Premier album live de Blüe Öyster Cult, On Your Feet On Your Knees est une belle présentation de ce qu’était le groupe à ses débuts. Son choix de ne favoriser aucun des trois premiers albums alors enregistrés conforte cette impression. En effet, en choisissant trois extraits de chacun d’eux, plus deux reprises emblématiques ainsi qu’un instrumental qui va devenir incontournable, les Américains font plaisir à leurs fans et permettent à ceux qui ne les connaissent pas de les découvrir. Plus axé sur le blues et le rock que sur le progressif qu’en studio, plus lumineux également, le quintet livre douze titres bruts, éclairés par des interventions de guitares et des claviers futuristes. Ceux-ci sont servis par une production de qualité qui, parfois, mixe quand même la voix un peu en arrière. Mais cela ne gêne pas l’écoute et correspond aux standards de l’époque.
Le premier disque débute par deux morceaux issus de Secret Treaties qu’ils étrennent alors. « Subhuman » permet une entrée en matière contrôlée, teintée de blues et de jazz rock, conduisant au puissant boogie « Harvester of Eyes », qui fait la part belle aux guitares. Une des belles réussites de cet album gorgé de riffs inspirés et qu’interprète un groupe soudé par des tournées incessantes. Le troisième morceau de cet album se retrouve en neuvième position. Ce rock proche des Who est brut de décoffrage et prouve que Blüe Öyster Cult est un groupe qui sait se livrer. C’est flagrant sur « Buck’s Boogie » que découvrent la plupart des auditeurs, au moins ceux qui n’ont encore jamais assisté à un concert du groupe. Cette déferlante voit les guitares répondre aux claviers dans des envolées rafraichissantes.
Etrangement, les trois titres de Tyranny and Mutation se suivent pour nous saisir à la gorge et ne plus nous lâcher. « Hot Rails to Hell » prend toute sa saveur live, notamment grâce à l’énergie déployée par le groupe. Son riff implacable, souligné par un orgue, rend l’ensemble irrésistible. Mais ce n’est rien à côté de la version proto punk de « The Red and the Black » qui déboule à cent à l’heure, avec ces voix qui se répondent, ce riff qui se multiplie jusqu’à l’étourdissement et ces solos de guitares qui découpent tout sur leur passage. On croirait entendre les Amboy Dukes de Ted Nugent. Après cet ouragan, « 7 Screaming Diz-Busters » paraît bien faible, même si ce morceau ne démérite pas. Mais coincé entre « The Red and The Black » et « Buck’s Boogie », ses motifs progressifs et jazz fusion peinent à s’imposer.
Le second disque démarre doucement avec le calme « Then Came The Last Days of May », extrait du premier album. Ses lignes vocales sont sublimées par des soli d’une rare justesse. Un peu à part au milieu des compositions plus lourdes, cette chanson répond à « 7 Screaming Diz-Busters ». Mais le fan se jette sur « Cities on Flame With Rock-And-Roll » chanté par Albert Bouchard, dans une version très hard rock, avec son orgue et son tempo différent de la version studio. Constat semblable pour le méchant « Before the Kiss (A Redcap) », très noir, même si son break l’allège un peu.
Le disque se termine sur deux reprises : une version déjantée du « I Ain't Got You » de Calvin Carter (déjà jouée notamment par The Yardbirds ou The Animals) dont le groupe change les paroles pour transformer ce titre en « Maserati GT (I Ain't Got You) » et une autre du « Born To Be Wild » de Steppenwolf. Un final au top pour un double album de grande qualité.

DenisLabbe
9
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le 13 janv. 2021

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