Peter Doherty revient avec un nouveau projet comptant 11 pistes. Et comme à son habitude, il use de mélodies capables de proposer à l'esprit une évasion temporaire dans son univers...


L'album démarre doucement avec deux titres puisant leur inspiration dans l'essence de certains titres du dernier album de Doherty avec "The Libertines", à savoir "Iceman" ou encore "You're My Waterloo" . On se dit alors que l'album sera une réussite tant "Anthem For Doomed Youth" fût une belle transition entre la signature du rock enjouée des Libertines du début de leur carrière, et leur passage à un style toujours rock mais davantage poétique. La patte Doherty est déjà posée au bout de deux titres donc.


Néanmoins, la suite de l'album n'est pas forcément à la hauteur de ce que promettaient ces deux premiers titres, "All at Sea" et "Who's Been Having You Over". En réalité, il manque une certaine énergie que l'on peut associer à Peter Doherty habituellement. Pour le coup, personne ne savait à quoi s'attendre avec cette nouvelle formation "Peter Doherty & The Puta Madres". Le troisième titre, "Paradise Is Under Your Nose", s'avère être un élément de réponse. Il vient démontrer que l'album aura un ton léger et doux, éloignant donc l'idée d'une formation au style fougueux. Cela peut être perçu comme légèrement regrettable, surtout à l'écoute du milieu de l'album qui sonne un peu creux, aux premiers abords. On notera tout de même une création par moment intéressante avec, notamment, une belle incruste de paroles issues du titre "Don't Look Back In Anger" d'Oasis sur la piste "Someone Else To Be", ou encore la bonne utilisation de violons sur "The Steam", elle-même couplée à de jolis riffs de guitare.


Et c'est sur cette puissance créative qu'il faut se baser pour vraiment apprécier l'album. Il ne s'agit pas d'un album d'apparence, ou superficiel. Malgré les tournures péjoratives employées plus haut, ce projet prend de la couleur lorsqu'on le contextualise. En effet, l'album a été enregistré sur les côtes normandes, à Etretat. En imaginant les paysages faisant face au groupe au moment des enregistrements, on peut presque percevoir la poésie qui teinte les morceaux, et comprendre ainsi cette volonté de créer des balades plutôt que des titres punk-rock. Le ton léger donné à cet album colle parfaitement à ce contexte. D'ailleurs, le groupe semble conscient de ce choix en titrant l'une des pistes de la façon suivante: "Lamentable Ballad Of Gascony Avenue", comme une manière ironique d'assumer leur style.


En fin de compte, c'est ce qu'il faut retenir de ce premier essai de "Peter Doherty & The Puta Madres". Il faut se dire qu'il s'agit simplement de musiciens s'étant donnés rendez-vous dans un décor bucolique, dans lequel ils voulaient puiser leur inspiration. Au fond, c'est ce qu'ils ont réussi à faire, en témoignent les derniers titres de l'album. Ceux-ci semblent plus aboutis que le début de l'album, et nous font comprendre que le groupe a trouvé la direction qu'il voulait donner à ce projet. Les personnes qui s'attendaient à un album de rock pur et dur peuvent être déçues, certes. Or, au regard du (très bon) titre "Shoreleave" (en dixième et avant-dernière position sur l'album), il n'y a plus aucun doute, Peter Doherty & The Puta Madres assument parfaitement leurs choix. En effet, sur ce morceau, les paroles "Je suis désolé" sont chantées (oui oui en français), tel un aveu des membres du groupe de leur volonté à laisser de côté un style musical très attendu, pour prendre une autre direction.


Ce projet est appréciable au bout de plusieurs écoutes. L'inspiration de Peter Doherty arrive encore à nous faire voyager, malgré un album en demi-teinte. Un album ni très bon, ni très mauvais, qui ne marquera peut être pas l'histoire, mais qui prouvera qu'il est encore possible de faire de la musique par simple envie, tout en se moquant des attentes de l'industrie musicale.

gmczk
7
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Créée

le 9 mai 2019

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