These days

Dans ma liste des artistes talentueux qui font parfois des faux pas mais que j'aime malgré tout, Richard Ashcroft a évidemment sa place. Sa voix puissante, envoutante mais qui laisse passer une sensibilité évidente, ses mélodies pop mais pas mielleuse, et son sens de la britpop lui a permis d'outrepasser le succès de the Verve à travers trois premiers albums solos plutôt cool ("Keys to the World" !), sans être incroyables. La réunion de the Verve a un peu casser le combo avec un disque assez moyen et manquant de saveur et de piquant. Ashcroft a ensuite continué de patauger avec un vrai/faux album solo "United Nations of Sound" qui n'a pas marché ni auprès des critiques, ni dans les ventes. Et depuis six ans, plus rien... Jusqu'à l'annonce de "These People" au début de 2016.

Et le voilà qui débarque, sans que personne ne l'ait vraiment attendu. Et le résultat n'est simplement pas fameux... Ashcroft cherche clairement à s'attirer les faveurs des diffuseurs en mettant dans son album une bonne poignée de titres pop bien calibré au niveau de la production (Out of My Body sonne comme un tube eurodance des années 90). Bien que dépassant tous les 4 minutes, on peut sans peine s'imaginer des radio edit pour coller aux attentes de nos amis de la bande FM. Certes, on passe loin du virage limite clubing et des featuring avec starlettes du rnb contemporain à la Coldplay, pour rester dans ce qui s'impose comme de la britpop moderne, mais ce n'est pas reluisant pour autant. Les singles "This Is How It Feels" et plus particulièrement "Hold On" sont édifiant dans cette volonté d'ouverture à un plus large public (même si depuis l'album Bittersweet Symphony, on ne peut pas vraiment dire qu'Ashcroft joue vraiment dans la case "rock confidentiel").

Et quand Ashcroft pose des accords sans trop d'artifices, il a du mal à se défaire de ses précédents succès et risque de tomber dans la redite. Outre They Don't Own Me ou Picture of You, qui restent les bons moments de l'album, on n'a pas vraiment l'impression d'écouter le nouveau disque de 2016 de Richard Ashcroft (Back Lines et These People rappellent vraiment d'anciennes chansons dans leurs accords ou leurs arrangements). En somme, de bons moments qui nous donnent plus envie de relancer les premiers disques de Richard que de relancer ce These People, mais de bons moments tout de même.

Et même si certains arrangements electro peuvent être agréablement considéré, l'ensemble reste très superficiel à cause d'une production sans aucune prise de risque. Là où Tame Impala se permettait des errances disco dans Currents avec une certaine réussite grâce à sa maîtrise du mix et des sons, Ashcroft reste inexorablement en surface avec des synthés sans âme (Out of My Body, Everybody Needs Somebody to Hurt, Songs of Experience).

Un nouvel album assez faiblard donc, auquel je souhaite cependant de trouver son public. Si ça peut accélérer l'arrivée de nouveaux albums et rallonger sa tournée pour le voir passer par la France, ce sera toujours ça de pris !