The Decline (EP)
7.8
The Decline (EP)

EP de NOFX (1999)

On n'est pas sérieux quand on a 17 ans

En pleine débâcle démocrate, les républicains s'apprêtent à nommer le plus crétin d'entre eux comme candidat à l'élection présidentielle de 2000. Un an plus tôt, un groupe de punk-pop californien bien comme il faut sort un EP prémonitoire intitulé The Decline dans lequel ils dénoncent l'uniformisation de la société, glorifie les marges (« We are the whore, we are the queer ») et s'attaquent frontalement aux ultra-conservateurs qui ont le vent le poupe. La contextualisation des albums de rock est rarement importante. Et dans la plupart des cas, on parlera d'un album de rupture ou posthume, rarement d'album politique.

On ne s'attendait pas vraiment à ça de la part de NOFX. Moi non plus d'ailleurs. En 1999, j'ai 15 ans et je me fous bien de la politique américaine. Ce n'est bien qu'après que je n'ai saisi les implications de tout ce bordel. Et quand bien même, j'étais déjà soufflé. Il m'en fallait peu certes à l'époque. Et j'ai toujours été un admirateur de cette pop maquillée en punk pour vendre des sweats à capuche à des adolescents imbéciles. Dans cette vague, il y a également Rancid et quelques uns de leurs projets parallèles qui vaut le coup (notamment l'album reggae « Life Won't Wait »). On pourra aussi citer toute une flopée de groupes qui ont quelques fois atteint la félicité le temps d'un archipel de chansons dans un océan de médiocrité (Bad Religion, Blink, Green Day, Offspring...) mais aucun n'a connu la longévité de la bande au Gros Mike.

Un enchainement de refrains épiques qui a toujours été la spécialité du groupe, un déluge d'accords majeurs, de riffs entêtants, de tambours martiaux. Jamais NOFX ne rejette son identité pour faire du rock progressif. On parle toujours de ce groupe de punk californien qui ne tient pas à bousculer les conventions musicales mis en place par The Clash : si on rajoute un instrument c'est la trompette, le seul autre genre qu'on a le droit de jouer c'est le reggae et on s'intéresse avant tout aux affaires sociales, à la boisson et à se foutre de la gueule de tout le monde. Pour les avoir revus récemment sur scène, le groupe assume totalement son statut de groupe crétin tout Fat Mike assume son rôle de présentateur rigolo (« Let's do the 20 minutes song. Let's do The Decline ! Nah, I don't even know that one. »).

Je comprends ceux qui n'aiment pas ce morceau. Je comprends vraiment. C'est parce que vous êtes morts à l'intérieur. Desséchés. Ça arrive à tout le monde dans un domaine ou dans un autre. Pour moi, ce disque a été une étape dans mon amour pour les morceaux de plus de 15 minutes et reste toujours celui que je connais le plus par cœur. Un des derniers vestiges de mon adolescence. Quelque chose qui ne se note pas avec la raison mais avec le cœur. Et quand bien même, ce morceau défonce, même avec la raison je lui mets 10 coeur. Rien à foutre.

Derrière le sérieux de la chose, il y a toujours la peur de se planter et d'endurer le sarcasme de ses pairs. Pour NOFX, le défi est encore plus grand puisqu'eux même sont habitués à se moquer des initiatives pompeuses de leurs camarades de classe. Fat Mike relate un enregistrement cauchemardesque et le groupe ne sortira plus vraiment de ses clous. C'est la fin d'une époque. Le début de la période pépère de capitalisation avec des disques sympatico-moyens. Le groupe formé en 1983 avait donc officiellement 17 ans lors de la sortie de l'EP. On ne pouvait rêver mieux comme métaphore bidon pour conclure une critique.
MrShuffle
10
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Top 15 Garorock 2012

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le 27 août 2013

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MrShuffle

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