Si l’on voulait résumer le projet This Immortal Coil, on pourrait dire : une bande d’artistes font un tribute au groupe Coil à la manière de This Mortal Coil. L’objet de vénération s’appelle donc Coil, groupe de musique industrielle emmené par John Balance et Peter Christopherson La manière ensuite : un contre-pied total par rapport aux atmosphères sourdes et urbaines de l’original, rappelant ainsi This Mortal Coil, collectif regroupant sous la férule de John Fryer, tous les ténors du label 4AD : trois albums faits de reprises avec au casting des membres de Cocteau Twins, Dead can Dance, Wolfgang Press, Colourbox, Dif Juz…This Immortal Coil regroupe, de la même manière, une distribution hétéroclite mais de talent débordant du seul label Ici d’ailleurs : Matt Elliott, Christine Ott, Chapelier fou mais aussi Yael Naïm, Sylvain Chauveau, Yann Tiersen, Bonnie Prince Billy, DAAU…on appelle ça une dream team ! Comme pour This Mortal Coil, This Immortal Coil met l’accent sur des instruments acoustiques (piano, accordéon, clarinette, marimba…) mais pas seulement, la version épurée faite aux titres initiaux de Coil ne faisant pas l’impasse sur des côtés plus expérimentaux et des recherches sonores telles que pouvaient en faire John Balance et ses hommes. Dark age of Love commence de manière classique par un folk jazzy chanté par l’envoutante Yael Naïm, mais le morceau possède déjà les germes de toute l’inventivité formelle dont fera preuve tout l’album. La suite va devenir carrément passionnante et particulièrement originale.


Chaque fois ou presque, nous allons retrouver en premier plan des chanteurs au timbre profond (Bonnie Prince Billy sur Oastia, Matt Elliott, Sylvain Chauveau) remplissant l’espace de leur voix suave et presque sépulcrale. Derrière ce premier rideau de fumée qui capte l’attention et vous guide tel un Leonard Cohen, la musique en secret s’agite. Certains titres vont carrément être hantés par des sons tordus, des variations et des modulations instrumentales : Christine Ott aux Ondes Martenots, Chapelier Fou et son attirail électronique s’en donnent à cœur joie. Tout comme Matt Elliott pouvant faire confiance à ses effets de guitares pour troubler l’ambiance (Red Queen en parfaite osmose avec Yann Tiersen). Les bruissements, les grincements sont là, tout comme des sons qui dérivent en roue libre. Certains intervenants semblent avoir emmené avec eux leurs obsessions propres. Comme Matt Elliott et sa fascination de l’Est sur Teenage Lightning. Sur deux instrumentaux, DAAU et Christine Ott semblent aussi regarder vers l’Est, lorgnant du côté de Balanescu Quartet tout en mélangeant ces saveurs slaves et tziganes d’une touche orientaliste Debussy-ienne. La grande force de ce disque réside dans le contraste mis entre ces voix de velours et toute l’effervescence miniature qu’il y a derrière. On se rend surtout compte de la beauté naturelle des compositions de Coil, à se demander même si Peter Christopherson n’est pas l’égal de Martin Gore (Amber rain chanté par Sylvain Chauveau aurait pu trouver sa place sur le disque que l’artiste a consacré à Depeche Mode). Chapeau bas pour un plaisir sans doute immortel

denizor
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le 7 sept. 2015

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