Le 30 septembre dernier les Burning Lady sortaient leur deuxième album, après le très bon Until the walls fall en 2013 et l’impressionnant premier EP Wasted Time en 2009. J’en profite pour lâcher que le titre éponyme est sûrement l’un des meilleurs que la scène punk-rock française ait jamais produit. Voilà voilà.


Cette chronique est un peu longue, et si tu veux juste savoir ce que j'en ai pensé au final, je te renvoie au deux derniers paragraphes.


Je ne sais pas si deux albums sont suffisants pour décréter une habitude, mais on ouvre encore une fois avec une intro instrumentale (ok, dans Untill the walls fall, y avait un speech par-dessus, mais elle était bien instrumentale en live). Le piano est une bonne idée, sa mélodie apporte quelque chose de cool pour bien débuter l’album.


Kibrom déboule ensuite avec sa gratte sèche. On rentre vraiment dans le lard avec ce morceau. Je vais me répéter tout au long de cette chronique, mais quel kiff sur les mélodies ! Que ce soit au chant, aux chœurs, aux riffs, tout m’emporte. Une belle claque qui arrive assez tôt dans l’album ! Cependant on peut noter un petit bémol pour le chant de Sophie, particulièrement sur Kibrom. Avec ce débit assez découpé, le perfectible accent anglais pourra éventuellement gêner les plus pointilleux. Malgré ce léger défaut, les mélodies développées (à l’image du pont) sont peut-être simples mais terriblement efficace. Le dernier couplet/refrain du titre me file franchement des frissons.


Natural (Un)justice confirme sur cette lancée. Il représente la grande qualité de cet album par rapport au précédent (pourtant lui aussi très bon), c’est qu’on va droit à ce qui fonctionne. La première partie du morceau (ou les couplets plus généralement dans l’album) est de bonne facture mais ne transcende pas vraiment. Par contre, dès qu’on arrive au bout de la première minute (ou plus généralement au refrain), on a cet enchaînement d’accords qui tabasse et qui, dans cette chanson, annonce les grandioses



Rely on yourself, only on yourself !



Les choeurs se superposent par-dessus et apportent du changement quand il faut. C'est une franche réussite.


Age of the working dolls me fait dresser le même constat. J’ai en plus un bon coup de cœur pour le refrain et surtout pour le solo de guitare. Ils ne sont pas légion dans l’album, mais toujours très percutants et cohérents. Dans la même lignée, entre la fin frénétique de A bull on fire et le couple guitare-batterie de la fin de Don’t fight the wrong battle, on se trouve face à du lourd.


Une caractéristique phare de l’album, à mon sens, réside dans les textes abordés. Je serais curieux de savoir de qui ou quoi parle Shame on your crew notamment, ou qu'est-ce qui a inspiré ce titre. A la suite de Right-thinking punks, les deux titres se placent sur la galette comme deux doigts d’honneurs côte à côte adressée à la même Scène. Shame on your crew semble vraiment attaquer un groupe de personnes ou une orga assez précise (et avec les kilomètres alignés par le groupe, ça doit sentir les recontres vécues), notamment avec cette omniprésence des « You », jusque dans le titre « your crew ». A côté de ça, Right-thinking punks semble davantage s’adresser au fameux trueXpunx relous qu’on croise aux concerts, et dont la production artistique –quand elle existe- se limite à enchaîner trois accords sur du poum-tchak en hurlant son amour égocentré des drogues et de la picole. À la rigueur, je pense que le « Am I losing my time with writing all these lines ? » du second titre se prête plus à la première des deux chansons, étant donné l’intemporalité du nombrilisme d’une part de la scène punk.
Je note aussi juste que, étant le premier extrait sorti en avance, et l’ayant véritablement saigné jusqu’à l’achat de The human condition, Shame on your crew me sort un peu de l’écoute de l’album. Ceci dit, je salue le travail de la partie rythmique et surtout de la basse d’Alex sur le morceau, qui se place comme élément caractéristique du titre.


Toujours à propos des textes, j’étais curieux sur Dying for Kobani ou Kibrom, car les sujets sont lourds et complexes (à savoir l’exil et la guerre au Kurdistan), et a priori ils ne concernent pas directement le groupe. L’écriture ne peut par conséquent plus se nourrir uniquement du vécu de la personne qui l’écrit. Rater son texte peut aller vite, et ce sont pourtant deux belles réussites (et parmi mes titres préférés de l’album). Dying for Kobani, qui a d’ailleurs le plus long texte de l’album, dessine le portrait d’une femme résignée et belligérante un peu malgré elle.



She has no regret, she had just wanted to see them glad, it’s a glory day,



She wanted to live free like the wind, now that’s the end,



She’s ready to lay a hand on the trigger of her gun, it’s time for her to die.



Les Burning sont un groupe de scène, et Cheerful Pessimist se place comme l’une des meilleures patates en live. Ce début de morceau rentre-dedans, ainsi que la bonne alternance passages forts/calmes sont ravageurs. Le passage aux consonances reggae est le bienvenue, je suis toujours autant surpris et en kiff à chaque écoute dessus.


Vient ensuite Nightmares come true. Je ne fais que supposer, mais ce titre durant une minute, a peut-être pour vocation d’être un interlude. Le groupe a sûrement voulu en faire une grosse explosion au milieu de l’album, pour justement marquer une rupture en tant qu’interlude. On sent cette volonté d’exploser avec le tempo élevé et la voix forcée de Sophie (et avec succès, ça rend vachement bien !). Mais du coup je trouve qu’on a un peu le cul entre deux chaises. Si ça devait vraiment péter, c’est dommage parce que je ressens une bride (et la mélodie répétée à la fin du titre atténue le percutant du morceau), et si ça devait juste être un titre « comme un autre », il est un peu court et pas structuré comme le reste. Enfin, là, je pense que je chipote, cette chanson est cool, et elle fait un super rappel de concert.


Je vais utiliser le dernier titre du skeud pour conclure : Before semptember. Je pense que c’est mon titre préféré de la galette, et il représente les grosses qualités de ce que fait Burning Lady désormais. Les thématiques abordées sont plutôt originales et à vrai dire plutôt casse-gueules. Ici on parle d’une chanson d’amour, c’est assez rare pour être souligné, et finalement réalisé avec brio ! L’instrumental est une grosse patate : on utilise des recettes peut-être un peu connues (par exemple si on écoute l'intro, on a trois fondamentale à la basse, avec la batterie de Ripoll qui fait monter petit-à-petit la sauce) mais c’est d’une efficacité redoutable. Les chœurs sont simples et géniaux, la mélodie du chant n’est pas forcément hyper originale mais ça reste grave dans la tête. La couleur dégagée par le solo de guitare est touchante. Alors oui, le chant en anglais est perfectible dans le fond et la forme, mais j'adore cette voix. Oui, ça reste du punk-rock avec les motifs qu'on lui connait, c'est pas révolutionnaire, mais y a toujours un solo ou un « truc » bien caractéristique qui va donner toute la légitimité et la puissance au morceau. Quelle énergie bordel !


Quand j’ai fait écouter The human condition à ma copine pour la première fois, on n’avait pas beaucoup de temps, et je pouvais mettre que quelques titres. « Mets tes préférées » m’a-t-elle dit. Et j’ai naïvement répondu, tout en m’en rendant compte, que « toutes sont mes préférées ». C’est la grosse force de l’album par rapport à Until the walls fall : c’est terriblement efficace. Il est globalement plus court, et il y a pas de place pour l’anecdotique. Tous les titres peuvent être des tueries en concert. Tous les titres ont ce petit truc qui t’accroche et te font kiffer la galette. Y a pas de temps morts, c’est homogène, puissant et plutôt attachant. Un peu comme le groupe en live quoi. <3
A ranger très clairement parmi les meilleures sorties punk-rock de l’année !

Tikoud
9
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le 7 nov. 2016

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Tikoud

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