Slaasssch
6.7
Slaasssch

Album de Schlaasss (2015)

Affreux, sales et méchants, les stéphanois avaient titillé ma curiosité en 2014 avec un premier ep bien vicieux. Même pas un an plus tard, les revoilà avec un long toujours aussi violent et outrancier, où ils reprennent d’ailleurs « Salope », peut-être leur titre le plus marquant. En 14 titres et 3 interludes, le trio enfonce le clou et finit le travail au couteau rouillé et au napalm. Ici, musique et paroles sont un défouloir permanent. Sous le prétexte de la dénonciation, le groupe évacue toutes ses tensions, expose toutes ses pulsions, explose tous les codes de la bienséance. Vous connaissez et aimez Sexy Sushi, Die Antwoord, Little Big , Stupeflip ? Ici tout est poussé, un, deux, trois crans au-dessus, sans arrêt, sans limites. Schlaasss parle mal, crie, râle, rappe, crache sur une musique principalement electro punk, mais qui ne s’interdit pas d’aller voir ailleurs, et un peu où il veut d’ailleurs, sans se soucier des questions de logique et d’unité. C’est pile poil ce que je lui reprochais sur sa première sortie de l’HLM, et c’est la même chose ici. L’ensemble se tient même si on tourne un peu en rond en fin de parcours. Je regrette aussi un certain manque d’accroche mélodique sur de nombreux titres, plus portés par des gimmicks vocaux ou des « refrains » scandés avec la conviction d’un hooligan un soir de match décisif. Il faut dire que quand on accouche d’un titre aussi énorme que « Salope », il est difficile de le faire oublier et proposer quelque chose de différent mais tout aussi valable. Schlaasss a le mérite de faire semblant d’essayer, mais n’a clairement pas envie de suivre une ligne directrice, ou de réfléchir intensément à ses titres. Il y a des chances que Schlaasss reste ce gros doigt d’honneur fait par une main sale aux ongles trop longs. Et c’est peut-être bien comme ça, même si je suis persuadé qu’il a les capacités de proposer une mixture plus détonante.

MarcPoteaux
7
Écrit par

Créée

le 7 août 2015

Critique lue 253 fois

2 j'aime

Marc Poteaux

Écrit par

Critique lue 253 fois

2

D'autres avis sur Slaasssch

Slaasssch
YasujiroRilke
7

Critique de Slaasssch par Yasujirô Rilke

La musique post-punk française a encore de beaux heurts de gloire ! S'en veut pour preuve cet album qui sonne comme une torgnole vitriolée. Sorte de "Die Antwoord" à la française, rageux et pétri...

le 6 févr. 2016

Du même critique

Les Voyages de l’âme
MarcPoteaux
8

Critique de Les Voyages de l’âme par Marc Poteaux

Alcest, c'est Neige, un garçon pour qui le black metal a toujours été un matériau de base et non une fin en soi. Parti du black metal donc, Alcest a façonné un monde vaporeux et mélancolique nourri...

le 25 sept. 2012

15 j'aime

2

Drukqs
MarcPoteaux
9

Critique de Drukqs par Marc Poteaux

Un nouvel album de Richard D. James est déjà un séisme en soi, qu'en sera-t-il alors avec cette double galette ? Le voisin de label et de sampler d'Autechre, certes moins déjanté et plus musical...

le 5 oct. 2012

13 j'aime

Cheese
MarcPoteaux
7

Critique de Cheese par Marc Poteaux

Certaines bouses commerciales sont encensées partout, peu importe leur caractère creux et insipide. D'autres succès commerciaux sont suivis d'un oubli immédiat, la faute à un univers particulier et...

le 12 mars 2013

11 j'aime

3