The Hammer Party compile les trois mini albums de Big Black parus entre 1982 et 1984 que sont Lungs, Bulldozer et Racer X. Trois EP de six titres, faites le compte. Dix huit titres contondants comme des marteaux, perçants comme des forets, tranchants comme des couteaux de bouchers.
Ça commence avec "Steelworker". C'est inquiétant, c'est menaçant, c'est insidieux avec une boîte à rythme à la métrique très raide et une guitare qui tend plus vers le son d'un moustique métallique qu'autre chose accompagnant le chant maugréant de Steve Albini ; un titre idéal pour les masochistes fans de Suicide qui ne seront pas en reste également pour ce qui suit. "Live In A Hole" pénètre des lames de rasoir dans le cerveau et "Dead Billy" foule votre âme par son cadencement glacial. "Cables" gifle méchamment à la gueule, line up du groupe ici comprenant des membres de Naked Raygun. "Texas" assène d'un tempo rapide rappelant l'appartenance punk du groupe et attaque comme une nuée de taons agressifs.
Dès qu'on arrive à "Racer X", le son est plus hardcore et plus pénétrant, si bien que l'on pourrait s'attendre à se faire extirper les viscères de l'abdomen d'un coup sec. L'enclenchement de la scie circulaire "Shotgun" n'arrange pas la situation. L'ultra rapide et très agressif "The Ugly American" quant à lui, ponctué par ses souffles d'un saxophone bilieux, nous achève! Au bout du dernier tiers, cette compilation se termine par un un peu funk et pince sans rire "The Big Payback".
Écouter Big Black encore aujourd'hui, ça peut toujours faire peur. Ça peut comporter des risques. C'est une expérience nerveuse pour les fans de musique agressive et sans concession, pour les masochistes des conduits auditifs qui rêveraient de se mettre des câbles électriques dans les tympans. Et l'occasion aussi de découvrir un des groupes radicaux de la scène underground nord américaine du début des années 1980, et ce bien avant la création de Shellac.