Virée nocturne

Conte de fées ou cauchemar ? Ce premier album de The Sugar Plum Fairy pr. est un drôle de projet ambiguë, qui joue sur les contrastes.
Le duo français Aurélien Jouannet (claviers, voix) / Sylvain Joubert (basse, guitare) articule ses compositions au romantisme échevelé autour d'un piano virevoltant et d'un chant baryton travaillé ; voilà pour l'ossature des morceaux, en soi déjà très jolis.

Mais c'est la chair qui les enveloppe qui leur confère une réelle puissance d'évocation : là un xylophone lumineux, des cordes discrètes, ici une basse pachydermique, presque industrielle, accompagnée d'un beat électro à la froideur nocturne. En ressortent des ambiances souvent tranchées, inscrites entre le crépuscule et l'aube, et cela parfois au sein d'un même titre.

L'autre grande force de ce premier disque, c'est cette volonté de cohérence, de continuité dans le choix des morceaux : tout s'enchaîne à merveille.
Et si l'on peut prendre beaucoup de plaisir à les écouter dans le désordre, les chansons n'en sont que plus belles lorsqu'elles sont accompagnées de leurs voisines.

The Sugar Plum Fairy pr. signe donc un album presque conceptuel, à la musique très représentative (les shows sont à ce titre soutenus par des petits films signés Nathalie Villeaud) ; un album qui puise sa singularité dans son compromis entre songwriting classique et expérimentations sonores.
Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître, que la toute la presse écrite s'est d'ailleurs empressée de saluer. A raison, sans aucun doute.