Outland
7.3
Outland

Album de Ital Tek (2020)

À la croisée des mondes, là où les arbres se courbent et prient, filait l'un des derniers cours d'eau de l'Histoire. Rivalisant de malice, il échappait à la traque incessante des Hommes-Loups, glissant entre les pierres et la tristesse des faons, orphelins romantiques, témoins du monde d'avant. Son onde était immense, limpide et éthérée. Pour tempo, le battement de coeur des oiseaux qui venaient s'y abreuver; le chant des fleurs tristes comme comptine au crépuscule - jamais seul, toujours en fuite, sans moyen de s'accrocher.
Encore et toujours bloquée dans les souvenirs, je voyage beaucoup, au nom de ton absence - je suis cette rivière qui fuit à travers les nervures du Monde, celle dans laquelle les petits d'hommes ont barboté à la lueur d'une Lune joyeuse et pleine.


Je crois qu'on tient là l'album le plus mélancolique de l'année, le genre d'album capable d'écraser nos âmes et leur faire mordre la poussière, tellement baigné de douceur qu'il m'est difficile d'imaginer un homme derrière sa composition, je veux dire, regardez ce que nous sommes et ce que j'ai fait, remonter le temps n'a aucun sens puisque c'est demain qu'il faut réparer.


Deadhead c'est le cri d'une Planète qui souffre et gonfle ses joues de colère, une boule de joie dans un Univers qui la broie, Open Heart comme chant mystique des Astres et des molécules, à la base de toute chose il y a ce désir de bouger, de déborder ses lignes et de se tordre, peut-on atteindre l'extase en s'immobilisant ? Je n'aimerais pas être une statue de marbre car même les rochers se meuvent, mais qui sommes-nous pour décider du sort d'autres que nous ? L'album entier est organique comme un cri d'amour d'une planète tolérant notre passage (pour combien de temps encore ?). Écoute Leaving The Grid et tu sauras ce que ressentent les oiseaux, puis recroqueville-toi sur Endless afin d'explorer le microcosme et l'infiniment petit, et si des larmes brouillent ta vision, dis-toi que tout ne s'arrête pas après ton dernier souffle, car le dernier ruisseau du Monde continue de s'élancer entre les pierres, en murmurant les plus beaux sons du monde vivant.

KiidCathedrale
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste 2020, ses tueries, ses bouseries

Créée

le 9 août 2020

Critique lue 140 fois

4 j'aime

KiidCathedrale

Écrit par

Critique lue 140 fois

4

D'autres avis sur Outland

Outland
RRDB
9

Bande originale du votre nouvelle existence

Avec Bodied sorti en 2018, Alan Myson aka Ital Tek marquait un virage dans sa carrière en laissant de coté le dance floor et les beats pour de l’IDM plus cérébral. Un album qui donnait l’impression...

Par

le 29 juin 2020

1 j'aime

3

Du même critique

Enfants terribles
KiidCathedrale
8

Remords d'une ombre

Les bras croisés sur son torse nappé de miel, un jeune garçon songe à la mort. Encerclé par des dizaines de mains cramponnées à des stylos, grattant lignes sur lignes avec fureur, il se sent comme un...

le 11 mai 2017

21 j'aime

1

Disco Elysium
KiidCathedrale
9

La solitude du buveur de plomb

Déjà, la ville prenait les tonalités rose-et-bleu du crépuscule - la nuit l'épiait, prête à lui sauter dessus, de toute sa force lunaire. Son pied heurta une bouteille vide, symbole d'une existence...

le 19 nov. 2019

12 j'aime

3

Snowpiercer - Le Transperceneige
KiidCathedrale
1

Train en plastoque

L'arche métallique dévore des kilomètres de rails aussi frénétiquement que les crasseux du dernier wagon leurs protéines gluantes. Sous la dent malicieuse d'un gamin joueur, une balle, évident...

le 4 janv. 2014

10 j'aime

4