The White Album
The White Album

Album de Omo (2009)

C'est presque une évidence, mais il y avait forcément au sein d'Omo quelqu'un qui devait être artiste plasticien. Et c'est le cas avec David Muth. On ressent ici l'imagination et l'esprit de quelqu'un habitué à faire des installations contemporaines, à réfléchir sur la forme et l'interaction de ses créations avec le public. Ne fuyez pas, la musique d'Omo n'est pas prise de tête et derrière des abords un peu obtus, elle est même plutôt amusante. Ce qui marque en premier lieu c'est la voix ; d'abord celle de Berit Immig (membre également de The Chap), l'autre tête pensante de ce duo bicéphale. Une voix parlée, distincte et articulée (on cite Laurie Anderson) qui s'exprime avec le détachement d'une méthode Assimil audio ou la voix off d'un documentaire animalier. Cela peut permettre d'améliorer sa prononciation anglaise, cela met surtout une distanciation par rapport à la musique et contribue à donner un charme bizarre à l'ensemble. La musique, justement parlons-en : des programmations froides, précises et minimales et des synthés analogiques sur lesquelles se superposent des bribes de guitares saturées et légèrement dissonantes qui, comparativement expriment beaucoup. La basse avance, bien en avant sur un fil vibrant. Omo a la froideur laborantine et la sensibilité en creux de l'artiste contemporain. Cela ressemble à un jeu de lego couleurs primaires savamment assemblées par quelque enfant génialement psychopathe. Dans cet univers faussement aseptisé, le duo semble rester sérieux plus que de raison mais justement on peut d'ores et déjà en rire de les voir s'exprimer avec une précision de Prix Nobel sur comment boire le thé. En fait, Omo s'amuse en leur fort intérieur comme des petits diables. Et de voir Berit partir complètement en vrille et se prendre pour une diva le temps de König. Une certaine rêverie (Rov)et une fantaisie de collégien (Tea Break) ressortent même là où on ne l'attendait pas. Omo qualifie sa musique de "pop domestique pour occasions domestiques". Pourquoi pas ... C'est sans doute musicalement rélativement inédit et franchement réussi.

denizor
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le 4 sept. 2015

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