En 2006 sortait Collected Works, les trois premiers et uniques albums de The Third Eye Foundation, regroupés dans un coffret de toute beauté. Le talent de Matt Elliott (l'homme seul derrière le projet) y éclatait dans toute sa splendeur. On y mesurait l'évolution implacable qui l'avait conduit de la jungle goulesque de Ghosts à la douceur mélancolique de Little Lost Soul, le tout en trois petites années (de 97 à 2000). Un exploit.


D'une certaine manière ce coffret fermait la porte à tout nouvel effort sous le nom de The Third Eye Foundation ; comme si tout était dit. Et pourtant, sans crier gare, voilà que dix ans plus tard, l'anglais revient avec un nouvel album électronique signé sur le label français Ici D'Ailleurs. Son nom : The Dark. Tout un programme, surtout quand on sait que les trois premiers disques de l'anglais n'incitaient déjà pas franchement à la grosse rigolade...


Dès les premières minutes, aucun doute, c'est bien The Third Eye Foundation. On se sent d'une certaine manière rassuré : rien n'a changé (mêmes sons, mêmes ambiances) et on se dit donc que ça ne peut-être que bon. Mais assez rapidement, ce confort se mue en scepticisme: les cinq titres de The Dark sont effroyablement longs, d'autant plus qu'Elliott a fait le pari d'une sorte de concept album, ou chaque chanson s'enchaîne (assez limpidement, il faut l'avouer) avec la suivante. Là où Ghosts, You Guys Kill Me et Little Lost Soul impressionnaient, c'était dans leur capacité à boucler en quelques minutes une ambiance ou des mélodies qui saisissaient à la gorge... Ici tout s'étire interminablement, sans que l'on soit jamais touché, tant l'on se sent TROP en terrain connu.


L'écoute de The Dark est au final incroyablement éprouvante : l'attentisme et la complaisance dont fait part l'anglais conduisent d'abord à l'agacement, puis à l'ennui. Les compositions sont étonnamment statiques, baignent dans leur propre jus : rien ne bouge, ou presque, de la première à la dernière minute de chaque morceau.
Et la violence de "If You Treat All Like Terrorists", qui lorgne de manière outrancière vers les déflagrations de Ghosts n'y fait rien, les quarante minutes qui précèdent ont eu raison de nous.

Francois-Corda
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le 29 août 2018

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François Corda

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