Of Sound Mind
7.2
Of Sound Mind

Album de Ancestors (2009)

Pas exactement des nouveaux venus sur la scène Stoner/Psyché/Sludge, Ancestors avaient déjà surpris leur monde avec le vicieux Neptune with Fire, véritable hommage aux 70's, composé de deux (très) longues suites, qui s'il n'évite pas un certain classicisme dans la forme, se révèle diablement prenant et bien construit.

Mais ce serait sous estimer Ancestors de penser qu'ils se contenteraient d'un but sans transformer l'essai, et ils reviennent deux ans plus tard, en 2009 avec Of Sound Mind...

Et amis et aïeux, tenez vous bien. Tenez vous mieux, même.

Imaginez Pink Floyd fricotant avec Neurosis après une ingestion massive de salvia, saupoudrez ça et là de Black Sabbath, et vous obtenez un album-mastodonte, paien et massif, qui piétine littéralement l'auditeur pour mieux propulser ses restes dans la stratosphère.
Car, et ce n'est pas paradoxal, Of Sound Mind est aussi aérien que plombant, et opère à merveille la jonction entre le psyché/prog des 70's, et le post-trucmuche cher à Neuro, Isis, et cie...

Composé de trois morceaux-fleuves entrecoupés d'interludes, Of Sound Mind mélange en effet dés le premier morceaux toutes les influences du groupe. Véritable manifeste de ce qu'Ancestors réserve pour la suite, le premier morceau Mother Animal (vous avez vu la double référence?) suit une progression tout à fait dans l'esprit d'un Pink Floyd période Meddle.

On pense tout de suite à Echoes, pour le côté planant et épique, tout spécialement sur la fin de la piste, qui s'achève en veritable cavalcade fantastique, valkyries en moins.

Ce sentiment est encore renforcé par la présence très forte d'un orgue Hammond, et d'un clavier Moog, (trop) rares dans le rock à notre époque.
Cet orgue se révèle d'une importance capitale dans la composition des morceaux, jouant à s'entremêler avec les lignes de guitare, tandis que la section rythmique assure avec de multiples et subtiles variations de rythmes et de ton, toujours dans une atmosphère tribale, primitive.

Si Bounty of Age s'avère un tantinet plus « dans ta gueule » avec notamment un final que n'aurait pas renié les Melvins ou Sleep, on ne peut que noter la finesse des compositions, progressives sans êtres chiantes, lourdes sans devenir monolithiques. C'est au contraire une musique très organique, mouvante, mais qui ne se perd jamais dans les inutiles débats qui ont fini par donner sa dimension onaniste et profondément chiante au rock progressif (oui oui, Dream Theater, je te regarde).

C'est avec The Trial que l'album prend toutefois toute sa dimension : synthèse radicale de toutes les influences brassées par Ancestors, ce morceau en est non seulement le plus long, mais également le plus audacieux. Véritable rollercoaster, The Trial évolue sans cesse, commençant entre riffs de douze milles tonnes, solos en dentelle et drones aériens, expérimentations sonores à la Autechre, pour reprendre de plus belle avec la présence de Sera Trimms au chant (Black Math Horseman, groupe tout aussi recommandable), pour un résultat crade, malsain, paien, donc fabuleusement jouissif

Je n'ai pas abordé la production, tiens... Grossière erreur corrigée de suite... Elle est à l'avenant du reste de l'album : précise, bien calibrée. Chaque instrument, chaque effet sonore a de l'espace pour s'exprimer, et la secion rythmique n'écrase pas les guitares/orgues/claviers, le tout est parfaitement discernable individuellement, tout en conservant sa synergie d'ensemble. Un beau boulot, tout de même à saluer.

Au chapitre des bévues et lacunes, on peut juste dire en chipotant que les interludes sont un tantinet longues et pas toujours pertinentes (a Friend, Challenging...), que le dernier morceau n'est pas aussi puissant et inspiré que le précédent,lorgnant pour le coup beaucoup trop du côté des Floyd, surtout dans la seconde moitié, beaucoup trop proche de la conclusion d'Atom Heart Mother ou de Saucerful of Secrets. Du coup, la fin de l'album perd son souffle comme un animal blessé, et si vous avez la capacité d'attention d'un bulot, vous risquez effectivement de décrocher avant les dernières mesures.

Mais que cela n'empêche pas l'amateur averti de foncer se procurer Of Sound Mind, surtout si les références mentionnées (Neurosis, Pink Floyd, Black Sabbath, Sleep...) lui donnent les crocs.


Allumez donc un cône énorme (je ne promeus absolument aucune forme d'amusement illégaux, notez bien.Le lecteur est entièrement responsable de ses actes vis à vis de la loi...) et laissez vous porter. On se sent bien, on se sent hippie, on se sent... Et bam, la saleté, la crasse, une grosse bite puante à la place de l'odeur d'encens, de la bière frelatée dans la bouche. C'est ca, Ancestors, la fusion entre le spirituel du rock, ses velléités transcendantales et son côté physique et crasseux, son envie d'autodestruction décadente... Rah!
eukaryot
9
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le 1 avr. 2012

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eukaryot

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