Véritable deus ex machina de ce nouvel album de Coldplay, Ian McCulloch (Echo & The Bunnymen) est tombé à pic au moment où le groupe avait plus que tout besoin d'une (grande) oreille extérieure. Invité permanent en studio, l'homme sort de son chapeau quelques bouteilles de vin qui dérident les visages et l'atmosphère. L'influence dominante de A Rush of Blood to the Head demeure donc bien celle des Bunnymen, auxquels une bonne moitié de l'album fait écho en épousant les orchestrations hautaines, les tessitures sonores brumeuses, les jeux de miroirs psychédéliques. Sans parler de la voix de Martin, qui a su aller puiser des graves dans les corps caverneux habituellement fréquentés par McCulloch. L'illusion est particulièrement flagrante sur des titres comme Clocks, Daylight (avec ses cordes tressées dans le même boyau orientaliste que celles d'Ocean Rain) ou encore l'impressionnant The Scientist et son piano d'ambiance crépusculaire ? où l'on croit voir à nouveau pointer la lune assassine (The Killing Moon). Mais A Rush of Blood to the Head n'a rien d'un remake de Parachutes avec quelques ficelles supplémentaires et un peu mieux tendues. Au contraire, là où le premier album de Coldplay finissait par agacer par trop de fluidité et de politesse acoustique, le nouveau dévoile des facettes plus opaques, des terminaisons nerveuses beaucoup mieux sollicitées et un souffle général nettement plus tourmenté et emballé par les montées de fièvre. Sans pour autant ressembler à Metallica, le Coldplay nouveau a donc quelques chevaux supplémentaires sous le capot. En témoigne le martial et abrasif morceau d'ouverture, Politik, composé au lendemain du 11 Septembre dans un élan épidermique. Avec un titre aussi intense que celui-là, et aussi quelques autres sur l'album, Coldplay n'a plus aucune raison de nourrir des complexes vis-à-vis du groupe auquel ses contempteurs aiment à le mesurer, souvent pour mieux l'enfoncer : Radiohead.(Inrocks)


Sur "Parachutes", précédent album encensé, la recette Coldplay était simple mais efficace : voix feutrée et guitares lascives distillant des morceaux charmants en pas plus de quatre ou cinq accords. Aucune raison que le groupe n’abandonne cette marque délicate et imparable. D’ailleurs, le single "In My Place" qui tourne un peu partout en boucle est là pour le rappeler. "A Rush of Blood to the Head", album au doux nom pathologique, se veut plus élaboré, plus tourmenté et moins immédiat que son prédécesseur. Il ne manque pas pour autant de classe. Le correct "Politik" ouvre avec emphase ce disque attendu au tournant. Bien lancés, Chris Martin et ses acolytes nous assènent une première banderille avec "God Put A Smile Upon Your Face". À quelques encablures de là, l’irrésistible "The Scientist" finit de nous convaincre : tel un énervant élève surdoué, Coldplay réussit avec facilité tout ce qu’il entreprend. L’enthousiasme ne retombe plus avec le vertigineux "Clocks" ou le halletant "A Whisper". La chanson-titre "A Rush of Blood to the Head" porte le coup de grâce en fin d’album. Avec ce disque impeccable, peut-être un peu trop, Coldplay s’affiche bel et bien comme un groupe à suivre. On se plait à tomber sous le charme de "A Rush of Blood to the Head", un délicieux moment. Sans sentir encore Coldplay prêt à s’éloigner des sentiers battus, à oser le changement de cap radical comme avait pu le faire Radiohead avec "O.K. Computer" (la comparaison avec le groupe d’Oxford s’arrête là). Il leur reste donc, s'ils le veulent, à inventer la suite de ce brillant début de parcours à leur manière, en évitant de trop se faire griser par un succès trop grand pour eux. (Popnews)
Il est difficile de ne pas commencer cette critique sans rappeler les chiffres de vente de "Parachutes", le premier album de Coldplay sorti voilà deux ans : plus de 5 millions de copies écoulées. Ce chiffre suffit à indiquer à quel point le second opus du quatuor était attendu au tournant. Manque de bol pour tous les détracteurs de l'écriture simple et directe de Chris Martin et Jonny Buckland, ce "Rush of Blood to The Head" est une totale réussite. A l'image de Parachutes, les mélodies sont là, et la voix troublante de Chris n'a rien perdue de son impact. Entrée en jeu avec "Politik". Ca commence avec la guitare de Jonny Buckland, tranchante, et continue avec Chris Martin au piano. Instantanément, on se retrouve en territoire connu. Pourtant, ce titre d'ouverture est résolument différent de ce qui avait été entendu sur "Parachutes", preuve que le groupe britannique sait se renouveler. "In My Place". Premier single. Une merveille, au même titre que "Yellow" ou "Trouble". Chris Campion martèle sa batterie et le duo Chris / Jonny fait encore des merveilles. Une très belle chanson, sobre, à l'image du clip qui passe en boucle sur Mtv. Mais il serait inutile de continuer à faire du titre par titre, tant ces 11 morceaux se ressemblent. Pas dans leurs structures, même si l'on retrouve du piano par-ci par-là, ni même dans leurs mélodies, mais dans leur niveau de qualité. Les singles doivent être difficiles à trouver dans de telles conditions. Après "In My Place", on verrait bien"Clocks" et "The Scientist" prendre le relais. Et au moment où il faut regarder autour de nous ce qui passe sur les radios, on se dit qu'au milieu du nu-metal et du R'n'B, les quatre petits gars de Coldplay pourraient bien être nos sauveurs, bien loin devant Travis et consorts. (indiepoprock)
bisca
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le 19 mars 2022

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