Quand on me dit "Helloween", certes je saute de joie comme un petit chien à qui on montre un susucre, mais surtout je pense d'abord aux deux albums Keeper of the Seven Keys, véritables chefs d'œuvres de metal complètement épique. Ces albums, c'était en 1987 et 1988, il y a donc plus de vingt ans. Depuis, Kai Hansen est parti, puis Michael Kiske, le batteur est mort. J'ai rien contre Andi Deris et Dani Löble, ils font très bien leur boulot, mais le groupe a bien changé. Et vieilli. Et s'il n'y avait que la line-up ! Non, les compositions aussi sont incontestablement différentes, bien qu'on ne puisse pas vraiment trouver un album "rupture", "charnière". Claviers envahissants, plus de recherche dans les "instru", un changement de ton au niveau des paroles, une guitare plus grasse, une batterie plus présente aussi, la voix de Deris de plus en plus saturée d'album en album... En fait, le Helloween d'aujourd'hui n'a plus rien à voir avec le Helloween des années 1980.


Du coup, ben, à chaque nouvel album, c'est la déception : l'étiquetage ne correspond pas au contenu, un peu comme si on te vendais une orange, et qu'en la goûtant seulement tu te rendais compte que c'est une orange sanguine.


Mais voilà, j'aurais pu faire mon vieux con, j'aurais dû peut-être hein, mais il reste que cet album est quand-même vachement sympa. Comme quoi, l'orange sanguine, ça surprend la première fois, mais ça peut être très bon, hein ! Donc, ici Helloween affirme la direction qu'ils ont prise avec les deux albums précédents, à savoir Gambling with The Devil et 7 Sinners, posant donc leur nouveau son, bien à eux. Et il va falloir s'y faire !


L'album ne marquera pas forcément par ses paroles ou son sens, à part Nabatea et Burning Sun, c'est quand même plutôt vide. On passe sur les paroles de Asshole ou Hold Me in Your Arms. Par contre, les expérimentations des différents instruments sont très intéressantes, notamment sur Wanna Be God. Mais surtout, au final, la plupart des chansons ont du punch, trouvent des mélodies qui font mouches, ça "marche" donc (mention spéciale à Waiting for the Thunder). Quelques morceaux sont bien épiques, jusqu'à rappeler les hymnes des anciens albums. Les solos, la voix sont au poil, la batterie réussit à évoluer tout en gardant cette manie si caractéristique d'Helloween de ne jamais taper sur les temps, pour leur préférer les contre-temps. Au final c'est donc un bon album, sûrement meilleur que les deux précédents ; le groupe a trouvé son style et une certaine stabilité.


Bon, il reste que c'est pas Helloween quoi. Il serait bien vain de chercher un hymne à la I want Out ou un morceau-fleuve de 15 minutes à la Keeper of the Seven Keys, pas de ça ici. D'un côté, on peut donc en vouloir à la bande de Weikath de se servir du nom pour vendre des disques, et de l'autre, on peut quand-même se réjouir que le groupe n'essaie pas de refaire éternellement le même album, et se renouvelle pour explorer de nouvelles directions musicales.


En définitive, c'est un album d'une qualité tout à fait respectable que nous livrent les teutons, très agréable à l'écoute et aux expériences amusantes. Il manque peut-être un morceau qui sortirait du lot : Nabatea y réussirait presque. La cohésion du tout (chacun des musiciens écrit des chansons pour le groupe) est assurée par les rythmes si particuliers de Dani Löble, mais surtout par la voix déconcertante et reconnaissable entre mille d'Andi Deris. Dommage que cette cohésion ne se retrouve pas dans les textes. En tout cas, avec cet album, Helloween nous montrent qu'ils ne sont pas morts et qu'il faut encore compter avec eux !


Mais bon quand-même, hein, c'était mieux avant, ho. Bon.

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le 13 avr. 2013

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Nordkapp

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