Strike Gently - The Virgins (Cult Records)

On les avait quitté en 2008 avec le retentissant et cultissime tube Rich
Girls, un concert tonitruant dans feu l’Élysée Montmartre –sans mauvais jeu
de mot–. On les annonçait morts, enterrés depuis leur dernier fait d’arme:
une apparition dans la BO de la série Gossip Girl. Depuis ? Le vide complet,
ou presque. Un live catastrophique à T in the Park puis des adieux à Leeds
et la disparition de la plupart des membres. Adieu le bassiste funky tatoué
jusqu’aux aisselles et le guitariste excentrique amateur de pédales
spatiales.
Mais c’était sans compter sur Donald Cumming, le leader de la bande,
charismatique New-Yorkais de souche qui n’en avait pas encore fini avec la
musique. Ainsi revoilà ceux que l’on annonçait comme les nouveaux Strokes.
Réunis avec trois compères de bars, les Virgins se reforment et s’installent
dans un appartement transformé pour l’occasion en studio d’enregistrement.
Armés d’un nouveau set, la nouvelle formation des Virgins revient sur le
devant de la scène avec Strike Gently, première signature du label Cult
Records, dont le créateur n’est qu’autre que… Julian Casablancas. Ça en
jette.

Avec Prima Materia et Flashback Memories and Dreams, l’album est doté de ce
groove léger et mélodieux auquel nous habituaient les Virgins, qui nous
donne envie de se remuer en soirée, un verre dans la main. On y retrouve
également plusieurs ballades où la voix caverneuse de Donald s’exprime
pleinement sur fond de guitares apaisées remplies de flanger notamment sur
Figure on the Ice.

Le groupe s’est assagi, fini les chansons de 2 minutes 30 sur les amours juvéniles, la maturité est
là. La voix est posée, tel Lou Reed, la basse lourde, les guitares
résonnantes toutes en finesse et les airs entêtants demeurent. Et comme cet
album est avant tout un pur produit New-Yorkais, il s’achève en apothéose
par la sublime Blue Rose Tatoo pour laquelle Donald met les mains au piano.
On est accoudé au bar moite, la bière coule lentement dans notre gosier. Les
briquets sont allumés brandis en l’air, il n’y a pas grand monde, la musique
n’est qu’une ambiance, mais on y est naïvement, proche du bonheur.
Si les Virgins auront peut-être moins de succès avec cet album, s’ils
décevront quelques uns, ils auront prouvé que loin d’être morts, ils étaient
capables de revenir avec leur univers attachant, pour nous offrir ce qu’ils
font de mieux: de la musique accessible, parfois trop simple peut-être mais
terriblement entraînante.

2013

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