Un plus Un égale Trois...ou quatre !

C'est vraiment très très beau ! On ne peut pas parler de compétition quand deux musiciens de ce calibre se rencontrent. Tous les deux sont en pleine maturité, en pleine virtuosité. Sco 33 ans John Aber 40 ans. C'est encore la période Miles Davis pour JS qui soit dit en passant ne doit rien au trompettiste tant son jeu savant et "groovyblues" l'aurait révélé de toutes façons. Quant à son compère JA formé lui aussi à la Berklee College of Music quelques années plus tôt son CV ferait pâlir n'importe quel musicien de haut niveau "white or black". Pas de lutte donc ou de pugilat mais une union de deux guitares qui s'entremêlent savamment, se complètent, s'épaulent en duo ou en quartet soutenues sur certains titres par une section rythmique prestigieuse.

On commence par deux duos ou l'un soutient en "walking bass" les arabesques du second. Aussi à l'aise l'un que l'autre quel que soit le rôle...irréel ! Ce qui est irritant c'est qu'habituellement on reconnait assez vite le jeu de guitaristes aussi caractéristiques mais ici on peine et on ne sait plus qui est qui ! A cela s'ajoute un son très pur proche de la Gibson ES 175 de Pat Metheny. Un son clair très très roots, très propre et on songe alors aux fantastiques Barney Kessel, Joe Pass ou Herb Elis, guitaristes racines qui ont portés les standards pendant des décennies. Pas d'atermoiements, c'est très beau ! L'intro de "Solar" standard du guitariste Chuck Wayne se prêtant au développement modal et popularisé par Miles Davis est fantastique. Deux morceaux et déjà on est bluffé, conquis. Alors déboule le quartet pour une version modernisé du standard "Four on Six" de Wes Montgomery. Impossible d'oublier le jeu magnifique de Wes lui qui parait jouer lentement alors que le tempo est up ! C'est vraiment une très grande version de ce morceau sublime. Une version qui prouve une fois de plus que les standards on ne les a jamais assez joué. Prodige de l'improvisation libérée l'oreille habituée reconnaitra dans ce titre le jeu de chacun de ces grands guitaristes. Un peu plus loin sur "Small wonder" la section rythmique et tout particulièrement le jeu du contrebassiste George Mraz font merveille. Idem ici aussi on reconnait aisément le jeu "out" de Sco et ses passages en harmonisation ou en octavados alors que celui de John Abercrombie propose un son interstellaire et ses fulgurances virtuoses "Méthéniennes". Que dire...un album qui magnifie le jeu de l'un et de l'autre qui porte le jazz à la guitare très haut, tout là haut sur des sommets de solitude et de beauté.

SombreLune
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le 16 févr. 2023

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