte, c’est se passer l’album, puis aller l’écouter en live, c’est seulement comme ça que l’on peut comprendre que le premier album de Syd Matters est exceptionnel. Tout paisible mais renfermant une incroyable richesse. Il sait utiliser l’acoustique qui fait frissonner quand il se mélange aux lamentations des douces et sombres vibrations de ses cordes vocales. Ses nappes envoûtantes pleines de mélancolie ou d’euphorie, suivant les morceaux, en font un album ni triste ni gai, ou peut-être les deux à la fois. Mystère. Un autre mystère…Comment ce compositeur a pu deviner qu’on voulait une jolie couche d’électro à tel moment de sa chanson, ou qu’à un autre, il fallait rajouter une dose de guitare électrique afin de secouer la tête… Ce qui est imparable, c’est que les ¾ des morceaux nous trottent dans la tête dès les premières écoutes. Les autres se dévoilent beaucoup plus secrètement, et ça n’est pas un mal, car autrement, gare à la lassitude ! Mention spéciale pour la construction intéressante des morceaux, loin de la rengaine couplet/refrain, et tout particulièrement pour la boucle d’intro de « Black and White Eyes ». (liability)

bisca
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Ma cédéthèque

Créée

le 5 avr. 2022

Critique lue 11 fois

1 j'aime

bisca

Écrit par

Critique lue 11 fois

1

Du même critique

Le Moujik et sa femme
bisca
7

Critique de Le Moujik et sa femme par bisca

Avec le temps, on a fini par préférer ses interviews à ses albums, ses albums à ses concerts et ses concerts à ses albums live. Et on ne croit plus, non plus, tout ce qu'il débite. On a pris sa...

le 5 avr. 2022

3 j'aime

Santa Monica ’72 (Live)
bisca
7

Critique de Santa Monica ’72 (Live) par bisca

Ça commence avec la voix du type de KMET, la radio de Santa Monica qui enregistre et diffuse ce concert de Bowie, le 20 octobre 1972. « Allez hop on va rejoindre David Bowie qui commence son concert...

le 27 févr. 2022

3 j'aime

Taormina
bisca
7

Critique de Taormina par bisca

Taormina, perle de la Méditerranée, disent les guides touristiques à propos de cette belle endormie sicilienne, bordée par le volcan Etna. Taormina, perle noire dans la discographie de Murat, dira la...

le 5 avr. 2022

2 j'aime