Première mue
7.3
Première mue

Album de Peau (2010)

La France, souvent méprisée à l'étranger, à cause de sa qualité artistique dans la musique peu reconnue, parvient néanmoins à surprendre l'auditeur attentif & chercheur de pépites d'or. Cette fois-ci, c'est plutôt une pellicule dorée que j'ai trouvé, se dissimulant sous le doux pseudonyme de Peau.

Peau, c'est Perrine Faillet, une jeune femme ayant consacré sa vie aux arts (danse, théâtre, chant, composition) pour finalement déboucher sur ce projet ambitieux, avec pour base ce premier album, "Première Mue". Telle un serpent, elle se faufile au coin des oreilles d'adeptes d'une musique rafraîchissante, faisant peau neuve, en libérant sa symphonie, mi-anglaise, mi-française, à travers un univers onirique façonnant des dizaines de tons variables.
Prêtant volontiers sa voix séduisante à des guitares crachant l'électricité ou à des beats ravageurs, elle peut se faire plus discrète & se tapir dans l'ombre pour produire des galaxies plus intimistes, faisant délicatement songer à la sagacité d'une Emilie Simon. Sa douceur transcende, emmenant l'auditeur dans des contrées pleines de verdure, à discutailler avec nonchalance & avec le genre de femme qu'est Perrine, artiste insoucieuse des pérégrinations qu'empruntent sans broncher le semblant des autres gens. Une petite bière sur des airs folktroniques, les chants célestes des oiseaux s'interposant sur ceux, somptueux, de Peau.
Un amateurisme certain s'imprègne au long de l'écoute, celui que l'on reconnaît chez les artistes indépendants, quels que soient leurs domaines ; celui qui se doit d'être travaillé, non pas par le créateur, mais par le récepteur. L'analyse de l'écoute, l'écoute des paroles, les paroles énoncées lors de l'analyse, & infiniment.. Lancinant, capricieux, audacieux, typiquement français & pourtant si originalement français !
Parfois on peut percevoir des influences, tant dans la musique que dans la locution (poétique & mélodique à la fois) ; ainsi apparaissent St. Vincent, Kate Bush, mais aussi des genres croisés, comme le trip-hop s'alliant au rock dépressif. Toute la beauté étouffante, la moiteur d'une végétation purement vaginale, la torpeur délivrée à l'égard de toute autre forme d'art ; j'ai remarqué mon attachement si profond pour la musique féminine, depuis peu, mais il me suffit d'écouter des albums tels que "Première Mue" pour comprendre cette particularité.
La gravité que prend parfois la voix de Peau, les notes de basse, ou les grosses caisses, ainsi que l'ambiance inhibée par chacun des titres parviennent à faire de cette oeuvre un objet d'érotisme unique, sensuel sans être totalement sexuel.

De long en large, l'artiste offre une invitation plus que personnelle à sa petite âme créative. Il est rare de trouver des gens dont les qualités artistiques sont si étendues & il faut bien avouer que lorsque découverte se fait, on n'est guère déçu.
Pour un premier essai, une "Première Mue", Peau se laisse complètement ensevelir par la curiosité de son auditeur, se dévoile entièrement pour un plaisir extrême, celui d'écouter passionnément ce que la culture française est encore capable de réaliser.
Satané
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le 4 sept. 2012

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Satané

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