A Secret Wish
7.4
A Secret Wish

Album de Propaganda (1985)

En 1983, l'équipe créative derrière le succès du Lexicon of Love d’ABC, et plus précisément Trevor Horn, sa femme Jill Sinclair et le journaliste Paul Morley décident d'ouvrir leur propre label ZTT Records, histoire d'offrir à la face du monde leur vision de la production musicale. Et de l'offrir aussi à des groupes qui, sans eux, soyons honnêtes, n'auraient sûrement pas connu le succès qui s'en est suivi. C'est le cas de leur première grosse signature et premier gros tube ; Frankie Goes to Hollywood et leur « Relax ». Les allemands de Propaganda quant à eux, ont été signés à la même période, en parallèle de ce premier succès.


 Je découvre ces albums en 2007, à mes 17 ans, alors que mes parents ont ENFIN décidé d'acquérir un abonnement à Internet. Un de mes premiers crushs discographique 80’s ayant pour nom « The Age of Plastic » des Buggles, il était logique que ma mélomanie naissante se connecte à la carrière de producteur de Trevor Horn. Et à chacun des albums signés de son nom, même si tout les titres n'étaient pas des tubes, j'en retirais tout de même beaucoup de plaisir, du à une prod’ impec’. C'est donc le cas de ce « Secret Wish », duquel j'avais surtout retenu « Dr. Mabuse », flattant ma culture cinématographique (naissante aussi, je commençais alors une Fac de Cinéma) par une folie et un imaginaire typique de ce qui me plaisait chez les Buggles.
Et quoi !? J'apprends aujourd'hui en me renseignant que ce titre est le seul de l'album produit par Trevor Horn ?! Trop occupé à prolonger le succès de « Relax », il travaille essentiellement durant cette période sur « Welcome to the Pleasuredome », confiant alors A Secret Wish à son ingénieur du son, également producteur, Steve Lipson. On passe donc du Fairlight au Synclavier. De plus, le reste du groupe ne pouvant se déplacer constamment de Düsseldorf à Londres, seule la chanteuse Claudia Brücken représentera Propaganda durant une majorité des sessions, s'étant acoquinée de Paul Morley. On ne va pas forcément s'en plaindre à l'écoute du résultat…
Si les premières démos de ces « Black ABBA » dévoilent un son assez pauvre et approximatif, du à matériel rudimentaire et basique, Steve Lipson va directement les projeter du noir et blanc à la couleur haute définition. Très cinématographique, on traverse le désert sur l'ouverture « Dream Within a Dream », de Lawrence d'Arabie à Bagdad Café, sur un texte d’Edgar Allan Poe. Le voyage imaginaire continue avec ces bains de foules sur « Frozen Faces » qui finissent en flûte de pan sur un gimmick synthétique hypnotique dont il sera difficile de se débarrasser. Un orchestre vient encore plus élargir la palette sonore de temps en temps et des guest de qualité viennent poser de leurs instruments fétiches : Steve Howe de Yes, Derek Forbes de Simples Minds, Stewart Copeland de Police : un album de luxe !
Les tubes ne sont pas en reste. « Duel » restera sans doute une des plus belles productions des années 80 malgré qu'elle ne soit jamais montée très haut dans les charts. Elle est précédée d'une version plus punk, « Jewel », sans doute à l'image de ce que devaient être les premières versions. Mi-dansants, mi-contemplatifs, « P-Machinery » et ses cuivres tapageurs, « The Murder of Love » et ses cris d'une autre dimension montrent aussi une totale maîtrise en matière d'arrangements Pop. Bien sur, tout n'est pas parfait sur A Secret Wish, les dernières pistes sont moins marquantes, la reprise « Sorry For Laughing » fait d'ailleurs partie des regrets du groupe.
Malgré cela, il reste propre et de qualité de bout en bout, au point où Mr Quincy Jones, impressionné, contactera Steve Lipson pour bosser avec lui sur ce qui deviendra rien d'autre que le « Bad » de Michael Jackson. Pas un grand succès commercial (position pas plus élevée que 16ème en Angleterre) comparé à celui de Frankie Goes to Hollywood, l'album finira par être réévalué avec le temps et je le considère maintenant moi-même supérieur à « Welcome to the Pleasuredome ». Une de ces merveilles qui montrait que la Synthpop durant les 80’s n'avaient pas de frontières et de limites dans l'imaginaire (et dans la thune dépensée dans le projet).
Strangeman57
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le 26 mars 2019

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