Les Ghetto Brothers étaient à la fois un gang et un groupe musical, fondés dans le sud du Bronx (New York) à la fin des sixties. Engagés dans le Puerto Rican Socialist Party, alors nouveau, ils s’efforçaient de redonner de l’espoir aux jeunes noirs et latinos de leur communauté en tant que gang, et produisaient une musique de fusion à la croisée de la salsa, du funk, de la bossa nova et de la soul en tant que groupe (un collectif informel dirigé par les frères Melendez).


Le groupe n’a sorti qu’un album en 1971, et sa distribution fut confidentielle. Mais il est à réveiller un mort. Vous penserez à Santana pour les rythmes, à Terry Kath pour le jeu de guitare, aux premiers Chicago pour la puissance et la luminosité, à Fishbone pour le mélange black-latino des styles, à Sly and the Family Stone en plus léger, et même aux Beatles (There is something in my heart) et aux Everly Brothers (You say that you’re my friend).


Cette merveille de 28 minutes, fédératrice et gorgée de soleil, fut fort heureusement dénichée par Leon Michaels et Jeff Silverman qui la ressortirent en 2012 sur leur label progressiste de soul / funk Truth & Soul et lui assurèrent la diffusion qu’elle méritait.


Quant au gang, qui passait à ses débuts pour l’un des plus politisés et des moins revanchards de New York, il honora sa réputation en 1971 lorsque l’un de ses membres, Cornell Benjamin, fut tué en tentant d’empêcher une baston entre gangs rivaux. Au lieu de chercher à se venger des responsables, les Ghetto Brothers, sous la houlette de Benji Melendez, s’employèrent à négocier une trêve entre gangs connue sous le nom de Hoe Avenue Peace Meeting.


Evidemment, celle-ci ne fut ni tout à fait respectée, ni éternelle. Mais elle s’insère dans l’histoire d’un courant « Black Flower Power » sans doute pas prédominant aujourd’hui, mais bien réel. Faut pas croire tout ce qu’on voit dans The Wire.


Power-Fuerza, une musique tonique, inspirée et stimulante, qui a, modestement et à son échelle, pour un temps changé le monde.

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le 16 mai 2017

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