Sa peau laiteuse d'une douceur de miel frémissait, le duvet fin de ses bras se hérissait légèrement, ses belles mains aux ongles rongés tournaient délicatement, son ventre et ses hanches imprimaient à tout son corps des mouvements de grâce pudique et sauvage. Iel avait jeté ses sandales et ses pieds fins aux orteils diaphanes et nacrées virevoltaient lentement dans le sable fin. La robe légère soulignait la beauté et vibrait à la cadence des pas. Iel portait un bandeau rouge qui ne gênait pas l'ondulation de ses longs cheveux bruns au creux de ses clavicules fragiles. La brise marine humide, chargée du sel de la vie se déposait sur toutes les parties nues de son corps en une offrande propitiatoire. Quelques gouttes se formaient sur sa peau...sueur et océan comme de minuscules vaguelettes de bonheur inconnu et fugace. L'odeur de la lune resplendissait et dans ses yeux nacrés deux perles noires irradiaient comme un miroir de cosmos fondu. Les cordes vocales vibraient tranquillement et formaient les mots de la chanson qui s'écoulait de ses lèvres rosées.

In my loneliness

When you're gone and I'm all by myself

And I need your caress

I just think of you

And the thought of you holding me near

Makes my loneliness soon disappear

Devant, les danseurs.ses nonchalants.es l'effleuraient. Iel dansait et se sentait bien en face des couples qui s'entrecroisaient aux rythmes lent des bossas novas qu'iel chantait. Parfois les regards lae touchaient, les yeux lui parlaient l'espace d'une seconde ou peut être était ce des années ? Des sourires naissaient puis s'évanouissaient pour reparaitre sur d'autres visages. Des hommes dansaient avec des femmes. Certains étaient beaux, d'autres pas. Certaines étaient belles d'autres pas. Mais qu'est-ce que ça veut dire beau, belle...Rien ! Des femmes dansaient avec des femmes, des hommes dansaient avec des hommes. Des enfants dansaient avec des enfants. Des adolescents.es cherchaient sans chercher, épiaient sans épier et surtout riaient et dansaient. Tous se touchaient ondulaient l'un contre l'autre dans une altérité parfaite. Ventres cadencés, corps enlacés, poitrines effleurées, "je t'aime" murmurés. De temps en temps une joue caressait une joue, une bouche embrassait un cou, une tempe, une autre bouche. La nuit trouée par de petites lampes multicolores restait enveloppante comme une couverture de rêve éveillé. La musique berçante, les musiciens concentrés et passionnés, le son de sa voix dans le micro soutenu par le mouvement incessant des vagues chargées d'écume écrasaient la tragédie si proche, si lointaine, si présente, si absente, si dure, si douce, si effrayante, si attendue. La lenteur ! La lenteur s'imposa à son esprit. Alors iel sentit que c'était le moment qu'iel avait espéré toute sa vie. Doucement sans un signe aux danseurs.ses et aux musiciens.nnes le flot des paroles défia le tempo. D'abord iel passa par les pulsations de son cœur qu'iel sentait derrière son sein comme une petite horloge de cristal. Tic tac tic tac. Moins vite encore moins vite la lenteur s'imposa de plus en plus. Plus lent, plus lent. Les grains de sable qui jouaient dans les pieds de la danse mettait un temps fou à retomber. La gravité était défiée, bouleversée, chamboulée. Le temps tremblait, hésitait, se recroquevillait. Plus lent, encore plus lent. Des années pour un mot, des décennies pour une strophe, des éons pour une chanson et puis...pour finir...s'arrêter. Comme un bateau dans une bouteille, une cathédrale dans une boule à neige, un petit bal sur la plage...figé. Iel avait commandé au temps et comme une magie chamanique la musique avait catalysée sa voix vers un stop définitif dans un bonheur infini et insoutenable.

SombreLune
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le 5 août 2023

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