[...] Déjà, passé l'introduction, The Sound Of Scars balance une triplette « Scars » / « Black Heart » / « Lay Down » absolument imparable – qui sont tous les trois exhibés en morceaux vitrines, un signe qui ne trompe pas – en terme de hit catchy et immédiat. Les avides des débuts repartiront la queue entre les jambes en constatant qu'il ne s'agit pas là d'un réel retour aux sources puisque la facette metal/rock alternative domine toujours le propos, ce qui n'empêche en rien de retrouver çà et là de relents coreux qui sait ajouter un certain punch à une tambouille fondamentalement calibrée (« Empty Hole », l'intro de « Once Below », ou encore la rythmique de « Eliminate »). Malgré tout, le calibrage ici n'est nullement péjoratif ici, tant Life Of Agony ne tombe jamais dans les mauvais pièges. On a beau rentrer dans les codes de l'efficacité immédiate, à grand renfort de distillation de groove qui fait mouche, de refrains qui se greffent dans les têtes en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire (et, surtout, y restent !) ou d'exploration de genres autrement plus orientés grand public que la niche hardcore, c'est ici fait de façon maligne. Le combo sait se montrer varié et même si le résultat paraît simple, il ne le fait pas en usitant de trop de facilités. En témoigne le fait qu'il n'a jamais autant élargi son spectre (tout en se défaussant quelque peu des influences doom et Alice In Chains d'Abruscato) pour enrichir et contraster son propos sans jamais que ce dernier ne perde de son unité et de sa cohérence. Encore moins de son accroche immédiate qui ne se cantonne pas au domaine du ponctuel. Ça paraîtra tout con pour beaucoup mais mine de rien, ce n'est pas si facile d'obtenir un tel équilibre. Ajoutez à cela une Mina Caputo, en pleine possession de ses moyens et de son organe vocal « nouvellement féminin » dont les hormones ont pas mal modifiées son timbre originel (que je préfère amplement maintenant mais c'est une question de goût), retrouvant la force d'interprétation du Keith de 1993, si ce n'est plus, via cette nouvelle facette d'ajouter un côté des bribes de lumière subtiles à un propos de base torturé (le très émotionnel « I Surrender », ultime dans tous les sens du terme). Et vous obtenez un The Sound Of Scars, épatant tant il était facile, au vu de sa contrainte première de proposer une suite de concept, en plus de ne pas proposer la même approche musicale, de penser qu'il s'agirait d'un naufrage.


S'agit-il pour autant d'un album à proprement parler « monstrueux » ? Difficile à dire, là, maintenant, sans aucun recul. En revanche, affirmer qu'on atteint une sorte d'aboutissement – ou n'a-t-il jamais paru aussi proche tout du moins – du développement metal/rock alternatif en n'occultant pas forcément les racines premières de Life Of Agony, touché d'un état de grâce d'épanouissement tardif, oui. Clairement.


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Margoth
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le 10 oct. 2019

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